Me voilà pour quelques jours dans le Tarn. Et si j’en profitais pour explorer, sur une petite journée, une partie de ce nouvel environnement… En effet, étant bien plus proche d’un territoire riche en paysages forestier, montagneux et donc, forcément, agréable à moto, je peux l’arpenter, davantage, dans ses moindres recoins…
Descente col Fontfroide |
Ce changement de « base » me décentre et m’ouvre l'accès aux petites routes du massif de l’Espinouse pour la journée.
Départ de Bouyrols à 10h00. Comme écrit plus haut, j’évite les 30 ou 40 minutes de sortie et d'entrée sur Toulouse puisque je suis, dès le kilomètre « zéro », dans « l’action »… Pour cette fois, j'explore la partie plein ouest, dans le nord de l'Hérault pour les gorges d’Héric, les monts Caroux et Espinouse. Jusqu’à présent, je n’ai fait que traverser ce massif de l'Espinouse par de grands axes.
Pour l'heure, le Sidobre est à ma porte. Contact!
Chemin du val d'Agoût près de Bouyrols |
Direction Vabre puis Ferrières. Étonnamment, ce village en tant que tel, n'existe plus depuis 2016... C'est, à présent, une commune déléguée de quelque chose appelée « Fontrieu »... Fruit du regroupement des trois communes historiques que sont Castelnau de Brassac, Le-Margnès et donc Ferrières. Je me demande si les gens du cru apprécient cela... De ce que j'ai pu voir, Ferrières semble constitué de quatre hameaux séparés. Je fais mon premier arrêt photo non loin d'une belle bâtisse, imposante, rondouillarde et ressemblant à une sorte de château.
Et, en effet, au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, le château de Ferrières domine les gorges de l’Agoût, dans ce massif granitique du Sidobre. À l’origine, ses tours étaient chargées de protéger mines et moulins liés à l’extraction du fer. Au XVIème siècle, la famille Guilhot prend la tête du parti de la Réforme en Albigeois, aux portes de Toulouse et s’allie à une grande famille catholique proche de la Cour du roi, ce qui décide de l’embellissement surprenant de l’ancienne forteresse. Vous m'en direz tant...
Ainsi, transformé en Prison d’Etat au XVIIIème siècle, le château de Ferrières abrite des trésors de la Renaissance française qui furent conçus, pourtant, en pleine guerre civile. Il y a la cour d’honneur, majestueuse, un grand escalier, les salles de réception aux cheminées sculptées, un jardin en terrasse vers la vallée et l’enceinte fortifiée dont subsistent encore quatre grosses tours.
Il devient foyer culturel et musical dans les dernières décennies du XXème siècle avec, notamment, la création d’un Musée du protestantisme. Musée à présent établi à l’écart du château, dans un bâtiment d’architecture contemporaine que j'ai croisé juste avant mon arrêt. Cette bâtisse, protégée comme Monument Historique dès 1925 puis classé en 1988, fait aujourd’hui l’objet d’un programme de restauration qualifié d'ambitieux.
Le Château de Ferrières |
La D53 longe l'Agoût et m'emmène jusqu'à Brassac qui marque la limite sud-est du Sidobre. Je récupère la D62. Elle m'offre un joli panorama sur la ville et son pont vieux à deux arches encadré, à droite par le château érigé par les catholiques et, à gauche par celui érigé par les protestants. A moins que ce ne soit l'inverse...
L'Agoût et Brassac |
La route, longeant la rivière, finit par s'élargir considérablement dans la descente amenant à la commune d'Angles. Elle devient lac à cet endroit. La jonction de la D62 et de la D52 marque les prémices de ce lac de La-Raviège. La D52, que j'emprunte, passe sur le barrage EDF. J'en profite pour m'arrêter et faire quelques photos. La météo est idéale et superbe. Pas un nuage ne vient troubler le bleu du ciel de cette fin du mois de février.
Lac de la Raviège - barrage EDF |
Ici, l'Agoût se transforme donc en lac artificiel sur plusieurs dizaines de kilomètres (douze pour être exact) jusqu’à la source et l’usine d’eau de La-Salvetat-sur-Agout. Le lac de La-Raviège (410 ha) est à cheval sur les départements du Tarn et de l’Hérault. La différence d'ensoleillement entre Brassac et ici est toujours spectaculaire. Le nom du lac vient du hameau qui fut englouti lors de la mise en eau du barrage en 1957.
Le passage du village de La-Salvetat-sur-Agoût marque le retour à des eaux tumultueuses pour la rivière. Les forêts de sapins dominent le paysage. Je passe Fraisse-sur-Agoût et rejoins le col de Fontfroide qui amorce la descente au cœur du département de l’Hérault. J’y suis entré, dans ce nouveau département, depuis que j'ai quitté la commune d’Angles sur les berges du lac. Maintenant, je suis dans le massif de l'Espinouse. Là-haut, tout au nord de l’Hérault, dans l'ombre du Mont Caroux et du Mont Espinouse qui surplombent la mer méditerranée, c'est ici que mon exploration commence réellement, bien loin des sites phares héraultais et du tourisme de masse qu'ils représentent.
Descente du Col Fontfroide |
Cette descente mène au magnifique village d'Olargues et à son pont vieux (voir ici). J'avise une petite route qui m'amène en surplomb du hameau de Mauroul. Je ne descends pas jusqu’au village, je vois un petit parking caché par la végétation sur ma droite. Je m’y arrête et découvre la vue splendide sur le massif et le sommet du Caroux ainsi que sur le village. Il y a une auberge par là. Est-elle ouverte en ce moment ? Je reviendrai essayer cet endroit.
Mauroul |
Après Olargues, je bifurque sur la gauche vers les villages Les-Castagnès, Les-Pradals et Mons. Je tourne autour du mont Caroux depuis plusieurs kilomètres maintenant. Je n'ai pas trouvé de routes ou chemins autorisés pour y monter que ce soit préalablement, lors de ma préparation de l’itinéraire, ou aujourd’hui, dans la réalité du terrain. L’exploration se fait à une allure très modérée, compte tenu de la configuration des routes très, très, étroites. Finalement, je rejoins le village du Verdier-Haut et les gorges d’Héric.
Mince alors! La route des gorges et le village d’Heric ne sont pas accessibles... C'est uniquement pédestre sauf pour les riverains du hameau d'Héric. Pas le temps pour une randonnée pédestre de trois heures aller-retour. Ce sera pour une autre fois, que je devrais un peu mieux organiser...
Je quitte le parking des gorges en espérant trouver de quoi me restaurer… Il est déjà midi-trente.
vers Les-Castagnès |
Eglise de Mons |
Village de Vieussan et sa tour dominant l'Orb |
Je ne croise que quelques 4x4, de chasseurs à priori, vu leurs équipements et vestes rouges fluorescents. Le paysage est superbe. Je roule avec prudence. Je traverse les villages Le-Pin et Le-Lau. Les quelques maisons semblent accrochées aux rochers environnants, comme par miracle... C'est beau, mais sans aucune possibilité de restauration. Une heure passe... Au sommet, le paysage s'ouvre sur cette magnifique végétation méditerranéenne. Un coup d’œil sur la carte me fait penser que le village, un peu conséquent, que je vois là, au loin, doit être Hérépian, à moins que ce ne soit Bédarieux.
Forêt Domaniale des Monts d'Orb |
Au loin, cela doit être Hérépian ou Bédarieux |
Village d'Estaussan |
Vers 13h30, j’arrive dans une bourgade d’importance: Le-Poujol-sur-Orb. Située au bord de la route principale menant à Lamalou-les-Bains, j’ai bon espoir de trouver quelques choses pour déjeuner. Un premier restaurant est fermé. Google m’indique qu’il y en a trois dans le village. Sont-ils toujours existants et ouverts ? Rien n'est moins sûr, par les temps qui courent! Je pars d'un côté. Mince! C'est le mauvais. Demi-tour, puis j'avise un panneau annonçant que la Guinguette « Au-Chtio-Var » est ouverte.
Il ne me reste plus qu'à la trouver.
En allant vers la gare, je tombe dessus. C’est simple, rustique, pas cher et très sympathique. C'est au bord de la voie verte « Passa Païs » allant de Bédarieux à Mazamet pour les promeneurs à pied ou à vélo.
Tracé voie verte Passa Païs |
Guinguette Au-Chtio-Var |
Il est possible de manger abrité par une sorte d’appentis entourés de bâches (à gauche sur la photo) ou de rester dehors. La cuisine et le bar sont juste face à la table que j'ai choisie, à l'extérieur, abrité sous les pins parasols. Ainsi, je profite de ce beau soleil de février. Je suis dans le sud après tout. Visiblement, l'endroit est connu. Il y a un peu de monde et, malgré l'heure tardive (13h30), de nouveaux clients arrivent toujours.
En repartant, je poursuis toujours par de petites routes dans le massif montant au col de l'Espinouse. Je croise le petit village de Combes, situé au-dessus de Lamalou-Les-Bains. Sa petite église m’interpelle et m’invite à en faire le tour.
Eglise de Combes |
J'ai le sentiment d'être déjà passé par ici... Je reconnais les crêtes et les roches alentour. Cela me dit quelque chose... Oui, c'est ça. J’avais été empêché par des chutes de neige en mars 2015 (voir ici) et j’avais préféré trouver un itinéraire moins problématique. Cette fois, je peux prendre le temps de découvrir.
Au sommet du col de l'Espinouse, je ne suis pas très loin de Cambon-et-Salvergues et de « Ma Clairière » (voir là). Il est dit qu'ici les secrets abondent. Le sommet culmine à 1124 mètres. L'endroit est réputé pour les randonnées. En fait, j'apprends par un panneau qu'il s'agit, tout bonnement, de la dernière section des magnifiques Cévennes. Ici, la vigueur et la netteté, quasi-géométrique, du relief marquent une frontière où prennent contact deux paysages profondément différents qui relèvent, l'un, du type atlantique, et l'autre, du type méditerranéen.
Col de l'Espinouse |
Forcément, en continuant sur ce plateau, la fraîcheur revient. Il fait 11 degrés en lieu et place des 18 degrés du versant héraultais. A Murat-sur-Vebre, je retrouve le département du Tarn.
Cette commune se situe sur la voie Tolosane, reliant Arles à Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins apprécient de se reposer et de profiter des verts paysages et de la fraîcheur du climat. C’est que nous sommes en montagne maintenant, comme l’indique le nouveau panneau précisant que, depuis cette année, la loi Montagne s’applique ici (pneumatiques 4 saisons obligatoires et autres équipements spéciaux…). Bâti sur la Vèbre, rivière qui donne en partie son nom à la commune, Murat, qui viendrait du latin « muratum » signifiant « clos de murs », s'adosse au rocher du Castelas, surmonté autrefois d’un vieux château. Le bourg de Murat est au centre d’une vaste commune qui regroupait autrefois 4 paroisses et dont il reste aujourd’hui les églises.
Son histoire est marquée par la présence de l’Homme depuis des temps immémoriaux, et notamment par les premiers paysans et éleveurs de la fin de la préhistoire qui ont façonné et dressé les statues-menhirs retrouvées en grand nombre dans les Monts de Lacaune. Découvertes depuis plus d’un siècle, elles restent une énigme. Cette période est particulièrement mise en lumière au centre d’interprétation des mégalithes, ouvert il y a une quinzaine d’années, et où les statues les plus emblématiques trônent. Murat, comme ses proches voisins tarnais, est aussi marqué par les guerres de religions au XVIème siècle.
En quittant Murat-sur-Vebre, je croise plusieurs panneaux indiquant des sentiers allant vers des menhirs et autres mégalithes… Me revoilà donc dans les monts de Lacaune. Ici, on peut vraiment dire qu’ on vit au grand-air. La nature est sauvage, et à 1200 m d’altitude, il souffle un certain vent de liberté. Il s’agit de la chaîne de sommets les plus élevés du Sud du Massif central que surplombe le Pic du Montalet.
C’est une contrée verte et forestière où l’élevage est quasiment la seule activité économique. Ah si! Il y a, également, le pendant gastronomique de l’élevage, à savoir les merveilleuses salaisons produites ici… On trouve aussi la brebis de race Lacaune dont le lait permet la fabrication du célèbre « Roquefort » qui se trouve à quelques encablures. L'Aveyron est tout proche. En matière de physionomie de paysages, les Monts de Lacaune et l'Aveyron se ressemblent beaucoup.
Bordant le nord du plateau, un certain nombre de lacs s’ouvre, doucement, au tourisme. D’ailleurs, j’arrive à Rieu-Montagné puis à Nages ainsi qu'au majestueux lac du Laouzas.
Lac du Laouzas |
Il se révèle dans une splendeur bleutée. Ce lac artificiel, situé à 700 mètres d’altitude, est alimenté par le Vèbre dont il régule le cours et assure également une production d’électricité pour les villages alentours. Signe de l'ouverture au tourisme, de nombreux campings ont ouverts ces dernières années en allant de pair avec la création d’une base de loisirs. Le rayonnement solaire est vraiment incroyable en cette fin février. Après quelques kilomètres, je retrouve la vallée de Vabre et de ma maison. Je reviens dans le Sidobre.
Me revoilà au cœur des trois vallées. Vabre, c’est aussi une terre de confluence. Les eaux de la rivière Berlou rencontrent celles du Gijou qui, plus bas, se jette dans l’Agoût dans un tumulte de rapide. Et justement, sur la D55 au sortir d’un virage, j’aperçois sur ma gauche, un panneau en bois annonçant la confluence. Je vois, face à moi, un des fameux trois viaducs (viaducs de Beaudecamy, du Bouissas et des Labans) enjambant le Gijou. Il s’agit des vestiges de la voie ferrée du petit train se frayant un passage au milieu des trois vallées. La confluence du Gijou et de l’Agoût est juste à la verticale de ce pont. De part et d’autre,les fractures géologiques et ces eaux particulièrement fougueuses font se côtoyer les boules granitiques et les écailles schisteuses. Ces mariages d’eaux et de roches dessinent un ensemble plutôt harmonieux.
Confluence Agoût-Gijou |
Encore dix petits kilomètres et j’arrive chez moi. Quelle belle balade. Pas un moment désagréable. Pas une route ennuyante et quel merveilleux soleil!
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