Le Blog

Aragon, poésie d’un voyage (1) - J’arrive où je suis étranger...

Et voilà! Nous sommes prêts pour le départ. S'agit-il d'écrire en alexandrins ? Un acrostiche ? Ou d'un voyage au pays de Dada et des prémices du surréalisme ? Qu'en penseraient Marcel Duchamp et André Breton ? Sans doute « pode balle » pour les plagier un tant soit peu. 
 
Prenons pour ce départ, les vers de « J'arrive où je suis étranger »: 
 
« Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier.... »
 
 
J'aurais tout aussi bien pu prendre « Est-ce ainsi que les hommes vivent »...
 
Il faut bien le dire, quand on parle d'Aragon à un Français, celui-ci pense d'abord à Louis et à ses poésies apprises studieusement durant l'école primaire... L'origine de son nom est, d'ailleurs, une petite histoire à elle seule... Wikipédia saura vous renseigner précisément sur ce point. 
 
Bref! Ici, je ne vais pas disserter sur l’œuvre de Louis, mais bien tenter de vous divertir avec un voyage, que j'espère insolite, en Aragon. Cet Aragon que je pensais si bien connaître et qui, au détour d'un furetage Internet, m'invite à venir m'y perdre tout en étant parfaitement guidé. Peut-être comme le faisait Elsa avec Louis... 

Le « Nous » du préambule signifiant, bien sûr, ma motocyclette et moi.
 
Itinéraire suivi :
 
 
 
J'y suis souvent passé. Il me semblait l'avoir parcourue en long, en large et en travers... Pourtant, une promesse aragonaise se dessine... Je suis tombé, par hasard, sur des liens Internet décrivant une série de routes touristiques pas du tout spécifique aux motards. Autant la partie Nord ne me semble pas tout à fait inconnue... Autant la partie Sud augure quelques belles découvertes... 
 
La promesse est celle-ci : 
 
 
 
Mon voyage pioche donc ses étapes parmi les éléments trouvés sur ce site:  Aragon, slow driving. Son rythme est différent du guidage expliqué. Il peut mélanger des circuits, les faire à contresens. N'est pas surréaliste qui veut... Tout de même.  
 
Les prévisions météorologiques sont plutôt bonnes, la veille du départ. 
 

Nous sommes le 30 avril 2020, il est 7h00 et j’ai, comme souvent en partant en voyage, le sourire aux lèvres. Contact!
 
Au fil de mon avancée en territoire montagneux, le soleil affiché, hier soir, sur l’appli météo n’est plus aussi jaune et brillant…  Vers 9h00, je m’ arrête pour me faire un café. J’ai la nette impression que la pluie va arriver et que c’est le bon moment si je veux profiter de la campagne environnante sans être sous une averse. 
 
 
La pluie arrive, d’ailleurs, peu après Bagnères-de-Bigorre. A partir de là, je vois pas mal de gens en attente sur le bord de la route. Il va se passer quelque chose, sans doute, mais quoi ? Il faut attendre que j’arrive dans les faubourgs de Lourdes pour comprendre. Je croise quelques voitures de course, des anciennes.
 
La brume remplace la pluie lorsque je monte le col du Soulor. Ce matin, au lancement de mon fichier d’itinéraire dans le gps, j’ai eu la surprise de voir qu’il m’annonçait « pas de route possible »… Surpris, je n’y ai pas fait plus attention… Et j’ai remplacé mon fichier .itn par un .gpx que j'ai toujours en stock. Erreur de débutant. J’aurais dû réfléchir…
 
Je suis au sommet du col de Soulor à l’entrée de la route du col d’Aubisque. Et, devant moi, j’ai une barrière bien en place… Impossible de passer, en dessous ou sur les côtés, impossible vous dis-je. Le col d’Aubisque est fermé. Cette route doit pourtant m'amener à la station de Gourette et au village d'Eaux-Bonnes pour qu’ensuite, je puisse rejoindre la vallée d’Ossau. Dépité, je continue vers Arboust sur la D126, mais je ne sais pas trop où je vais arriver… La descente, un peu longue et sans croisement de routes importantes finis par m’inquiéter. Je m’arrête et regarde plus précisément comment je dois faire pour retrouver, à peu près, mon itinéraire. Le col d’Aubisque devait m’amener vers Eaux Bonnes et Laruns pour me permettre de rejoindre Escot. A priori, je dois pouvoir récupérer ma route vers Bielle. Le décrochement initial pour la vallée d’Ossau est remplacé par un autre, un brin plus long. Ouf!!  
 
A Bielle, comme prévu, je finis par récupérer mon itinéraire. Je prends la D294 amenant au col de Marie-Blanque. J’adore cette route. Le plateau, juste avant le col, est magnifique. L’espace est large et verdoyant. On y rencontre, à chaque fois, les chevaux du Benou, de magnifiques Merens. Immuable depuis des années, ils sont toujours là. Je ne suis pas dupe... Sans doute pas les mêmes. 
 
Les chevaux du Benou - Col Marie-Blanque
 
Je passe en vallée d’Aspe et emprunte la N134 que je quitte pour la petite N330A. J'entre en Aragon en évitant soigneusement le tunnel du Somport, lui préférant la route amenant au col du même nom. C’est la première fois que je passe par ce col pour entrer en Espagne. La neige est toujours présente au sommet. J’endure ma petite doudoune sous la veste de moto. Il fait 12 degrés. Dire que le tunnel passe sous cet amas de roches... 
 


Vallée d'Aspe et Col du Somport
 
Il est 13h00 quand je passe la frontière. La météo est, comme à chaque fois, bien plus clémente côté espagnol. Dans la descente vers la station de Candanchu, je trouve un joli espace pour mon déjeuner champêtre. Le vent est toutefois un peu fort et frais. Le réchaud a un peu de mal à fonctionner correctement. J’arrive, tout de même, à manger chaud. 
 
Arrivée en Espagne - Candanchu
 
En poursuivant la descente, j’avise que je passe près de la gare de Canfranc. Je profite de mon passage dans ce secteur pour aller voir ce truc improbable, issue de la folie humaine… Pensez donc, cette gare à la même taille que la gare Saint-lazare à Paris, pour une localité minuscule. Le bâtiment fut construit en 1928. Pensaient-ils que le ski allait pousser les gens ici ? Depuis 1970 et l’arrêt du trafic côté français, c’est un terminus de la ligne espagnole. A priori, une rénovation est en cours pour en faire un hôtel de luxe… Mais pour qui ? 
 
Estacion Canfranc
 
Arrivé à Aratorès, je débute le guidage et ma visite touristique de « La route des origines du royaume d'Aragon ». Ce trajet me conduit aux vallées dites les plus vertes des Pyrénées aragonaises, celles de Hecho et Anso. Ici les pluies plus fréquentes et les températures plus douces, duent à l'influence de l'atlantique sur le climat, associé à l'altitude inférieure des montagnes confère à ces vallées un aspect moins rude qu'ailleurs. La promesse annoncée est une découverte des origines du royaume d'Aragon. 
 
Voyons cela!
 
Je quitte le grand axe pour une petite route serpentant vers le village d’Aratorès dans la sierra de Los Angeles, s’il vous plaît. La rivière Aragon passe dans cette vallée. Je m’arrête pour voir l’église paroissiale de San Juan Bautista annoncée dans mon guide. Elle date du XIIe siècle. Je ne trouve pas la pierre tombale de l’an 901. Pas de bol… Faut dire que je n’ai pas mes lunettes. 
 
Aratorès 
 
Je continue la route vers Borau. La vue sur l’église du village pourrait effectivement être sympathique, mais il y a de nombreux travaux de voiries et de maçonneries. Cela gâche la photo. La route se fait plus étroite et moins entretenue. Je la quitte, pour y revenir plus tard, pour une piste annoncée mais qui, en fait, est à présent un beau trait de bitume amenant au monastère de San Adrian de Sasabe.
 
Il ne reste plus que l’église romane datant du Xe siècle. L’histoire raconte que le Saint-Graal est passé par ici. Terry Gilliam et ses acolytes sont-ils aussi venus par ici ? J'y reviendrai...
 
Ermita de San Adrian de Sasabe
 
Finalement, je suis passé en mode enduro sur la moto. Bien qu’étant sur une route, elle est tellement défoncée et gravillonée que je préfère conduire comme si j’étais sur une piste. Je retrouve un beau bitume quand j’arrive dans la vallée d’Aisa. Les paysages sont magnifiques. La route est particulièrement sinueuse et demande de l’attention. 
 
 
Aisa
 
Je passe, à présent, dans la vallée d’Osia et rejoins le village de Jasa. Je monte dans le village pour me garer devant l’église. Les villages sont vraiment jolis. Le discours lu dans les pages récupérées sur le site de l’office de tourisme espagnol est, pour le moment, conforme. 
 
Vallée d'Osia 
 
Jasa
 
Me voilà maintenant dans la vallée d’Hecho. Pas mal de randonnées « nature » et autres sports d’eau sont à faire dans le coin. Le village ne retient pas particulièrement mon attention. L’environnement est, par contre, superbe. La route est, bien sûr, idéale à moto.
 
Je fais un détour pour aller à Siresa afin d’admirer le monastère de San Pedro de Siresa qui, d’après ma lecture, montre que son origine carolingienne atteste l’influence du royaume franc sur les origines de l'Aragon. Vous m’en direz tant!
 
Monastère Roman San Pedro de Siresa 
 
Je reviens sur mes pas vers Hecho pour aller vers Anso. Le village est annoncé monumental. Il est également dit que c’est un des plus beaux villages d’Espagne. J’entre, à présent, dans un magnifique canyon. La rivière Veral l’a creusé au fil des siècles. Son point d’orgue se situe au niveau de la fosse de Binies. Les parois verticales de 200 mètres au-dessus de moi sont impressionnantes.  
 
Anso
 
Canyon de Veral 
 
Foz de Binies 
 
Le village de Binies marque la fin du canyon. Il se situe sur une sorte de promontoire, comme on en voit souvent en Aragon. Un château du bas Moyen Age le domine. En sortant du canyon, je trouve un paysage similaire à celui qu’on trouve dans les Bardenas Reales de Navarre. 
 
Chateau de Binies 
 
 
Binies et vallée d'Anso
 
L’Aragon a ceci d’étonnant: en quelques dizaines de mètres, il est possible de passer d’un paysage montagneux, tourmenté, minéral a une plaine cultivée. C’est ce qui se passe maintenant. En point de mire, à gauche sur la photo ci-dessous, j’ai le village de Berdun sur sa colline et tout autour de vastes plaines céréalières. Je viens tout juste de remonter du canyon et sortir de Binies. 
 
Berdun au loin
 
Promontoire de Berdun 
 
Il est presque 18h00, cela fait onze heures que je suis en selle. J’ai 420 kilomètres dans les roues et dans les bras. J’arrive à mon étape du jour : Santa-Cruz-de-la-Seros. Pourtant « La route des origines du royaume » n’est pas tout à fait terminée. Mais, en réservant, je n’ai pas trouvé d’autres endroits ayant des hôtels dans cette région.  Alors, j’ai jeté mon dévolu sur ce superbe village pour y passer la nuit. 
 
Eglise Santa Maria de Santa-Cruz-de-la-Seros
 
Je m'installe à l'Hostal Rural et découvre la vue depuis la terrasse de la chambre. Le village possède trois restaurants. L'un est annoncé gastronomique. Pas de chance, il est fermé le soir. Les deux autres me semblent équivalents. Je choisis celui qui est le plus près de l'hôtel. 
 

Le dîner ne me laisse pas un souvenir impérissable… Par contre, les gens étaient très sympathiques et prêt à engager la conversation. Au moment de me coucher, la vue n'a pas bougé. 

 
 
Cette route, à l’origine du royaume d’Aragon met en avant de nombreux monastères et autres ermitages. Une lecture de l'historiographie de l'est péninsulaire aux XIVe et XVe siècles explique, également, les origines dudit royaume (voir ici). Une belle analyse des formes et principe de l'intertextualité qui sous-tendent et structurent ce travail de recherche. 
 
Si je résume, deux datent sont importantes. 1369, la première rédaction de la Crónica de San Juan de la Peña s'achève. C'est, tout bonnement, la première chronique aragonaise. 1499, paraissait la Corónica de Aragón du moine cistercien Fabricio Gauberto de Vagad, rédigée quelques années plus tôt à la demande des diputados du royaume d’Aragon et considérée comme le point culminant de la tradition fondée par la Crónica de San Juan de la Peña.
 
Une belle lecture pour trouver, rapidement, le sommeil…
 
Le lendemain, le joli mois de mai démarre.  Et justement, mon itinéraire, ce matin commence et, en même temps (j'avoue, la honte d'utiliser ce terme est presque là) termine « La route des origines du royaume ».
 
Il passe donc par ce « fameux » monastère de San Juan de la Pena (rappelez-vous la lecture d'hier soir). Pour y arriver, je monte et parcours une route qui serpente dans la forêt et dans la montagne. L’endroit étant juste à quelques kilomètres, à peine, des Pyrénées, il offre un balcon magnifique sur les sommets alentour… Le soleil est radieux ce matin. 
 
Le balcon sur les Pyrénées - Route d'accès au monastère de San Juan de La Pena
 
Sur le parking de ce point de vue (ou mirador comme ils disent), un homme me parle. Je ne comprends pas ce qu’il me dit. Je lui demande s’il parle anglais ou français. Il enchaîne dans un Français parfait, tinté d’un léger accent ibérique. Nous faisons connaissance et l’échange dure un petit moment. Rien qui ne remette en cause la vie de la planète, mais un joli moment de communication réelle entre humains étrangers, qui met le baume au cœur pour la journée.
 
J’arrive au vieux monastère. Bigre, ça ne rigole pas... Je me sens un peu enfermé, au pied de cette paroi... Comme une impression d'avoir une enclume sur la tête alors même que je n’ai plus mon casque. Et si je le remettais.... Cela ne devait pas être facile d'être moine ici. Le document de l'office de tourisme indique que ces bâtiments sont des joyaux de l'art roman. C'est vrai! Pour autant, je n'aimerais pas passer un séjour ici. Le mot qui me vient est: « Spectaculaire ». 
.
Monastère San Juan de la Pena (le vieux)
 
Ici aussi, le Saint-Graal est passé. Même question que précédemment, les « Monty-Python » sont-ils venus ici ? Dire que tout ce merdier a commencé avec « La vie de Brian »... Pour finir selon « Sacré Graal »... 
 
Je me demande si mes références cinématographiques seront bien comprises... Revenons à notre monastère. Il se visite si vous le souhaitez. Moi ? Je ne le souhaite pas. 

Monastère San Juan de la Pena (le vieux)

En continuant la route, j'arrive au nouveau monastère. Il se trouve au sommet. Il est entouré d'une magnifique pinède. Le calme règne et c'est assez intense comme ambiance. 
 
Le monastère San Juan de La Pena (le tout neuf)
 
Arrivé à Bernues, je termine « La route des origines du royaume » qui a tenu toutes ces promesses. C'est maintenant  « La route des Châteaux » qui commence, le temps que je rejoigne le point de départ à Loarre d'ici 50 kilomètres de jonction choisie sans prendre le plus court chemin.  
  
Je vais sillonner « les communautés de communes des « Cinco Villas » et de la « Hoya de Huesca ». « Les sierras de Biel, Luesia, Luna, et Santo Domingo s'étendent entre les provinces de Terruel et de Saragosse. Cette terre fut, autrefois, une frontière entre les chrétiens et les musulmans. L’environnement, manifestement dominé par les forces de la nature, regroupe de magnifiques forêts où serpentent des rivières coulant des vallées et montagnes environnantes. Je croise aussi quelques étendues de cultures céréalières prouvant la présence des hommes au milieu de ces sites splendides et parfois inattendus ». Ca! C’est le discours touristique pour cette partie de route (la présence des guillemets...). 
 
J’arrive à Loarre et vois, sur le flanc de la montagne, son château médiéval bien au-dessus du village. Je m’arrête sur le bas-côté. En fait, en plein milieu de la route sur les zébras du carrefour. Oui, je suis comme ça en voyage. Je sors le petit appareil Sony et mets le zoom optique à fond. Mais! C’est une ruine…  Le truc à beau être « une forteresse emblématique construite au XIe et XIIe siècle » Là, tout de suite, c’est une ruine. Je n’ai aucune envie de monter jusqu’à ce « Tas de pierre ». 
 
Château de Loarre

Je m’arrête tout de même dans le village pour y boire un café. Puis je continue la route vers Ayerbe. Bon! On ne va pas se mentir, le dépliant relatant « La route des châteaux » dérape. Ayerbe est annoncé comme un superbe village composé de magnifiques demeures, mais je ne les vois pas… Cela me semble plutôt un brin en ruine ou alors très neuf par endroit, genre « béton de la côte méditerranéenne » même. 

Non, la seule chose charmante ici, c'est le splendide environnement naturel du Reino de Los Mallos, site bien connu des grimpeurs en tout genre, mais également des adeptes de sports d'eaux-vives.  
 
Reino de Los Mallos près d'Ayerbe

Le « Reino » est aussi visible depuis la petite route conduisant au village de Santa Eulalia de Gallego. Le Gallego, c'est justement la rivière que je vois en bas. S'en suit les villages, églises et autres châteaux de Biel, Luesia et le superbe Uncastillo. Ce dernier est considéré comme le plus bel ensemble Roman d'Espagne. Là aussi, je fais une nouvelle rencontre. Celle d'un homme travaillant justement chez Ohlins célèbre fabriquant d'amortisseur. Il est barcelonais, mais vit à Saragosse depuis quelques années. 
 
En haut : Biel et Luesia - En bas : 2 vues d'Uncastillo
 
Tout cela me conduit doucement vers l'heure du déjeuner. La nature est magnifique et justement, j'arrive en haut d'un plateau ensoleillé. Je décide de faire un déjeuner en terrasse, à l'ombre d'un tube énorme. Une terrasse pas ordinaire et jamais essayée lorsque la machine est en fonctionnement.  Déjeuner au son d'un fouet régulier, est-ce bien normal ? 
 

 
Vers 14h30, je repars pour un célèbre village. Un village ou de nombreux films ont été tourné. Bon! Personnellement, je n'en connais aucun. Cela doit être des films espagnols. Il s'agit de Sos-Del-Rey-Catolico. Certes, la ville semble jolie. J'en fais le tour et passe à l'intérieur, mais rien ne me pousse à m'y arrêter. Je préfère essayer de trouver un endroit en hauteur afin de pouvoir faire une photo d'ensemble. Et, justement, la piste là, devrait me permettre d'arriver à mes fins. 

Sos del Rey Catolico

La route est toujours très belle et agréable. Je passe le village de Castiliscar, mais ne vais pas voir l'intérieur. Par contre, à Sadaba, je fais une halte pour admirer le château-fort et l'église Santa Maria ainsi que les petites rues médiévales. Il y a aussi pas mal de ruines qui semblent être des vestiges romains. 

Castiliscar
 
Château-fort de Sadaba
 
Eglise Santa Maria à Sadaba
 
A partir de Sadaba, je quitte les petites routes pour un axe plus majeur, la A27, sorte de route nationale à forte fréquentation. Elle me conduit à Ejea-de-Los-Caballeros que je connais déjà (voir ici ma visite dans le désert des Bardenas). Les superbes paysages font place à de larges prairies cultivées et d'innombrables bâtiments industriels servant aussi à l'élevage qualifié du même nom. L'odeur est terrible, d'ailleurs.  Cela dure jusqu'à Erla, quinze kilomètres plus loin. Là, je fais le plein d'essence et retrouve de petites routes et un environnement bien plus agréable. 
 
« La route des Châteaux » est terminée. Bon! Je trouve un peu la chose « sur-vendue » par l'office de tourisme... A moins que je ne sois pas très châteaux en ruines et vielles pierres... C'est plutôt cela, oui. Il n'en reste pas moins que 80% des 320 kilomètres parcourus aujourd'hui sont très agréables à moto. Et justement, j'arrive sur un truc que je n'ai encore jamais vu. Je traverse, sur un pont étrange, l'énorme barrage de l'Embalse de Ardisa. 
 
Barrage de l'embalse de Ardisa

Cela me conduit à une piste caillouteuse à travers bois, plaines céréalières et autres monticules de terre. Il me reste vingt kilomètres à parcourir pour rejoindre mon étape du jour: Montmesa. Je me mets debout, en position tout-terrain, et je m'amuse comme un gamin jusqu'à l'arrivée vers 17h00. 

Piste pour rejoindre l'embalse de la Sotonera et le village de Montmesa

Comme hier, je n'ai pas eu grand choix pour choisir mon hôtel pour deux nuits. Le seul trouvé est celui où j'arrive. Le Mirador de Las Grullas sur l'embalse de la Sotonera. A priori, l'endroit est réputé pour l'observation des grues cendrées à la migration. La migration s'est faite en mars et avril. Je devrais donc être tranquille... Même, peut-être, trop tranquille. J'ai voulu joué, voyons si j'ai gagné. 
 
Hotel Mirador de Las Grullas
 
 Lundi 2 Mai: le soleil est resté couché aujourd'hui. C'est mon jour de repos. C'est donc un jour où je marche et me repose de la conduite à moto. A propos, j'ai gagné. L'endroit est certes très isolé, mais le personnel de l'hotel est charmant et le lieu est très confortable. Je n'ai pas encore fait de sommets gastronomiques au moment des repas, mais ce n'est pas le plus important et ce n'est pas grave. En-tout-cas pour le moment... 
 
 
 
Eglise de Montmesa
 
Ce matin, je marche. Je sors du village de Montmesa par la piste m'ayant permis d'arriver hier. Très vite, je bifurque sur le sentier marqué comme étant celui de l'observation des grues. Il n'y a plus de grues en ce moment, mais il y a de nombreuses cigognes. J'ai croisé les premières en vol hier. C'est toujours un moment magique, en tout cas pour moi. 
 
 
Le sentier est très agréable. C'est plat, donc peu d'efforts à fournir, et il y a de nombreux oiseaux qui enchantent l'ambiance. Progressivement, je me rapproche de l'eau. 
 
 
Comme je le disais plus haut, il n'y a plus de grues, mais il y a des cigognes. Et voilà qu'il y en a quelques-unes devant moi, à une centaine de mètres dirai-je... Ou cinquante mètres! Je n'en sais rien, en fait. 

J'ai eu la bonne idée de prendre mes jumelles en chargeant la moto et, qui plus est, je ne les ai pas oubliées en partant à pied, ce matin... Riche idée dans cette circonstance!  
 
 
 
Je m'essaye à faire quelques photos, sans être certains qu'elles soient de qualité sans matériel pour éviter le flou de bouger. Cette balade dure trois bonnes heures. Je croise quelques fermiers venant pour leurs moutons ou pour travailler leurs champs. Ils m'adressent toujours un joyeux bonjour et affichent un large sourire. Ils ne parlent qu'espagnol par contre... Donc l'échange est plutôt bref. Je ne connais toujours pas cette langue en dehors de quelques mots usités.
 
L'un d'eux m'avertit toutefois de quelque chose. Au début, je crois comprendre qu'il me dit que c'est interdit d'être ici. Mais pas du tout, il veut juste m'avertir que des chiens circulent librement. Ils sont là pour protéger et garder les moutons. Il m'indique qu'ils peuvent, éventuellement, aboyés en me voyant, mais que je n'ai rien à craindre. J'en suis fort aise. 
 
Incroyable ce que l'imagination, les gestes, les regards et les sons peuvent faire pour que les humains se comprennent vraiment. Et M'sieur Poutine, tu devrais essayer. 
 
 
Je déjeune à l'hôtel. Enfin, c’est surtout grâce à Sonia qui me prend en pitié. Quand je lui demande si je peux déjeuner, elle me fait comprendre que non, ce n’est pas possible... Avant de me demander si un bocadillo pourrait aller. C’est plus que je n’en espérais. Finalement, à 14h, on me présente la carta et je peux choisir ce qui me convient… Je  passe mon après-midi à d’abord faire la sieste puis ma première lessive, avant d’écrire et lire. Demain, je reprends la route.  Mais, pour l’heure, je plonge dans l’affaire Alaska Sanders et l’apéritif. 
 

Logo carnet de voyage
Merci pour votre lecture. Des questions ? Envie de réagir ?
N'hésitez pas!! Votez sur le contenu de cet article et/ou commentez-le. Vous pouvez aussi le partager.
Via le système de vote et/ou la zone "commentaires" (juste un peu plus bas) ou via le formulaire de contact (page principale du blog).
 
 
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Carnet de voyages Designed by Sylvain BAZIN and inspired by Templateism | Blogger Templates Copyright © 2019