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Comme un parfum d'hivernale en Montagne Noire…

« Les anges... Les anges dans le ciel! L'un est vêtu en officier. L'un est vêtu en cuisinier. Et les autres chantent... Bel officier couleur du ciel. Le doux printemps longtemps après Noël. Te médaillera d'un beau soleil... D'un beau soleil, le cuisinier plume les oies... Ah tombe neige! Tombe et que n'ai-je ma bien-aimée entre mes bras! »
 
Plateau de la Combe du Teil au-dessus de Brassac
 
Les vapeurs d’ « Alcool » distillent les mots de Guillaume Apollinaire en 1913 à la veille d'un conflit terrible pour les hommes que nous sommes. Aujourd'hui! Fin janvier 2023, le Sidobre et la Montagne Noire se découvrent sous un blanc manteau. Et si je partais à la découverte de ce territoire recouvert de neige ? Ne serait-ce comme un parfum d'hivernale en Montagne Noire ? 
 
Itinéraire suivi:
 
 
Cette balade, une fois n'est pas coutume, nécessite de s'y prendre à plusieurs fois...
La neige tombe le 19 janvier à Bouyrols. Elle meuble, d'un spectacle enfantin, toute ma fin d'après-midi et ma soirée. Je reste le nez collé à la fenêtre, yeux rieurs et cerveau détendu, tandis que de bons feux crépitent dans les cheminées. 




Le lendemain, au matin du 20 janvier, je pars d'abord à pied, et découvre ce que cela donne au-dessus de chez moi. Dès les premiers pas, les souvenirs d'enfance surgissent. Le crissement de mes pas sur le blanc cotonneux réveille les batailles de boules-de-neige d'avec mon copain Etienne... Du temps ou ma région de l'Est de la France était submergé de neige dans la froideur de l'hiver.
 
 
Etienne, d'un côté de la route, derrière son mur, et moi? A l'opposé, planqué par le muret et quelques arbustes... Chacun ayant ses tas de boules-de-neige empilés, comme des tas de boulets, tel un grognard napoléonien, prêt pour la bataille du siècle. Je revois et j'entends nettement le peu (en ce temps-là) d'automobilistes vociférant après avoir reçu les projectiles qui ne leur étaient pas destinés. Etienne et moi, gloussant tout en étant planqué, à plat ventre, derrière nos murets. 
 
Mais quitte 1975 et reviens à 2023, garçon! C'est diablement agréable. Le froid pique les joues, mais les yeux sont ravis. Le cœur bouillonne d'un plaisir certain. J'aime ce paysage et le silence qui va avec. Je suis en télétravail, et j'ai une bonne heure avant de démarrer mes réunions en visioconférence. C'est décidé! Je pars m’oxygéner dans la forêt enneigée. Je terminerai plus tard ce soir. 
 
 
 
J'y découvre un restaurant destiné aux divers volatiles peuplant les bois de Montredon-Labessonié. Il est installé depuis peu. Mon dernier passage ici date d'il y a, à peine, deux semaines et les flonflons de son ouverture étaient absents. On dirait bien qu'un (ou une, d'ailleurs) opportuniste a agi. 
 
 
Le lendemain, samedi 21/1, je tente une sortie à moto vers 10h00. Je pars, d'abord, vers Vabre. Je renonce assez vite dans la montée vers Lacaune. En effet, ici la neige fondue encombre la route sur quasiment toute la largeur. La moto décide d'un demi-tour avant que mon cerveau n'ait fini d'y penser. Un déclenchement d'airbag plus tard, et quelques émotions, sans grandes conséquences, je rentre à la maison la queue entre les jambes, il faut bien l'écrire...  
 
L'après-midi, je monte vers Montredon-Labessonié et constate que l'isotherme zéro degré est toujours assez bas. Afin d'éviter la même mésaventure que le matin, je file dans la plaine avant de rentrer à nouveau.
 
 
Deux semaines plus tard, je suis de retour à Bouyrols, la neige n'y est plus visible.  Je profite de ce 4 février ensoleillé malgré les -4 degrés à 10h00. La moto est révisée depuis hier et elle a de nouveaux chaussons, plus appropriés pour mon voyage de printemps, aux pieds. C'est aussi mon premier essai, en déplacement, avec mes nouvelles valises souples (article à venir).
 
 
Je pars, à nouveau, en direction de Vabre dans l'espoir de réaliser le circuit rapidement abandonné quinze jours auparavant. Le village passé, dans la montée vers le hameau de Cruzis, je retrouve la neige sur le bas-côté et les champs alentours. La fonte a commencé bien sûr, mais tout de même, la surprise est qu'il en reste, et même plutôt beaucoup...
 
Sortie de Vabre - Montée vers le hameau de Cruzis
 
La route est tout de même bien plus dégagée qu’il y a deux semaines. Même si par endroit, un mince filet glacé apparaît et m'incite à rouler avec prudence et douceur sur les gaz. J'arrive dans la forêt de Montagnol et me demande, tout de même, si je ne vais pas encore être bloqué, à un moment donné... Mais ça va, les plaques de verglas sur le bitume sont peu nombreuses. J'avance toujours prudemment, en gardant en tête le fait que, une nouvelle fois, je pourrais être amené à faire encore demi-tour et abandonner mon itinéraire.

Forêt de Montagnol
 
J'avance. La circulation reste toujours possible, mais la quantité de neige restante augmente et m'impressionne de plus en plus.  La peur de glisser freine toujours plus mes ardeurs. 

Pour rejoindre Brassac, j'emprunte des routes de tailles moyennes. Elles sont dégagées, même si plus étroites en raison des résidus de neige glacée sur les côtés. Les toutes petites routes sont, par contre, impraticables sans pneus spéciaux. La couche de neige glacée est bien de 5 cm sur ces petites routes. Il n’y a eu aucun salage, visiblement.
 
Arrivée aux Planquettes
 
J'arrive à Brassac et pars en direction de Lacaune sur la grande D55. La couche de neige résiduelle est toujours plus grande dans les champs alentour. La route est totalement dégagée, jusqu'à ce que je bifurque vers la Combe du Teil, en direction de la Tourbière de Canroute. J'arrive au sommet et roule sur le plateau, stupéfait du paysage enneigé que j'y trouve. 
 
La combe de Teil au dessus de Brassac en direction de la tourbière de Canroute
 
Je sais bien que le Sidobre est une montagne et ce n'est clairement pas pour rien que certains endroits sont marqués des panneaux « zone montagne »  pour indiquer qu'il faut avoir des équipements spéciaux pour y rouler du 1/11 au 31/03. 
 
Je passe du département du Tarn à celui de l'Herault en arrivant au lac de la Raviège.
 
Lac de la Raviège dans l'Herault 
 
La quantité de neige se réduit enfin. Cela est valable tant que je reste en bas, près du plan d'eau. Il en est tout autre, quand je monte sur les hauteurs, avant d'arriver à La-Salvetat-sur-Agout, pour faire le tour du lac et rejoindre le village d'Anglès. La petite route du col de Verniole est jonchée de morceaux de branches de sapins... Est ce le poids de la neige qui fait qu'elles se sont cassées ? Mystères... C'est assez étonnant. Cela cesse après deux kilomètres, bien que des sapins soient toujours présents en bord de la route.
 
Tour du lac par les hauteurs au-dessus de La Salvetat sur Agout
 
Limite Herault/Tarn près de Barthezou 
 
Je roule à présent dans le secteur du lac des Saint-Peyres. Là aussi, il y a beaucoup de neige. Mon allure est toujours modérée, car une belle couche de givre recouvre le bitume. Arrivé peu après « La-vielle-Morte », je me retrouve bloqué. Mon itinéraire part, normalement, vers Labastide-Rouairoux par la D165, mais elle est interdite sauf aux riverains... En temps normal, je suis joueur, mais là... Aujourd'hui... J'ai le pressentiment qu'il ne faut pas. Je suis mon instinct et me déroute.
 
Route de Lacabarède
 
Route en direction de Labastide-Rouairoux interdite
 
 
Je prends la route amenant directement à Rouairoux et Lacabarède. La portion entourée en rouge sur la carte ci-dessous est donc la partie interdite. Arrivé en bas, il est presque midi. Je n'ai pas envie de retourner au restaurant de Saint-Amans-Valtoret trouvé lors de cette précédente balade durant une fin de semaine flamboyante en Montagne Noire. Je lance une recherche sur Google Map, afin d'identifier ce qui est, à priori, ouvert. Labastide-Rouairoux possède quelques enseignes de restauration... En route, donc! Cela me ramène près de la sortie de la route que j'aurais dû prendre. Je trouve une sorte de bar-brasserie tenu par des Anglais, forts sympathiques au demeurant. Je déjeune donc chez JB's (voir Les coins du babaz). 
 
Je découvre, dans un article de la Dépêche, l'histoire quelque peu dramatique autour de ce lieu. Anciennement « Le Boulevard », le restaurant de Sebastian et Debbie Buxton, avait fermé ses portes suite au décès accidentel de leur fils Joshua fin août 2021 à l’âge de 21 ans. Le journal indique que ce drame a suscité une vive émotion dans la communauté. Joshua, sapeur-pompier volontaire au centre de secours, était très apprécié de tous. Aujourd’hui, la famille prend un nouveau départ en ouvrant un bar-restaurant aux initiales du nom de leur fils, le JB’s. Le JB’s est installé sur la place de la mairie avec une terrasse ombragée, sans doute très appréciée des clients durant la période estivale, puisque c’est ré-ouvert depuis fin juillet 2022. Ils travaillent en famille, Debbie est en cuisine, Sebastian au service, secondés tous deux par leur fille Rebecca. Ils proposent des mets typiquement britanniques tels que les délicieux « fish and ships », des salades, viandes et poissons, un large choix de hamburgers et des recettes de cuisine indienne et pakistanaise. 
 
Après le repas, je reprends l'itinéraire prévu. Je passe dans le massif de La Montagne Noire. Il y a nettement moins de neige ici. 
 
Passage en Montagne Noire 
 
Près de Lespinassière 
 
Je suis là pour faire le tour du Pic de Nore et rejoindre Pradelles-Cabardès afin de me ramener du côté de Castres. Mais, une fois passé Lespinassière, et bien que la neige sur les côtés ait quasiment disparu, je me retrouve en difficulté dans la montée vers Castans. 
 
En effet, je tombe sur une partie de route verglacée. Je passe ce tronçon grâce à une belle ornière d'une longueur de 200 mètres m'offrant l'accroche du bitume. Mais plus loin, c'est mort, la couche de verglas recouvre toute la largeur de la route sur au moins 500 mètres. Je ne passerai pas sans faire de dégâts, que ce soit à moi, ou à la moto. Par ailleurs, si ici c'est dans cet état, je n'ose imaginer ce qu'il est est après Pradelles-Cabardes qui est bien plus haut et bien plus battu par le vent...
 
 
 
On dirait bien que, encore une fois, mon itinéraire s'arrête. Incroyable. Ce doute m'a habité toute la matinée et c'est une fois que la neige a quasi disparut autour de moi que je me trouve stoppé. 
 
C'en est fini pour aujourd'hui. Il s'agit de la partie entourée en rouge sur la carte ci-dessus.  L'itinéraire initialement prévu est sur la carte ci-dessous. Les parties oranges sont donc celles que je n'ai pas faites, soit parce que j'ai été bloqué, soit parce que mon allure était plus faible à cause de la neige. En effet, j'avais déjà réduit la longueur du parcours après le repas de midi.
 
 
Il est 14h30. J'ai froid et décide de rentrer par le chemin le plus rapide. Je reviens sur mes pas puisqu'il n'y a pas d'autres alternatives et rejoints Albine, Saint-Amans-Soult puis Mazamet et rentre par la nationale N112.
 

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