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Ribeira Sacra - Le Sil, les vignes et les monastères (2)

Ben forcément... En regardant la documentation sur la Ribeira Sacra, vous allez voir qu'il s'agit essentiellement du Canyon du Sil ou des berges du Mino, ainsi que des vignes en terrasses comme sur les rives du Douro au Portugal et goûter le nectar qui en résulte, le tout jalonné de divers monastères plus ou moins anciens et d'ailleurs, plus ou moins en ruines.
 
 
 
Bref, le Sil a formé les gorges au fil des millénaires, les hommes (sans doute les romains en tout premier) ont façonné la montagne en réalisant les terrasses et planté la vigne au fil des siècles et d'autres hommes (des moines, cette fois) ont décidé de sacraliser le tout en construisant des édifices religieux hébergeant les communautés. D’où ce nom : Ribeira (berges de la rivière en galicien) Sacra (sacrée). Ah, les frères Tuck sont vraiment incorrigibles...
 
Itinéraire suivi:
 

 
Mardi 25 Mai: j’ai 450 kilomètres à parcourir. Mon itinéraire est donc équitablement réparti entre autovia (et autopista pour une portion - Les payantes, donc!) et petites départementales (je ne sais pas comment on dit en Espagne…). Je quitte Burgos à 8h30 et roule, dès la sortie de la ville, sur l'autoroute gratuite (autovia). Il fait froid. Huit degrés Celsius. C’est la première fois que j'ai aussi froid dans ces régions. Je les visite plutôt fin avril et début mai, d'ailleurs. 
 
Je dois bien dire que je suis satisfait de pouvoir mettre ma bulle Puig (voir ici) en position la plus haute. Idem pour mes nouveaux équipements Klim. Cela me protège bien,  je n’ai pas emporté de sous couche adaptée pour cette température.  Après Leon, je prends une autopista (payante donc). Elle m’amène jusqu’au faubourg d’Astorga.
 
 
Je quitte, enfin, ces quatre voies que j’exècre à moto. Quelques kilomètres après ma sortie, j'entre donc dans Astorga. Les murailles, le château et l’église sont impressionnants. Les murailles me font penser aux tours de Leon. L’église, c’est la cathédrale Santa Maria dont on voit les deux clochers à gauche sur la photo ci-dessous. Le château du premier plan, sur la même photo, est en fait un palais épiscopal construit par Antonio Gaudi. Il abrite, maintenant, le musée dédié au chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. 
 
 
 
Ensuite, la route ressemble quasiment toujours à la photo ci-dessous. Je revis. Le froid est toujours présent, mais à l’allure où je roule maintenant, il est beaucoup plus supportable. Je ne sais pas sur quelle montagne je me trouve. Au loin, je vois quelques sommets avec de la neige. Je dois être assez haut vu le froid et l’impression que le soleil ne réchauffe rien. Et, en effet, un panneau m’annonce que je suis à 1 500 mètres.
 
 
 
 
Depuis que j’ai quitté l’autoroute, je vois quelques randonneurs. Il faut dire qu’ici la star: c’est le Camino de Compostella. En temps normal, ces régions du Nord de l’Espagne sont très fréquentées par les marcheurs. Ce coin ne fait pas exception. Il y a juste moins de monde en ce moment. Le chemin de Saint-Jacques croise la route régulièrement, il la longe également. Il n’est pas rare de trouver le sentier à quelques mètres ou dizaine de mètres de la route, caché par les fourrés, les bois et autres haies bocagères… 
 
 
En fait, depuis Burgos, la route empruntée longe le parcours du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle dit « français ». Le panneau annonçant les 1 500 mètres que j'ai croisé, peu avant, marque le point culminant du Camino de Santiago, au lieu-dit : La Cruz de Fero. La tradition veut que le visiteur tourne le dos à la croix et lui lance un caillou en guise d’offrande. Près de cet endroit, je traverse le village abandonné de Foncebadon (voir ici pour plus d’infos). Je m’arrête quelques instants. Le silence, le bruit du vent entre les murs effondrés, les toitures absentes… J’ai comme l’impression qu’un type, bizarre, va sortir armé d’une hache…   
 
Quelques minutes plus tard, je découvre un superbe panorama. Je vois une ville en bas. C’est Ponferrada.  
 
 
 
Dans la descente, je croise un autre village : El-Acebo. Les maisons semblent très anciennes, mais une atmosphère étrange m’amène à penser qu’il s’agit d’une arnaque à touristes… Je ne sais expliquer les raisons de ce ressenti. C’est trop propret. Je ne vois pas âmes qui vivent. Il y a des bistrots, des auberges, quelques commerces. C’est vraiment étrange cette ambiance. Rien dans la documentation consultée à la fin de cette étape ne confirme mon ressenti. N'est-ce pas plutôt moi qui suis bizarre ? 
 
 
Tout en bas, j’arrive dans Ponferrada. La bourgade est grande. Son patrimoine apparaît également comme riche. Au bord de ma route, je croise le Castillo de Los Templarios (Les templiers donc!). Les bonhommes ont achevé cette forteresse militaire en 1300 et quelques. C’est aussi ici, à Ponferrada, que je rencontre le Sil. Je vais le suivre, de manière plus ou moins proche jusqu’à ma destination.  
 
 

 
Le Sil est un affluent du fleuve Mino. Il prend sa source au pied de la Pena Orniz dans la cordillère Cantabrique à 1980 mètres. C’est l’objet de toutes mes attentions pour ce voyage en Ribeira Sacra. Précédemment, la route entre Astorga et Ponferrada était splendide, là, maintenant, elle devient magique par sa diversité de paysages au gré des montagnes traversées et du cours d’eau suivi, et par sa configuration plaisir adaptée à la circulation à moto. 

La température a fait un bon, depuis le passage à Ponferrada : je frôle les 20 degrés. La route alterne entre route nationale, route départementale et route sans nom ayant des touffes d’herbe en son milieu. Je passe en Galice à San Xusto.  Je quitte la N536 et bifurque sur une toute petite route longeant la rivière. Elle (la route) passe sous le porche d’une église, à priori, en ruine ou en construction inachevée…  Je ne sais pas bien dire… Je passe au milieu des vignes. Je rencontre l'endroit idéal pour déjeuner, peu après. Il est 13h30. 
 
 
 
Le GPS me fait une bizarrerie... Je me retrouve à devoir faire demi-tour. J'ai dû déplacer un point d'étape sans m'en rendre compte... Au final, le détour n'est que d'une dizaine de kilomètres. J'emprunte une route splendide dans les sapins, au niveau de Seadur. Elle me ramène à la N-120 et à Riba-de-Sil.
 
 
J’arrive à ma destination. Au loin, sur un promontoire, je vois la citadelle qui va m’héberger pour les jours à venir : Mosteiro de San Vincente Do Pino ou autrement nommé : Le Parador de Monforte-de-Lemos. 
 
Monforte-de-Lemos est la capitale de la Ribeira Sacra. C’est la seule ville de taille importante. Elle concentre un bon nombre de monuments romans. Mais cela, c'est pour plus tard si j'en ai le temps...
 

L’hôtel est remarquable. Il est construit à côté de la tour de Homenaje et du monastère de San Vicente do Pino. Le bâtiment de l'hôtel est l’ancien palais des Comtes de Lemos. La vue, depuis le promontoire, est superbe. Le parking est un peu trop en pente à mon goût. En conséquence, je gare la moto devant la réception. Ca donne un coup de jeune à cette vielle bâtisse… Reste à voir si je vais me faire déloger. 
 

 

 
Je dîne au restaurant du Parador. La cuisine espagnole, quand elle est gastronomique, est toujours délicieuse. J’ai envie de légumes et de la spécialité galicienne : le poulpe au paprika.  
 

Mercredi 26 mai : La journée reste locale. Je dois d'abord trouver Beatrix et l'embarcadère. Oui! Je navigue sur le Sil aujourd'hui. Compte tenu du contexte Covid, j'ai réservé par e-mail mon billet, après un échange cordial avec Beatrix. Mais je dois encore payer… Le départ du bateau est annoncé à 11h30 et il faut y être une demi-heure avant. Je prends un peu de marge (comme toujours diraient certains) et pars à 9h30.
 
Pour me rendre à l'embarcadère de Rio de Sil, je prends la direction de Castro Caldelas. En route, je tombe sur un panneau indiquant le « Mirador Do Duque » à 4 kilomètres (point 2 sur la carte affichée un peu plus bas). J’ai de la marge, alors autant en profiter. Mazette!! Je ne regrette pas. Voyez plutôt… Les bateaux, en bas, sont ceux que je vais prendre d'ici une heure.
 
 
Peu après Doade, la route descend et serpente dans la montagne qui, ici, montre ce qu’est le vignoble de la Ribeira Sacra. 
 
 
Je suis à l’embarcardère à 10h30 (point 3 sur la carte du trajet). Beatrix m’attend… Elle a le sourire. Moi aussi. On papote quelques minutes. En effet, Beatrix parle français. Je dépose mon casque à la billetterie. 
 
Compte tenu du Covid, le personnel fait un boulot de dingue pour préparer le bateau. Les règles sont très strictes, comme partout en Espagne d’ailleurs. Le protocole veut que chaque bastingage soit désinfecté. Le ponton est aspergé de produit pour les chaussures, l’embarquement se fait sur appel du nom et après s’être désinfecté les mains… Le Nord de l'Espagne est peu fréquenté par les touristes étrangers, comme je l'ai souvent constaté depuis que je m'y rends. Je suis le seul étranger.  C'est parti pour deux heures de navigation. 
 
 
Le point de vue depuis le niveau de l'eau permet d’admirer les gorges. Il permet aussi de voir le travail réalisé par des hommes pour planter et entretenir la vigne. Le côté terriblement physique des vendanges sautent aux yeux. Le bras du fleuve sur lequel nous sommes est protégé du vent. Le soleil commence juste à cogner. 
 
 
Dès qu’on change de bras de fleuve, le vent refroidit l’atmosphère. Tout le monde sort pull et autre blouson… L’allure est calme, nous photographions et admirons à loisir. 
 
 
 
Après une heure de navigation, nous arrivons dans un rétrécissement. Le bateau engage son demi-tour. Une guide donne des explications au micro depuis le départ. Je comprends qu’elle parle du monastère de Santa Christina. Elle semble dire qu’on aperçoit le chocher au-dessus de la cime des arbres. Et en effet, je l’aperçois. 
 
- Inutile de zoomer sur la photo, le travail de délestage du poids des fichiers que je fais sur les photos en réduit trop la qualité pour avoir un zoom efficace -
 
 
 
La suite de la journée va être consacrée à faire la route des monastères justement. De retour à l’embarcadère à 13h30, je monte à Castro-Caldelas et y trouve de quoi déjeuner une salade. C’est suffisant vu le petit-déjeuner pris ce matin… En arrivant, je me rends compte que je connais ce village. C’est aussi là que j’avais déjeuné deux ans auparavant. 
 
Itinéraire à moto : 
 

 
 
A 15h, je prends la direction de cette route des monastères. Je vais en visiter deux. Le plus en ruine et le plus beau. Je démarre par le plus en ruine. Le monastère de San Paio (point marqué 4 sur la carte du trajet). Il a été fondé en 934. L’accès par la route devient de plus en étroit… Pour éviter le syndrome du parking de Burgos, je gare la moto et continue à pied. L’ambiance est étrange, surprenante même. 
 
 
Je retourne à la moto et pars vers l’ouest et le village de A-Teixeira. La route, parfois minuscule et toujours étroite, me conduit à un autre mirador. Celui des « Balcons de Madrid » (Point 5 sur la carte du trajet). L’approche ne peut se faire qu’à pied. Il y a deux points de vue à faire (voir photo du début de l'article et celle ci-dessous). Là aussi, ça vaut le détour.   
 
 
Il est bientôt 17h00. J’arrive au monastère de Santa Christina de Riba de Sil (point 6 sur la carte du trajet). J’ai fait, en deux heures, le trajet fait en une heure, sur le Sil, ce matin. Les points de vue en hauteur sont totalement différents de ceux vus en bateau. La carte n’est pas le territoire comme dirait mon vieil ami Jean-Baptiste. La visite du monastère de Santa Christina est payante. Un euro qui sert à la municipalité pour l’entretien du site. 
 
C’est effectivement le plus beau. Le chemin empierré de la descente m’amène à la rencontre d’un vieux pépère. Il a dû entendre et voir beaucoup de choses. Je suis admiratif de la beauté de cet arbre. Et voilà, en prononçant ce mot « Pèpère », mon Auguste me revient (voir ici)… Les larmes aussi. 
 
 
Ce monastère a été créé par les Bénédictins au Xe siècle. C'était l'un des monastères les plus importants de la Ribeira Sacra au moyen-âge. Je reconnais le sommet du clocher, vu du bateau, ce matin… L’endroit est vraiment très agréable, reposant et ressourçant. C’est le bosquet de Merilan. 

 
En repartant, je vois que la face B du vieux pèpère, rencontré au début, est utilisée pour des vœux. Les offrandes sont parfois étonnantes… Concernant les vieux arbres, mes recherches montrent qu’il y en a plusieurs recensés dans la région. Par exemple, le châtaigner millénaire d’Entrambosrios ou le chêne-liège de la maison Do-Tristo. 

 
La route du retour me ramène à l’embarcadère du matin. Je m’arrête pour aller voir une statue observée depuis le bateau. Cet arrêt m’offre la possibilité de voir le travail des vignes en terrasse de plus près. Quel boulot!! La devise sur l’étiquette des bouteilles de Ribeira Sacra prend tout son sens (voir photo ci-dessous) : « viticultura heroica ». Le vin est, d’ailleurs, délicieux.  

 
 
 
Jeudi 27 mai : cette fois, le troisième point de vue sera de l’intérieur… De l’intérieur de la forêt, de la montagne, puisque je pars en randonnée: la Ruta de Cubello. Je me rends au point de départ : Castro de Abaixo. 
 
Itinéraire de la randonnée : 
 

 
Arrivé sur place, je constate qu'il y a quelques maisons et une voie non revêtue. Je me garerais bien au pied de cette vielle maison... Je m'approche du garage et entends un bruit sourd et régulier de machine-outil. Je frappe à la porte. Faut que je synchronise avec la machine si je veux être entendu. Au cinquième essai, ça marche, quelqu'un s'approche. Un homme, devant être du même âge que moi, apparaît. Nous nous saluons et je tente d'expliquer que je veux me garer là. Il me demande pour combien de temps. J'annonce entre cinq et six heures (avec les mains). Il m'indique alors un autre endroit plus pratique pour lui. 
 
Parfait. Je le remercie et déplace la bécane à l'endroit indiqué. J'accroche mon casque au cadre - Et oui! M'sieur BM, t'es pas foutu de faire une valise ou un top-case me permettant de ranger mon casque - et prends mon sac à dos. Ca commence. 
 
 
Je me suis em... à trouver une appli de randonnée avec la carte qui va bien. En temps normal, je préfère marcher avec une carte papier, au cas où le balisage ferait défaut. Pour celle-ci, je n'ai pas cherché à acheter une carte qui ne me servirait qu'une seule fois. J'ai trouvé l'appli, mais le balisage, sur le terrain, est parfait comme le montre la photo ci-dessus. 
 
 
Cet autre point de vue mérite tout autant que les deux autres… La montée est éprouvante pour moi, mais quel bonheur de respirer les odeurs et d’avancer avec un pas permettant de prendre le temps d’observer la nature et l’environnement proche. Je ne pourrai pas faire passer les odeurs, mais mettez vous dans votre jardin et respirer le romarin, le thym, la sarriette plus sans doute quelques autres et vous aurez mon ambiance. 
 
 
Après 1h30 de montée, j'arrive au village de Torbeo. Je viens de me prendre 850 mètres de dénivelé. J’accuse le coup. J’ai deux gourdes avec moi. Je viens d’en finir une. Par bonheur, le village est équipé d’une fontaine. Je fais le plein. Je croise une personne âgée et quelques chats. Les maisons semblent plutot bien entretenues. Ce n’est pas un endroit abandonné. Pour preuve, j’arrive à l’église et vais voir le cimetière. Incroyable ce cimetière, Il s’agit de « HLM », même pour un petit village comme cela. Le gain de place est certain. Ikea a, peut-être, un créneau à prendre… 
 
 
 
Je poursuis ma route. Le panorama sur la rivière est tout aussi énorme qu’hier. Je commence à descendre pour m’approcher du fleuve. 
 
 
 
La chaleur est forte. Ou c’est moi qui accuse le coup, peut-être… Elle se fait très rapidement par endroits. Je suis maintenant dans les sapins. J’arrive à un nouveau mirador offrant un point de vue exceptionnel sur une très jolie courbe de la rivière. 
 
 
Quelle beauté!! Le sentier rejoint le village de A-Corela. Ici, je ne croise que des chats et pas mal de maisons sont écroulées. Certaines sont, par contre, encore pimpantes. Il doit donc y avoir de la vie. Je ne sais pas où elle est aujourd’hui. Je trouve encore une fontaine me permettant de faire, à nouveau, le plein. Ma consommation est, sans doute, excessive... Je longe maintenant la rivière jusqu’à mon point de départ. Sur l’autre rive, je vois quelques viticulteurs s’occuper des vignes en terrasse. 

Ma moto est toujours là. Mon casque aussi. 
 
Je suis éreinté. Il est 16h00. Le téléphone m’indique 20 262 pas, 15,3 km et 133 étages montés. Je crois que j’ai rempli mon contrat de mouvements… 
 
Demain, je continue toujours vers l’Ouest et, sans doute, un peu plus loin que le continent. 



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