Le mirifique « Pays de Cocagne » appartient à la légende. Dans l'imaginaire de certaines cultures européennes, c'est une sorte de paradis terrestre, une contrée miraculeuse où la nature déborde de générosité pour ses habitants et ses hôtes. Ce n'est pas moi qui le dis, mais wikipedia... Qu'elle ne fut pas ma surprise, en découvrant qu'à côté de ma maison tarnaise, le Pays de Cocagne existe bien...
Alors ? Certes une légende, mais surtout une histoire... Il était une fois le Pastel.
Itinéraire suivi:
Territoire utopique né de l’imagination des conteurs
occitans ? Il a bel et bien existé dans le Midi, là où la langue d'Oc était utilisée, à cheval sur deux
siècles, le XVe et le XVIe. Il marque ainsi la renaissance économique et culturelle d’un pays qui
avait perdu son indépendance et presque son identité au siècle de
Saint-Louis. C’est à partir des rives de l’Agoût, navigable en ce
temps-là, que le Pays de Cocagne a commencé à conquérir son nom. Sa
période de splendeur n’aura duré que soixante-dix ans, mais ce fut assez
pour enfiévrer les imaginations.
L’indigo supplanta le pastel. Napoléon Ier s’efforça de redonner vie
à cette culture, dans sa région d’origine, pour concurrencer l’indigo
devenu matière rare pour cause de blocus.
Le prestige du Pays de Cocagne survit à la disparition de sa richesse, vers la fin du XVIe
siècle. Il repose tout entier sur les vertus tinctoriales des feuilles
d’une plante d’apparence modeste, résistante au froid comme à la
canicule, affectionnant les terrains calcaires et dont les fleurs
s’épanouissent en avril en dégageant une odeur de miel.
Le pastel (Isatis Tinctoria) a fait la fortune de ceux qui l’ont
cultivé et transformé en boule de pastel séché qu’on appelait la cocagne
ou la coque. Ils l’ont commercialisé via les ports de Bordeaux, Narbonne et Marseille, et ainsi, acheminé vers l’Europe du Nord, celle des grands
drapiers des Flandres en priorité, ou vers l’Europe du Sud (l’Espagne,
l’Italie) et l’Orient. Tout s’est passé dans un triangle délimité par les villes d’Albi,
Toulouse et Carcassonne. Le val d’Agout a été le centre de ce triangle
bleu.
La qualité des terrains et du climat (pluie et chaleur) jointe au
savoir-faire des pasteliers qui avaient mené à son point d’excellence, la
délicate élaboration et fermentation des coques et de
l’agranat qu’on obtenait en concassant la pâte séchée, aboutissaient à
ce qu’on considérait comme le meilleur pastel au monde. Les coques se vendaient par milliers de tonnes chaque année,
l’agranat s’échangeait à prix d’or et la réputation de ce pastel d’un
bleu exceptionnel rejaillissait sur tout le pays.
Aujourd’hui, que reste-t-il de cette flamboyante épopée industrielle
qui a redonné la fortune à un pays pourtant mortifié par les guerres de
religion entre catholiques et protestants ? Outre les splendides hôtels
en briques des grands commerçants toulousains du pastel, on observe un retour de
flamme vers cette plante qui n’en finit pas de refleurir sur sa terre
d’élection.
Et précisément, où se situe-t-il ? Ce fameux pays de Cocagne.
Les communes du Pays de Cocagne |
Dire que je ne l'ai jamais parcouru serait faux. Bien sûr que j'y suis déjà allé, depuis mon installation près de Toulouse, il y a presque 30 ans maintenant. Non! Ce qui m'étonne, c'est sa proximité avec le hameau où se situe ma nouvelle maison. Depuis l'acquisition de cette maison tarnaise, j'explore le territoire autour de Bouyrols.
J'ai fait un premier quart de cercle Nord-Est, ici. Puis j'ai fait le quart de cercle Sud-Est, là. Aujourd'hui ? Je fais un quart de cercle Nord-Ouest. Il a un rayon de 14 km et 90 kilomètres de distance.
Nous sommes fin juillet. La canicule est installée depuis maintenant 17 jours ici. 17 jours à plus de 30 degrés et aujourd'hui ? j'ai la chance d'avoir une température maximale prévue à 28 degrés vers 17h00. Je mets en route vers 13h00. Direction plein-Est, pour passer à Roquecourbe et rejoindre une petite route. Elle me conduit sur les coteaux, dépouillés par ici, des villages de Saint-Jean-de-Vals et Monfa.
Coteaux du village Saint-Jean-de-Vals |
Coteaux du village de Monfa |
Je retrouve la forêt épaisse après Montredon-Labessonié, juste au-dessus de chez moi. En effet, le hameau de Bouyrols appartient à la commune de Montredon-Labessonié. Mon code postal est donc celui de ce joli petit village. Là, je poursuis en direction d'Arifat. J'adore cette route étroite et ombragée. Sur ma carte, elle n'a pas de numéro, mais un nom : « le Travers de Roquemaure ».
Route du « Travers de Roquemaure » |
J'arrive à proximité du château médiéval de CastelRoc près du hameau de La-Roque. Je bifurque sur la départementale n°11 et profite d'une très jolie vue sur le piton et sa tour au lieu-dit « Goutepeyrouse ». Le château date, à priori, de l'époque carolingienne. Il surplombe la haute vallée du Dadou. Cette rivière, toujours aussi magnifique à cet endroit, coule en contrebas.
La recherche internet est plus fructueuse qu'en avril dernier, quand je suis tombé pour la première fois sur cet édifice médiéval. En effet, aujourd'hui, je découvre qu'une association CastelRoc en Arifades s'occupe de ce château que ce soit en termes d'animations théâtrales, ou de restauration des vieilles pierres.
CastelRoc |
En allant vers Réalmont, je quitte les petites routes forestières et la fraîcheur amenée par les arbres. Le meilleur jour pour visiter cette ville est, sans aucun doute, le mercredi matin, jour d'un marché traditionnel de toute beauté. Pour l'heure, la place centrale, de cette bastide royale du XIIIe, est quasi vide. Tout le monde semble à la sieste...
Je quitte la ville par la D4 en direction de Finottes afin de rejoindre Venes et traverser la grande D612. Cette fois, j’entre dans ce fameux « Pays de Cocagne » évoqué plus haut.
Place du marché de Réalmont |
Ce chemin me donne un peu de fil à retordre... Le « GPS » est perdu... Moi aussi, du coup. La route, sur laquelle je suis, n'existe pas dans les cartes de l'appareil. Pourtant, elle ne me semble pas être de première jeunesse. Finalement, après quelques demi-tours et un peu de temps perdu, me voilà dans la bonne direction pour aller à Lautrec. J'y arrive par la D67, qui m'offre un magnifique point de vue sur ce village médiéval, perché sur son promontoire.
Lautrec |
Lautrec |
Ce village est le berceau de la famille du célèbre peintre affichiste : Henri de Toulouse-Lautrec. C'est un territoire rural au cœur de la production de son trésor : l'ail rose. A moto, je passe presque partout et cela me permet d'aller admirer la vue depuis le calvaire de la Salette. La vue est superbe sur l'Agoût, la Montagne Noire et les Pyrénées. On peut tout aussi bien y aller à pied, si on a quelques heures à consacrer à la visite de ce village. Déambuler au travers de son dédale de rues étroites, une fois qu'on a trouvé à se garer à l'extérieur pour les voitures, est un vrai bonheur. J'y trouve la porte de Caussade, une place centrale avec de superbes maisons à encorbellement du XIVe, le moulin à vent de la Salette et la superbe collégiale Saint-Remy, dont l'intérieur bleu pastel, me rappelle qu'on est bien en Pays de Cocagne.
Moulin à vent de la Salette |
Je ne résiste pas à m’arrêter, le temps d'un rafraîchissement, au « Café Plùm ». Mais, qu'est-ce que le « Café Plùm »? C'est d'abord un lieu atypique. C’est aussi un projet culturel existant depuis 2010. On y trouve un bar/restaurant, une librairie indépendante et une salle de spectacle. Dès qu'on aperçoit le porche, on a envie de s'approcher, de regarder et enfin, d'y aller pour s'y arrêter, quelques minutes ou quelques heures. Enfin ! C'est l'effet qu'il m'a fait.
Plus d'informations ici.
Entrée du Café Plùm |
terrasse du Café Plùm |
Je quitte Lautrec par la D33, en direction de Castres. Je bifurque sur une route plus étroite et passe à Laboulbène avant de revenir à Roquecourbe. Ma balade n'est pas encore terminée. Je n'ai, pour l'instant, trouvé aucune route ou chemin praticable me permettant d'aller voir la grande boucle de l'Agoût formée au niveau de Roquecourbe et passant au hameau des Tuileries. Du coup, pour le moment, j’explore la route allant à Burlats et qui longe la rivière. La route du Val d'Agoût suit effectivement le parcours sinueux de l'eau, vive par endroit et plus calme à d'autres. Sur ma gauche, il y a le flanc de montagne et la roche. La forêt semble descendre de cette montagne. Elle est juste transpercée par ce ruban de bitume et la rivière.
Avant l'arrivée à Burlats, je retrouve la D58 me permettant de monter vers Lacrouzette afin de rentrer à Roquecourbe. Ainsi, je fais une petite boucle. En sortant de Lacrouzette, je trouve une station-service automatique. Il était temps. Un peu plus loin, je trouve également le point de vue sur Bouyrols. De là, en plein virage, sur le versant d'en face, je peux voir les endroits que je parcoure à pied, depuis quelques mois maintenant.
Vue depuis le pont enjambant l'Agoût à Roquecourbe |
Revenu à Roquecourbe, je m'arrête sur le pont enjambant la rivière. J’admire le paysage et le temple protestant. Il ne me reste plus que 5 kilomètres pour être de retour à la maison. La balade a duré 5 heures pour 94 kilomètres.
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