Auguste, mon grand-père, psalmodiait souvent cette maxime : « Bien mal acquis ne profite jamais… » Aujourd'hui, à presque 59 ans, je réalise un de mes rêves, acquérir des bottes de moto de la marque française « Paraboot »... Et elles sont là pour me profiter de longues années. Enfin ! C'est, en tout cas, ce que j'espère.
Cette acquisition fut rendue possible en raison de circonstances les plus diverses, parfois audacieuses, tout en faisant appel à la patience et à la chance.
J'ai rencontré ma première paire de « Paraboot » grâce à un monsieur, tout petit par la taille, riche de par sa générosité et sa grandeur d'âme. Il s'appelait « Aimé ». C'était Aimé le cordonnier. Je l'ai rencontré par hasard de l'alliance. En effet, Aimé était le cousin du père de mon épouse. Bref, Aimé le cordonnier était déjà bien en retraite lors de notre première rencontre. Lors de ce repas de famille en Gironde, du côté de Sigalens, il avait noté ma taille et, sans doute par défaut professionnel, repéré ma pointure de 46. J’y avais aussi rencontré sa bien-aimée Jeanine.
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| Aimé et son épouse Jeanine |
L'année suivante, puisqu'Aimé avait gardé une petite activité pour arrondir ses fins de mois et mettre un peu de beurre dans les épinards, je l'ai vu arriver avec une paire de mocassins Paraboot. Les susdits mocassins lui ayant été laissés, en piteux état, en gage de service rendu par un type chaussant, comme moi, du 46. Aimé les avaient réparés, nettoyés et remis à neuf pour me les offrir. Le temps de dire « saperlipopette », d'avoir une chevelure nettement moins fournie et de dire « adieu » à Jeanine et à Aimé, quelques années plus tard, je les ai toujours en parfait état. Ce sont toujours de vrais chaussons, quasiment inusable, pour peu qu’ils soient entretenus correctement.
L'Histoire de Paraboot débute en 1908 quand un fils de paysan, Remy-Alexis Richard, quitte ses montagnes et son Isère ainsi que la fabrique de soulier dans laquelle il travaille pour monter à Paris et créer sa propre affaire de revente des chaussures EXTRA. Il créé Paraboot en 1927.
Le site Internet Paraboot et sa belle rubrique « histoire », nous apprennent entre autres que Rémy Richard dépose le nom Paraboot en 1927, assemblage de « Para », un port d’Amazonie, d’où est exporté le latex, et « boot », la curieuse chaussure, qu’il a découvert aux Etats Unis, l'année précédente. Rien à voir donc avec une quelconque marque créée pour un marketing à la mode anglo-saxonne. La technique et le style Paraboot sont nés ! Voir le lien indiqué ci-dessus (le texte repris ici vient d'ailleurs de cette source) pour un historique complet.
Je pratique la moto depuis un peu plus d'une trentaine d'année. En 30 ans, j'ai eu quatre paires de bottes et cinq ou six paires de chaussures, dites d'été, pour la moto. La première paire de bottes de moto ne compte pas. J'étais novice et avec peu de moyens. La deuxième paire est de loin ma préférée. C'était des TCX infinity, celles de la première génération. Pour situer la chose, actuellement TCX en est à la 3ieme génération d'Infinity. Malheureusement, ces bottes TCX, je les ai perdues en 2014...
Je devrais plutôt écrire que j'en ai perdu une en 2014 et que, par voie de conséquence, j'ai dû jeter l'autre... Mais comment cela est-il possible ? Pour le savoir, il faut lire cet article décrivant une histoire de botte et la partie 2 de ce merveilleux voyage en Andalousie dont la série de 16 articles est visible via ce lien.
La troisième paire est donc les bottes d'enduro, achetées justement en Espagne, avec lesquelles il m'était quasi impossible de marcher, tellement elles étaient rigide. La quatrième vient du conseil de JP Goy, après un stage chez lui, et son entremise avec Synergie et Forma France, lorsque je cherchais des sponsors pour ce voyage à l'Est. Il s'agit donc des Forma Adventure que j'ai toujours depuis 2016. J'ai bien dû parcourir 80 000 kilomètres avec cette paire de bottes. Elle commence à fatiguer et, avec l'âge et les déformations osseuses qui vont avec, j'ai plus besoin de chaussons que de bottes.
Malheureusement, les « chaussons » ne protègent pas suffisamment les pieds pour faire de la moto...
J'ai donc besoin de bottes solides, étanches, pouvant être utilisée aussi bien en tout-terrain que sur le bitume, de pouvoir marcher avec et de les garder aux pieds durant de longues heures, et cela, par tous les temps.
Naturellement, je me tourne vers Paraboot avec le souvenir d'Aimé et des mocassins tout doux.
Le site Internet de Paraboot me donne la liste des possibilités et des prix. Voilà l’ensemble des modèles Paraboot de bottes destiné à la pratique de la moto :
Mon choix se porte sur le modèle Bike Jannu modèle homme (le W est pour Women), celles avec les semelles crantées.
Le descriptif (repris du site Paraboot avec quelques corrections orthographique quand cela reste possible) donne les indications suivantes :
La botte moto Bike Jannu a été conçue et développée à l'origine pour les motocyclistes de la Police Nationale et des Douanes.
Marché toujours en cours pour ces 2 administrations. Plus 15 000 paires ont été produites à ce jour dans nos ateliers Paraboot de St-Jean-de-Moirans.
D'une durée de vie moyenne de 5 ans dans la Police Nationale, elle vous garantiront protection et confort pour de nombreuses années.
Elle se différencie de la Bike Assaut par une semelle à relief de type « rangers ».
Les caractéristiques détaillées sont les suivantes :
- Composition : dessus cuir doublure textile, semelle gomme.- Bottes en cuir pleine fleur 2,2 mm/2,4 mm.
Partie du cuir la plus noble, traitée hydrofuge dans la masse.
Ce traitement assure une parfaite étanchéité à la pluie tout en garantissant la respirabilité du pied. Son épaisseur garantit une excellente longévité dans le temps sans altération de ces caractéristiques.- Montage de type GOODYEAR assurant un excellent confort et permettant un ressemelage avec tout type de semelle (rangers ou autre).Ce montage est réalisé sur une première cuir de 3,2 mm d’épaisseur, le cuir étant la matière qui régule le mieux la transpiration (même montage que les bottes sur mesure).- Semelle : 100 % caoutchouc, avec talon dit décroché pour le statique debout. « Ressemelable ».- Semelle interne antibactérienne, charbon actif, lavable et amovible.- Doublure : membrane SYMPATEX nouvelle génération TECH RISSANI STX 100 % imperméable et résistante.- Fermeture à glissière sous velcro.- Protections Malléole / Tibia / Bout de pied : gel anti IMPACT protection malléoles et tibias, renfort sélecteur cuir pleine fleur 2,2 mm/2,4 mm et bout de pied renforcé. Protection IMPACT conforme à la norme EN 13634 IPA et IPS.- Soufflets disposés sur le coup de pied pour une parfaite souplesse de la cheville.Zones flexibles au coup de pied garantissant une liberté de mouvement et un confort supérieur.- Couleur Noire- Pointures : du 38 au 50
Le prix pique un peu, il faut bien le dire... J'analyse le pour et le contre de cet achat et décide d'attendre d'en avoir besoin. Peut-être qu'une option « intéressante » apparaîtra...
Quelques mois plus tard, au détour d'un forum, j'apprends qu'un magasin d'usine existe à Saint-Jean-de-Moirans en Isère, au pied du massif de la chartreuse, près de Grenoble. « J'écoute » la discussion et m'aperçois que les prix peuvent, parfois, chuter considérablement. Et cela pour de petits défauts de fabrication qui concernent quelques modèles et quelques pointures.
Dans ma p'tite tête, je me dis :
- Et si la chance faisait qu'une pointure 46 ou 47 en Bike Jannu arrive à ce prix incroyable...
Le problème est qu'il faut se rendre sur place...
Les mois passent et le temps de changer mes Forma par de nouvelles bottes se fait plus pressant. Après une visite du site Internet, les Bike Jannu ne sont toujours pas disponibles. Je coche la case permettant de recevoir un message quand la disponibilité sera effective. J'envoie aussi un email pour en savoir plus. Mon contact, chez Paraboot, me répond le jour suivant. Il m'indique que les Jannu entreront dans une nouvelle série de fabrication quand une commande conséquente sera faite par un acheteur. Il m'indique aussi que le magasin usine, lorsque la fabrication est relancée, est régulièrement alimenté. Il faut juste être patient.
Je décide donc de prévoir une première option qui est de me rendre sur place. Cela implique une virée de minimum trois jours pour moi. Je lance aussi une bouteille à la mer sur un forum, dans l'espoir de prendre contact avec quelqu'un en capacité de passer à Saint-Jean-de-Moirans pour voir si les bottes y sont en stock, les acheter pour moi et me les envoyer.
C'est là qu' Eric, un sympathique inconnu résidant dans cette région et passant chaque semaine devant l'usine Paraboot me répond. A cet instant, nous sommes en février 2023. Eric passe à l'usine fin février, mais il n'y a toujours rien de disponible.
En juin, je pars pour ce long week-end au Pays Basque. La deuxième journée, je reçois un message de Paraboot m'avertissant que la fabrication a été relancée pour les Bike Jannu et qu'elles sont disponibles pour la commande. Celle au prix fort! Le lendemain, je reçois un message d'Eric me disant qu'il y a deux paires de bottes Bike Jannu en pointure 47 à l'usine au prix de 130 € TTC.
Il y passe la semaine suivante, les achète pour moi et me les envoie. Entre temps, je lui fais le virement du prix des bottes et des frais de port pour l'envoi à Toulouse. Je les reçois, chez moi, le 5 Juillet 2023.
Les voilà dans leur boite :
Les voilà sous toutes les coutures :
S'il y a un défaut de fabrication, je ne vois pas où il est.
Comme attendu, ce sont de vrai chaussons. Une fois aux pieds, le confort est incroyable. Je n'ai pas encore pu tester l'étanchéité et le maintien au chaud par des températures négatives.
Selon l'adage cité au début de ce billet, ce bien, si bien-acquis, s'il en est, devrait me profiter longtemps...
Merci Aimé!
Merci Eric!
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