Le Blog

Back to home !! Est-ce si simple ?

Et voilà! Après demain, c'est la fin du voyage. Presque deux mois que je suis parti de chez moi. Enfin! Je vais retrouver mon épouse tant aimée. Je vais retrouver mes enfants, mes proches, mon boulot, mes collègues... Je vais retrouver tout mon environnement, ma vie d'avant en somme. Mon cœur est en joie à l’imagination de ces instants de retrouvailles. Deux mois sans eux et sans tout cela, c'est long! Tout de même!
 
Mais....


Je quitte ce mode de vie presque sans contrainte. J'écris « presque » parce qu'il ne faut pas se la raconter, hein!! Les contraintes en voyage ? Ca existe, quand même, un peu. D'accord! Elles sont bien différentes de celles de la vie quotidienne. Je quitte cette vie du voyageur faite de moments pouvant être d'une rare intensité. J'arrête les découvertes au détour d'un virage. Je quitte cette mélodie rythmée par les rencontres fortuites. Presque, je pourrais écrire que je quitte « la mélovie » du voyageur. La tristesse me gagne.
 
L'oscillation entre ces deux états provoque gêne, incompréhension, confusion des sentiments... 
 
 - Qu'est-ce qui m'arrive, bordel! 
 
Avez-vous déjà ressenti cela ?  Moi! C'est à chaque fois. Même si aujourd'hui, pour cet article, je suis chez moi et pas en voyage, je souhaite parler de cet état de gêne qui démarre la veille ou l'avant-veille du retour d'un voyage de plus d'un mois. Ou alors, pour un voyage de moins de trois semaines, cela démarre quelques heures avant, par exemple à l'arrivée à l'aéroport pour prendre le vol du retour, ou lorsque je mets en route la moto, pour la dernière étape. Cela peut tout aussi bien se produire dans les trente minutes précédentes l'arrivée d'une balade à bécane, sur la journée. 
 
Ce mal-être, puisqu'il s'agit bien de cela, vient d'où ?  C'est totalement irraisonné. 
 
 
Irraisonné ? T'es sûr ? Et si je me penchais sur la question ?
 
Cette idée d'article germe depuis plusieurs mois, plusieurs années devrais-je écrire. Depuis le début de la crise Covid en vérité. Mais je me suis retrouvé bloqué. Bloqué par la crainte d'écrire des conneries. Bloqué par la crainte d'être à côté de la plaque, comme on dit. Et puis, en ce milieu d'année 2023, les choses s'éclairent davantage. La crainte disparaît et laisse place à la frénésie de rédiger et de poser quelques mots là-dessus. Je dois bien écrire aussi que la recherche d’images illustrant les propos est assez plaisante également. 

Donc, pour revenir au texte, je me penche sur la question de ce côté irraisonné ou pas de cette « petite déprime » du voyageur que je suis parfois (le voyageur) et que je vis à chaque fois (la déprime). Qu'est-ce donc que cette oscillation entre joie du retour et peine de quitter la vie nomade ? La « mélovie du voyageur », comme je l'écris plus haut.  Qu'est-ce qui m'arrive ? Est-ce une sorte de déprime, comme je l'écris ? Est-ce un syndrome connu et bien identifié ?

Pour être tout à fait précis, je ne parle pas ici des divers syndromes pouvant toucher un voyageur avant, pendant et après son périple (enfin, à ce stade, je le crois). Vous savez ? Ces diverses choses ressenties par le voyageur que la science nomme sur la base de statistiques observées selon le lieu où il a été diagnostiqué. 
 
Par exemple, si je prends le plus connu de tous, « le syndrome Indien ». Celui qui touche, le plus souvent, les voyageurs partis chercher « la voie »... L'Inde est une destination prisée des voyageurs en quête d'expériences initiatiques et spirituelles. Mais, les foules denses, le bruit incessant, la pauvreté et la misère parfois extrême, la vision d'humains mutilés, malades, voire morts sur le bas-côté des routes ou dans les fleuves, la chaleur combinée à l'humidité, l'omniprésence d'un mysticisme parfois incompréhensible, font vaciller la personnalité du voyageur, même aguerri. Le choc entre visions imaginées et réalités culturelles peut-être très violent.  Ce vacillement peut, d’ailleurs, s’aggraver dans le cadre du « sentiment océanique » conduisant à vouloir faire un avec le monde, et cela hors de toute croyance religieuse. Le fait troublant, lorsqu'on a ressenti ce trouble une fois, étant qu'une idée tourne en boucle dans la tête une fois qu'on est rentré, en sécurité, chez soi... Il faut y retourner! 
 
 
Non, je ne veux pas parler de cela. Pas plus que je ne veux parler du « syndrome de Jérusalem ». Vous savez, celui qui fait que l'extase esthétique du syndrome décrit précédemment est remplacée par l'extase religieuse. Le lieu, épicentre de ces observations de faux  « Messies » et autres « égarés » de tout poil se délectant de l'aura se dégageant des pierres est, la plupart du temps, le mur des lamentations. Les mois chauds de juillet et août ainsi que les fêtes de Noël, Pâques ou Pessah, ... font souvent exploser les statistiques du corps médical. Ces « cas » présentent anxiété, stress, désir d’isolement, purification du corps devenant obsessionnelle, confection compulsive de toges à partir de draps, compulsions déclamatoires de passages de la Bible, proclamation de sermons, hallucinations. Bref, un vrai bonheur... Il paraît que les victimes de ce syndrome seraient pour 66% de confession juive, 33% chrétiens, et 1% sans religion.
 
 
En effet, ce que je vis en retour de voyage n'est pas ce syndrome. Il ne s'agit pas non plus de parler du « syndrome de Paris ». Celui qui touche plus particulièrement les Japonais et dont nos journaux télévisés font parfois leurs choux gras. La hauteur de leurs déceptions face à la réalité de notre pays et de Paris en particulier, les plonge dans une détresse immense. Leur vision du romantisme parisien alimentée par les publicités Channel, Amélie Poulain et les photos de Robert Doisneau est, violemment, balayée par la saleté relative, les retards dans les transports, les grèves, les manifestations, les vols à l’arraché, l’insécurité réelle ou présumée… Notre comportement, parfois expansif et démonstratif, les met dans des situations très inconfortables pouvant les pousser à une dépression rapide et fulgurante et un sentiment de persécution immodérée.  
 
 
Non, ce n'est pas de cela que je veux parler puisque je suis moi-même français et « habitué » de ces comportements. Ce n’est pas non plus le « syndrome de Stendahl » qui fait que je suis tombé, à genoux, en larme devant les rives du Douro en abordant le Portugal en 2009, lors de mon premier voyage à moto (voir ici). « Syndrome de Stendhal » qu'on pourrait aussi appeler « le syndrome de Florence », puisque c'est là que l'écrivain l'a vécu. « J'étais dans une sorte d'extase, par l'idée d'être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » (Carnets de voyage, 1817). La confrontation physique avec les innombrables œuvres d’art de cette ville fait que l’âme artistique déborde les sens et l’attente du visiteur frappé de surcroît par la grandeur physique et morale. Les hôpitaux de Florence reçoivent encore régulièrement des voyageurs frappés par ce syndrome.
 
Mais, encore une fois, ce n'est pas cela que je vis à l'approche de la date du retour. 
 
 
J'ai entendu parler de « dépression du retour » ou de syndrome « postvacance ». Mes lectures sur le sujet indiquent que cela touche de nombreux voyageurs. C'est comme une difficulté à atterrir ou à accepter de mettre la moto au garage... Une difficulté à accepter que le voyage est fini. Une difficulté à accepter que la vie nomade et ses imprévus est à troquer contre la vie plus sédentaire et ses routines. Redevenir « normal » dirait un ancien président socialiste, si tant est qu'être en voyage soit « anormal ».  Plus qu'un long discours, voyez cet article d'un sac sur le dos.
 
Alors ? Est-ce cela que je vis ? Il y a bien quelques éléments communs, mais, comme je l'écris au début de ce billet, cela se produit juste avant de rentrer. Une fois arrivé, c'est terminé pour ce qui me concerne. Cette histoire de dépression post-retour vue au paragraphe précédent, je l'avais anticipé lors de la préparation pour ce voyage de presque 3 mois : Me retrouver sur un pont enjambant le Bosphore. Je ne crois pas qu'il s'agisse de cela. 
 
Quelqu'un a-t-il une piste à me donner ?
 
Peut-être, dois-je simplement ouvrir les yeux et me réveiller afin de prendre un avion ou ma moto pour un retour rapide à la « mélovie du voyageur »... 
 
 
A propos, par acquis de conscience, je suis allé vérifier sur Internet si ce mot mélovie n’existait pas tout de même…

Et je suis tombé sur ça :

Si cela n’est pas incroyable… Dites moi ce que c’est ? 


Logo carnet de voyage
Merci pour votre lecture. Des questions ? Envie de réagir ?
N'hésitez pas!! Votez sur le contenu de cet article et/ou commentez-le. Vous pouvez aussi le partager.
Via le système de vote et/ou la zone "commentaires" (juste un peu plus bas) ou via le formulaire de contact (page principale du blog).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Carnet de voyages Designed by Sylvain BAZIN and inspired by Templateism | Blogger Templates Copyright © 2019