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Week-end découverte « La route des sapins »

Bon!! J'entends parler de cette « Route des Sapins » depuis quelques mois maintenant. Que dis-je ? « J'en entends parler »... C'est faux. Peut-être... Devrais-je déjà commencer par dire la réalité des faits.


Le terme exact serait plutôt « je lis des trucs sur cette Route des Sapins ». Et quand j'écris « je lis », ce n'est pas du texte sur du papier, mais du texte dans des échanges de forums Internet. Ne trouvez-vous pas que cette suite de mots « la route des sapins » invoque un brin de mystère ? D'aventure ? Voir même d'ésotérisme... 

Quand j'ai lu ce titre de « post » dans le forum que je consultais, l'embrayage de mon imaginaire s'est relâché et je suis tout de suite parti en voyage... Que faire d'autres que lire ? De quoi s'agit-il ? Où cela se trouve-t-il ? C'est en France, ça c'est sûr. Cette lecture titille mon envie d'aller voir de plus près de quoi il s'agit. 

Il doit bien y avoir des « Routes des Sapins » dans tous les endroits montagneux de France. Mais là, c'est dans le Sud-Ouest! Et pas très loin de chez moi, en plus. Du côté de l'Aude près de Camurac. Disons que cela se situe dans le Pays de Sault, entre Quillan et Ax-les-Thermes pour caler les deux bourgades de taille conséquentes du coin.    


Les noms qui résonnent ici sont les forêts de Callong-Mirailles, Coume-Froide, La Benague... Il y a aussi le Plateau de Languerail, les gorges de la Frau, le Maquis de Picaussel, le Sapin géant... 

Tout cela ne donne-t-il pas envie ? Certes Oui! Alors ? Bon voyage au Pays des Cent Mille Sapins. 

Itinéraire suivi : 



D'abord, je m'approche par une première étape me permettant de terminer la route et l'itinéraire que j'avais abandonné, en raison des conditions météorologiques, il y a quelques mois (voir la fin de cet article). Cette fois, je le parcours dans le sens inverse. C'est le trait bleu sur la carte ci-dessus. 

Vendredi 4 août 2023, 8h00, je mets en route. Il fait frais et le temps est plutôt gris. J'ai configuré la moto pour un voyage léger et prévu pour les chemins de terre. J'ai donc les « Bumot souples » (voir cet article pour les détails sur ces équipements) en guise de valises. Je crois bien que je vais me faire arroser... A l'approche des contreforts pyrénéens, la pluie s'invite effectivement, assez faible pour le moment. 

J'arrive effectivement dans le Volvestre. Même encore aujourd'hui, après plus de trente ans dans la région, j'arrive à être surpris par la route parcourue. J'ai tracé cette première étape avec Gpx Studio et Osmand. Je découvre les hauteurs de Marquefave et la route des crêtes. Alors oui! Elle est limitée à 30 km/h, ce qui explique sans doute qu'elle n'est pas proposée par les logiciels de routage des GPS. 

Elle me conduit doucement vers Carla-Bayle, l'adorable village des artistes. 

Carla Bayle

Ensuite, la farandole commence. C'est après avoir passé l'Arize que mon tracé peut paraître bizarre. En effet, je veux rejoindre la Bastide-de-Sérou et prendre une route inconnue allant à Sentenac-de-Serou. Je rejoins donc Sabarat avant de partir vers Aigue-Juntes, de faire une boucle revenant presque sur mes pas, et j'arrive au village souhaité. La pluie est bien plus forte maintenant. 

Mon étape du soir est toute proche, mais je n'y vais pas encore. Pour l'heure, je rejoins, pour la première fois de la journée, mais il y en aura au moins une autre en fin d'après-midi, le col de Peguère. De là, je pars vers l'ouest, vers le col de Portel, celui du Pradel et celui de Lacrouzette. J'arrive à Biert sous une pluie battante. La température a sacrément fraîchi, il fait à peine 9 degrés. Je m'arrête, malgré la pluie, et attrape ma petite doudoune à mettre sous la veste de moto, car la suite du trajet me fera monter assez haut, et je crains que cela ne s'arrange pas vis à vis du froid. Décidément! Cet endroit me réserve toujours un accueil plutôt frais, voire glacial.

S'en suit Massat et la D18 qui me conduit jusqu'à l'étang de Lers à 1500 mètres d'altitude. Encore une météo pourrie dans ce coin. Bon! J'y vois quand même un peu plus que lors de mon dernier passage évoqué plus haut... Et, cette fois, la route n'est pas recouverte de neige fondue.  

Étang de Lers

Il est midi, le Bar/restaurant Glacier de l'étang est ouvert. Devinez quoi! Je m'y arrête pour la pause méridienne. Rien d'exceptionnel, mais cela me va plutôt bien de déjeuner à l'intérieur. 

En descendant vers Vicdessos, je constate, avec grand plaisir, que l'eau ruisselle du Pic des Trois Seigneurs.  Le département de l'Ariège, en cet endroit, ne manque pas d'eau. De multiples cascades, dont celle d'Arbu, me happe le cerveau. Je m'y arrête pour observer un peu, ainsi que me ravir du bruit de cette eau qui ruisselle. La vision est plus réduite que celle eue un peu plus haut. En effet, plus haut sur la route, des dizaines de flots d'eau semblaient tomber de la montagne. 

Cascade d'Arbu

J'arrive à Tarascon-sur-Ariège. Il n'est que 13h30... Du fait de la pluie, les arrêts fréquents que j'avais imaginés n'ont pas eu lieu. De fait, je suis en avance sur mon horaire... Je décide de pousser jusqu'au plateau de Beille, plutôt que rejoindre mon itinéraire prévu. Je n'y suis jamais allé à moto, c'est le moment.  

Bon! La pluie, toujours omniprésente, gâche un peu la fête. Fort heureusement, passé 1600 mètres, elle s'arrête et je passe au-dessus des nuages. Le soleil est bien présent, mais la température n'est que de 7 degrés Celsius. 

Plateau de Beille

14h30, je quitte le plateau pour aller à ma destination. J’en ai bien pour une heure. Je repasse à Tarascon-sur-Ariege. Puis, arrivé à Saurat, je pars vers la droite et rejoins une toute petite route me conduisant dans le Souleillan, sur les hauteurs de la vallée. Aujourd'hui, la vue est bien dégagée. C’est superbe. Je comprends mieux pourquoi il y a tant de magnifiques maisons, sans doute des résidences secondaires, le long de cette petite route. Il y a bien quelques piétons chargés de valises et de sacs. En effet, l'accès aux maisons ne se fait quasiment jamais directement. Nous sommes Samedi, jour d'arrivée en villégiature, visiblement.  


Un peu plus loin, je retrouve la route amenant au col de Port, puis remonte vers le col déjà passé ce matin, le col de Peguère. Ensuite, je bifurque sur la droite et descends vers le col des Marrous. Mon étape se termine à l'auberge des Myrtilles sous une pluie toujours battante. 

Passé par là il y a deux ans, lorsque je furetais pour trouver ma maison de campagne, j'honore la promesse que je m'étais faite de venir séjourner dans cet endroit. Il m'était apparu comme, à faire, ce jour-là (voir la fin de cet article). 

Auberge Les Myrtilles 

Le lieu est effectivement une belle étape de charme. Le personnel, exclusivement féminin à priori, est prévenant et disponible. Je commence à écrire cet article au bar de l'hôtel, en fin d'après-midi. Cela me permet d'entendre parler, entre elle, trois serveuses. Elles discutent du comportement de certains groupes d'hommes, passé les jours précédents. Entendant cela, je m'en trouve affligé (Mince alors! En 2023, après la vague #MeeToo, ça existe encore...). Cela me rappelle une conversation que j’ai eue avec ma fille, il y a quelques années, quand j’ai compris qu’elle se limitait dans ces choix divers et variés à cause des risques de comportements inappropriés des mâles. Je n’avais aucune conscience de cette différence et des limites qu'on peut se mettre entre homme et femme. Principalement en raison du manque d'expérience du fait que j’ai un frère et non pas une sœur. Cela avait d’ailleurs conduit ma fille à en parler avec ses copines afin qu’elles envisagent le même type de conversation avec leurs pères respectifs.

Je reviens à l’auberge… Je ne peux m'empêcher de leurs dires que j'éprouve une certaine honte d'être un homme. Elles me rassurent quant à cela, et nous continuons d'échanger sur divers sujets. 

Le repas est délicieux. La nuit est, par contre, un peu fraîche (voir Les coins du Babaz). 

Samedi, je mets en route à 9h30. Le tracé correspond au trait rouge sur la carte de l'itinéraire ci-dessus. Cette fois, le soleil est avec moi. 

Je me demande, tout de même, dans quel état vont être les pistes. Je verrais cela dans deux heures, quand je serais devant le premier chemin. J'ai environ 90 kilomètres d'approche. Cette approche se fait à la sauce Osmand et routage « Gros Trail » (voir cet article pour les détails). Pas la peine d'imaginer que je vais rouler comme un « tabanard »... Non, avec ce type de tracé, j'y vais pépère. Je rejoins Foix par Benac et Brassac et de magnifiques petites routes. Même la traversée de Foix se fait par les chemins de traverse. Je me retrouve à passer sur le pont du diable entre Foix et Tarascon-sur-Ariège. De là, je rejoins le village de Gabaret et prends la superbe route des Corniches d'Ariège. 

En bas : Le Pont du Diable entre Foix et Tarascon-sur-Ariège - En haut: La route des  Corniches d'Ariège 

Elle m'emmène au-dessus de Luzenac. Là, je pars à gauche vers le col de Marmare plutôt que d'aller vers Ax-les-Thermes. Ainsi, je rejoins Prades et le Pays de Sault à l'entrée de la « Route des Sapins » à Camurac. C'est d'ailleurs là que je loge ce soir. 

J'avais deux choix possibles:  faire la Route des Sapins par Camurac en remontant au nord, vers Comus ou en partant à l'Est, vers Niort-de-Sault.  Lors de ma préparation, j'ai choisi de partir à l'Est vers Niort-de-Sault. Ainsi, le premier chemin est, d'après mes lectures, le plus difficile. J'arrive dans le secteur vers 11h00. La photo du haut ci-dessous représente mon terrain de jeu, sans doute pour les trois ou quatre heures à venir... En effet, en mode tout-terrain, je flâne et je prends mon temps. 

En haut : le secteur de la Route des Sapins - En bas - l'entrée de la piste après Mérial
 
Peu après le village de Mérial, je tourne à gauche et entre sur la première piste de la journée. La Route des Sapins se matérialise, tout du long du parcours, par des panneaux indicateurs marrons comme indiqué dans la photo ci-dessus. Je descends la pression des pneus à 1.8 bar pour l'avant et 2 bar pour l'arrière. Mon réservoir de carburant est à moitié plein. C'est donc idéal pour le poids de la bécane et je devrais pouvoir aller au bout de la journée avec ce qui reste. 

Cette première piste est bien stabilisée (photo du bas ci-dessus). Elle est certes raide par endroit, mais le chemin est très bien drainé. Aucune inquiétude, pour le moment, quant à la crainte de bourbiers. Cette première piste est longue d'environ douze kilomètres. Elle me conduit à Rodome. 


Je pars ensuite, par la route, vers Aunat et Bessède-de-Sault. C'est une décision de dernière minute. Mon tracé initial ne prévoit pas cela. Arrivé à Bessède-de-Sault, je vois qu'il existe quelques toutes petites routes bitumées sur les hauteurs. Du coup, Osmand me calcule un itinéraire empruntant de nouvelles routes à chèvres et quelques pistes non prévues, afin de rejoindre mon itinéraire au niveau de Munès. 

De retour à la maison, je me rends compte que j'aurais pu faire une jolie boucle vers le Pas-de-l'Ours et le col de Dent sous condition que le parcours soit réellement carrossable. Ce sera pour une prochaine fois. 

Bessède-de-Sault


Je passe le Col de Triby et le col de Pradel et bifurque sur un chemin bien empierré. Couleur marron sur Osmand et le rendu de carte que j'utilise. Il est donc prévu pour être carrossable avec mon Gros Trail. Pour autant, j'arrive devant une trouée, dans la forêt, qui me semble plus être un sentier qu'une route forestière. Osmand m'indique que je dois passer par là... Un brin circonspect, face à cette entrée en matière, je gare la moto et pars en reconnaissance à pied. 

Décidément, je ne le sens pas ce chemin. Il n'y a qu'un kilomètre à faire, mais je crains de me retrouver bloqué. Sans compagnon de route pour s’entraider en cas de problèmes, le demi-tour est plus sage. Je retrouve une route étroite et bitumée qui m'emmène à Munès, là où j'aurais dû arriver via ce chemin abandonné plus haut. Je descends la vallée du Rebenty ainsi que le superbe défilé qui s'y trouve.  

Cette route bitumée m'emmène à Montmija, aux portes de Quillan. C'est là que je trouve l'entrée de la piste des « Sapins Géants ». Il est déjà 13h45, je n'ai rien trouvé pour déjeuner avant, alors je suis fort-aise d'avoir amené mon réchaud et quelques plats cuisinés. Ce sera bœuf-carottes. 

Ensuite, je pars à pied pour découvrir les sapins géants. 

La forêt des sapins géants

Le panneau indicateur m'apprend que ce sapin géant (photo de droite ci-dessus) mesure 48 mètres de haut et qu'il a une circonférence de 4,1 m. Son âge est d'environ 210 ans. Pourquoi y a en t'il autant ici ? Trois conditions sont réunies. En premier, la pluviométrie à cette altitude de 1000 mètres est idéale. En second, l'exposition Nord dans ce vallon frais et humide ainsi qu'un sol particulièrement riche et profond offrent de belles conditions de développement. Et enfin, la zone est abritée des vents violents, donc aucun risque de chablis (arbre renversé ou cassé par le vent) comme on dit ici. 

J'apprends aussi que le site est protégé et que l'exploitation forestière ne concerne que les arbres malades. Pour aller vers ces arbres géants, j'ai dû abandonner la moto et parcourir un sentier. Autant la descente n'était pas un problème, autant la remontée l'est un peu plus. 

Je suis donc maintenant sur le parcours Nord de la Route des Sapins. Je vais donc des environs de Quillan jusqu'à mon étape de ce soir, à Camurac. La trace commence par la piste du maquis de Picaussel. 

Le maquis de Picaussel

Cette piste est longue et humide, par endroit. Je rencontre également quelques problèmes de tracé. En effet, certains parcours prévus sur le tracé récupéré, lors de la préparation, ne sont plus autorisés. Cela m'oblige à jardiner un peu.  Je suis fort heureux de toujours avoir mes Anakee Wild et leurs tétines, même émoussées jusqu'à la corde, pour passer quelques bourbiers dans un style pas forcément très académique. Les crampons, c'est quand même autre chose... Même si les dérapages me font quelques frayeurs avec cette étrange impression de sentir l'arrière de la moto vouloir, à tout prix, passer devant... Cette piste du maquis de Picaussel est bien plus difficile que la première de ce matin. 

Plus de boue, plus de pierres, plus d'ornières, plus de végétations qui débordent sur le chemin, mais surtout, c'est long, très long. Je sens la fatigue allonger mes délais de réactions face aux difficultés rencontrées. Méfiance, mec!! 

Si c'était à refaire, je commencerais, peut-être, par cette partie Nord, finalement. 

Le bourbier qui me fait dire que la fatigue est là... C'est passé, mais il a fallu jouer aussi des bottes...

Après avoir rejoint la D16, suite à la piste du maquis de Picaussel, je retrouve à nouveau, après quelques centaines de mètres seulement, une autre piste forestière. Elle me conduit jusqu'au petit village de Comus. Ensuite, c'est Camurac, mon étape de ce soir. Il est 16h30 et je suis vanné, tout en étant heureux d'avoir fait ce parcours.

Les gorges de la Frau

Mon réservoir est quasi vide. Cela fait un moment que la jauge indique une seule barrette. J'ai de quoi faire encore 50 kilomètres, à priori. A Camurac, je croise un autochtone. Il m'indique où se trouve la station la plus proche. Je préfère faire le plein aujourd'hui, Samedi. C'est à Belcaire à cinq kilomètres par la route. Bien que fatigué, je prends mon courage à deux mains et pars dans cette direction. Ce petit aller-retour me sera bénéfique pour demain.  

Le Château de Camurac

En fin d'après-midi, la température, encore clémente sous réserve de mettre une petite laine, m'incite à m'installer en terrasse pour continuer la rédaction de cet article. 

Ensuite, je dîne à l'hôtel. Puis comme ce soir et pour tout le week-end, Camurac est en fête, je fais un petit tour du village. Une scène est installée sur la place centrale, à quelques dizaines de mètres de l'hôtel. Un DJ est prévu pour une bonne partie de la nuit... Ma chambre, fort heureusement, est située à l'autre extrémité du bâtiment. 

Dimanche, c'est le retour à la maison. Le trajet réalisé correspond au trait vert sur la carte de l’itinéraire en tête de l'article. Je démarre sous un soleil timide. Très vite, la température chute et quelques gouttes s'invitent. Cela correspond au moment où je quitte l'Aude pour entrer en Ariège au niveau de Puivert. 

Le Pays de Foix

Après Montségur, je pars vers Montferrier et le col de la Lauze que je ne connais pas. De là, j'emprunte quelques routes à chèvres pour rejoindre Foix et revenir dans le secteur de l'Arize ou j'étais passé à l'aller. Je pars vers le Lac de Mondély et le Mas-d'Azil où je déjeune au restaurant des terrasses. Les propriétaires ont changé. Précédemment, c'était bien, maintenant, c'est divin. 

Lac de Mondély

Vers 13h30, je passe dans la grotte du Mas-d'Azil et pars en direction de Mérigon et de sa merveilleuse petite route, le long du Volp. J'entre ensuite dans le Volvestre avant de rejoindre le secteur de Rieumes et d'arriver chez moi, ravi de ces trois jours de balades. 


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