J’arrive au point le plus occidental de ce voyage. Je suis là pour aller voir une île, ou devrais-je plutôt écrire, un archipel de trois îles. Après avoir été à la fin de la terre en 2019 (voir ici), je voulais absolument voir ce groupe d'îles et cette plage de Rodas, classée comme plus belle plage du monde en 2007 par « The Guardian ».
Alors? Je ne sais dire s’il s’agit de la plus belle plage du monde. Je peux dire ceci : le mystère a du bon, la protection aussi. Dieu!! Que c’est beau.
Itinéraire suivi :
Vendredi 28 mai : pour l’heure, je suis encore à Monforte-de-Lemos.
Hier soir, mon dîner a été surprenant. J’ai commencé par avoir un amuse-bouche, succulent, à base de tripes à la Galicienne. Pour mon plat, j’ai commandé du poulpe. Je n’ai pas été déçu. Je reçois une assiette dressée avec un bras de pieuvre sur un lit d’asperges. Un véritable délice.
Ce matin, je démarre à 8h45. Très vite, j’ai un problème d’itinéraire. J’ai, environ, 250 km à faire. Je ne veux pas d’autoroutes, évidemment. Quand j’ai préparé le tracé, j’ai vu que la route normale suivait de près la 4 voies. Je n’ai pas été assez précis dans l’ordre de mes points d’itinéraires. Je n’arrête pas de rentrer et sortir de cette satanée 4 voies. Je n’ai qu’une solution simple: m’abandonner au choix du GPS…
Je vire mon itinéraire, programme ma destination, demande à l’appareil d’éviter les autoroutes, les péages et de prendre des routes sinueuses. Et, enfin, je trouve mon bonheur…
Pour le moment, je suis toujours en Ribeira Sacra. Je ne sais pas quand cela va s’arrêter. Je n’ai pas, encore, réussi à trouver une carte en donnant le contour précis. Ma route suit et longe la N-120, tantôt à droite, tantôt à gauche, mais toujours sur un revêtement bien pourri par endroit. Un vrai bonheur puisque c’est ce que je cherche. Sur la photo ci-dessous, le pont de la quatre voies est en fond à gauche moi, je pars à droite sur le barrage pour ensuite descendre cette colline.
Le fleuve que j’aperçois, maintenant, par moment est le Minho. Cette route est un vrai plaisir pour un motard. C’est montagneux, il y a beaucoup de virages.
En quittant la Ribeira Sacra (je le sais, car je ne vois plus de panneaux annonçant la route des monastères et autres attractions touristiques), la végétation change. Il y a toujours des vignes, mais plus en terrasse, et les eucalyptus font leurs entrées. Ca aussi, c’est un vrai plaisir de prendre un shoot d’Eucalyptol. Le nez s’en porte mieux… Et j'adore cette odeur.
Je m’arrête prendre un café à Pineiro au bar Cruce. La terrasse est agréable. Je suis tout seul. Deux personnes arrivent. Je m’apprête à partir et dis « au-revoir », quand l’un deux me demande si je suis français… Ah, cet accent. Nous discutons un petit moment et je prends congé. Il ne peut s’empêcher de m’indiquer la route la plus rapide pour aller à Vigo et Baiona.
Je n’ai pas envie de partir dans des explications tortueuses sur ma volonté de, justement, prendre des routes pas rapides du tout. Que mon choix n’est pas tant que cela, la destination, mais plus le chemin pour y arriver. Que je suis bien sur les routes ressemblant à celle de la photo ci-dessous. Etc… Bref! Je dis « Merci et Au-revoir ». Si on pouvait, on se serrerait la main. Ca manque, ça aussi…
Au détour d’un virage, j’aperçois un banc isolé sur un rocher… Je m’arrête pensant que c’est peut-être la ville au loin et espère apercevoir l’océan. C’est bien cela. A l’horizon, Baiona et l’Atlantique.
J’arrive à mon hôtel vers 15h00. C’est encore un Parador. L’ambiance n’est pas tout à fait la même qu’à Monforte-de-Lemos… Plus huppé, dirais-je… Plus cher aussi, malgré le tarif adapté. Le personnel me parait aussi moins sympathique. Ils sont, certes, très efficaces, mais ils sont juste efficaces, pas chaleureux pour deux sous… Ce qui, par contre, était le cas à Monforte.
Je gare la moto sous le porche de la tour, au centre de la photo ci-dessous. Très vite, on me fait comprendre que je peux décharger les bagages, mais ensuite, il faudra mettre la moto là-bas, près du range-vélo… Je t’en foutrais du range-vélo, moi!! Bon! Au moins, ce sera sans surcoût...
L’ensemble est vraiment grandiose. Je parle des bâtiments, mais aussi de tout le parc qui s'avance vers l'océan. Je ne peux pas dire que je m’y sente très à l’aise, mais je me connais, ça va passer. Je mets mon short le plus pourri, mes claquettes à deux balles et pars faire quelques pas pour découvrir l’endroit, le chemin de ronde ainsi que pavoiser en faisant quelques selfies. Mais qu’est ce j’ai ? Je m’égare…
Je suis à la moitié de mon voyage. Je me méfie de ce genre de moitié. C’est, en général pour moi, un moment où la fatigue et le fait d’être loin de chez moi et seul, amène le coup de mou pouvant conduire à des situations pas drôles. C’est le cas ce soir. Toute la journée, j’ai roulé doucement et j’avais spécifiquement programmé une étape courte en distance. Mais j’ai le blues. Mon choix de restaurant est pourri, il est trop loin… Et de surcroit, je me plante pour rentrer dans ma demeure royale et fais trois kilomètres de plus… Le chemin le plus extérieur est accessible au public... Mais il ne communique jamais avec l'espace intérieur. J’avais bien besoin de ça, tiens!!
Une tisane et au lit. Ca ira mieux demain.
Samedi 29 mai : cette journée, presque sans moto, est pleine de promesses. En effet, aujourd’hui, je prends le bateau à Vigo. Je visite l’archipel des îles de Cies. Aller là-bas, demande un peu de préparation. Il faut faire une demande autorisation d'accès auprès des bureaux de la province de Galice puis, ensuite, acheter le billet de ferry. J’ai donc fait cela il y a deux semaines maintenant.
Initialement, le départ était prévu du port de Baiona. Mais, avec la crise Covid, les rotations ont été réduites et les arrêts à ce port sont supprimés jusqu’à juin. D’où l'obligation de prendre la moto pour me rendre à Vigo.
Aller à moto au port de Vigo implique de trouver un parking pour la demi-journée. Finalement, je m’en sors bien. La moto est garée, à priori, sous protection. Elle est emballée, comme la photo ci-dessous le montre. Mais chut!! Le casque est en dessous…
En sortant du parking, j’achète quelques fruits, au cas où je ne trouve pas à déjeuner sur l’île. Les informations, dont je dispose, ne sont pas très claires sur ce point. Puis je récupère mon billet à la station Mar-de-Ons.
Deux compagnies assurent le transport vers cet archipel. Pour l’anecdote, j’ai préparé la réservation du bateau avec l’une de ses compagnies et Sidonie. Elle parle français. Mais j’ai réservé mon billet de ferry avec l’autre compagnie… Et je m’en suis rendu compte hier soir. En effet, comme je voulais savoir si je pouvais déposer mon casque dans les bureaux, j’ai écrit à Sidonie. Elle m’a répondu très vite en me disant : « Oui bien sûr, mais qu’en fait, je ne partais pas avec leur bateau vu les horaires que j’indiquais… »
La boulette... Autant vous dire que je me suis confondu en excuses et que je ne savais plus où me mettre… Ni savoir où mettre mon casque par ailleurs.
Un mot encore : sur place, il est possible de dormir dans un camping (tente fournie ou pas). Il y a, à priori, deux restaurants. Il faut amener tout le reste et tous les déchets produits doivent être ramenés par chacun.
Pour embarquer, la police touristique contrôle que l’autorisation d’accès à l’archipel est en règle.
40 minutes plus tard, vers 11h15, je débarque. Dès l’arrivée, je tombe en admiration. Les nuances turquoise, mélangées aux verts incandescents ont un charme fabuleux. Les effluves, omniprésents, d’eucalyptus apportent une touche étonnante d’exotisme là où on ne l’attend pas (pas moi, en tout cas). Le calme et l’atmosphère qui règne dans cet archipel ne laissent planés aucun doute sur la furie possible de l’océan. Les Romains appelaient cet endroit : l’île des Dieux.
L’embarcadère est situé sur l’île de Monteagudo. L’île de Faro est reliée à celle-ci par la plage de Rodas et un pont submersible à marée haute. Dès l’arrivée, on trouve un bureau d’informations. Il y a quatre randonnées possibles. Les sentiers sont très bien balisés et il est interdit de s’en écarter. Et on ne ramasse, ni ne cueille rien.
Je pars faire la randonnée la plus longue. C'est aussi celle qui va le plus haut : le phare de Cies. Je sors du bateau en milieu de peloton, dirai-je. Etonnamment, après le camping, je me trouve seul en tête… A priori, ils passent tous la nuit ici.
Je suis en forme et marche d’un bon pas. Très vite, j’ai l’impression d’être seul au monde. C’est magique. Les bouffées d’eucalyptus me donnent une pêche… Par ailleurs, je retire le masque et marche en respirant à plein poumon.
La troisième île s’appelle San Martino. Elle n’est accessible qu’en bateau. C’est l'île figurant sur la photo ci-dessous prise depuis le sentier du phare de Cies.
Arrivé au phare, je suis toujours seul. J’ai bien conscience que cela ne va pas durer. J’en profite et m’imprègne de ces merveilleux paysages. Passé une demi-heure, je vois les premières personnes en approche. Lorsqu'elles arrivent au sommet, je commence ma descente. La pression touristique étant limitée par les autorisations d’accès, le nombre de personnes sur l'île reste raisonnable, bien sûr. C’est juste qu’en ce moment, il faut mettre le masque dès qu’il y a quelqu’un.
Il est 12h30. Le soleil cogne quand on est abrité du vent, sinon il fait assez frais. La forêt d’eucalyptus et de sapins apportent une ombre bienfaisante. La balade est un régal. Je dois juste remettre le masque quand je croise les personnes qui montent.
J’arrive au premier croisement de la balade du phare de Cies et celle du phare de Porta. Je pars dans cette dernière direction. J’arrive à la plage de Nosa-Senora. Une dizaine de personnes sont installées en mode bronzette et trempette. Je reviens sur mes pas afin d'aller vers le camping et déjeuner si c’est possible.
Le restaurant est bien là. Il fonctionne en « auto-service », une sorte de self en somme. Chacun fait la queue avec son plateau. Je prends une assiette de calamars, un peu d’eau et un café. Le prix est une surprise, c'est très raisonnable. La terrasse est ombragée et protégée du vent qui est assez froid maintenant. Le hasard me fait être à table, à côté d’une famille française. Ils sont heureux de pouvoir échanger dans notre langue.
Ils sont installés à Vigo depuis un an et me confirment qu’il y a assez peu de Français et globalement peu d’étrangers. Le moment est agréable.
Après mon café, et les politesses d’usage, je continue ma randonnée en partant vers l’île de Monteagudo. Je prends le sentier bleu, celui du Faro do Peito. Il va jusqu’à l’extrémité Est de cette île.
Jusqu’à présent, j’avais surtout circulé à moto sous les eucalyptus. J’adore cela, vous l’aurez compris. C’est même louche. Faire une randonnée sous ces arbres est une première. C’est aussi très agréable, mais aussi étonnant, car les branches de ces arbres craquent, ou se cognent entre elles, au gré du vent en permanence. Cela fait un bruit sourd assez fort. J’ai, plusieurs fois, cru que quelque chose allait me tomber sur la tête. Mais non, rien.
Les montées deviennent plus dures. L’eucalyptus n’y change rien. Il est 15h30, le bateau pars à 17h00. Je reviens vers la grande plage de Rodas et me pose un peu. J’ai besoin de mettre les pieds dans l’eau. J’ai fait trois randonnées sur les quatre possibles. A 16H00, je suis à la plage de Rodas.
L’’eau est fraîche, personne ne se baigne d’ailleurs. Cette eau est limpide. Plus j’avance, plus des poissons viennent voir ce qu’ils pourraient becqueter… Ils ne sont pas farouches. Je consacre les 30 dernières minutes à une sieste sur un banc, à l’ombre des arbres.
Dimanche 30 mai : c’est l’amorce du retour. Dans mon projet initial, je faisais une incursion lusitanienne pour dormir à Miranda do Douro.
Dans le contexte actuel, c’est impossible. Je ne vais pas payer un test PCR juste pour passer quelques heures au Portugal.
En conséquence, je modifie mon étape et le point d’arrivée. Je longe la frontière hispano-portugaise et m’arrête, pour la nuit, à Zamora. Cela fait beaucoup de route.
La météo à Baiona est, à priori, plutôt tempérée. Le matin, le ciel est peu voilé avec 14 degrés. L'après-midi est ensoleillé avec 23 degrés. Ce matin, à 8h45, la température est déjà de 15 degrés et le soleil est déjà bien présent, plus qu'à l'accoutumée. Je m'équipe en conséquence avec l'ouverture des aérations de ma veste et de mon pantalon.
A peine 15 minutes plus tard, au bord de l'océan, en direction de la frontière portugaise, je suis dans une brume opaque... Très très humide. Les aérations fonctionnent très bien, trop, pour le coup... L'humidité circule, elle aussi.
Cela cesse, lorsque je prends un peu de hauteur, pour quitter les bords de l'Atlantique. Mais la température chute à 10 degrés. Du coup, je referme toutes les aérations et mets mon casque en configuration intégrale.
J'ai beaucoup de kilomètres à faire, aujourd'hui. C'est une étape de rattrapage, compte tenu de ce qui écrit plus haut. Je m'arrête peu. Le Portugal est parfois tout proche d'à peine deux kilomètres, puis je m'en écarte au gré des routes possibles. Je retrouve les paysages vu en 2009, lors de mon premier long voyage à moto (voir ici). C'est ce voyage qui m'a donné l'envie d'explorer de fond en comble le Nord de l'Espagne.
J'ai la surprise de faire un bout de 15 kilomètres de route sans bitume, avec de beaux nids de poules, des ornières et des gravillons.
Me voilà à Zamora vers 17h00. Je suis épuisé. Demain, je poursuis la remontée vers la France et vais tenter d'organiser mon test PCR.
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Merci pour ce reportage qui permet de découvrir à distance. Le droit à l’air tout simplement magique et semble apporter de bien belles émotions !
RépondreSupprimerBonne route et bonne suite de voyage !
Bonsoir Laetitia. Merci. Heu!! Es tu la "Laetitia" que je connais ?
SupprimerC'est un grand plaisir de suivre ce voyage , merci !
RépondreSupprimerBonsoir Didier. Merci du retour.
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