Récit d'un voyage à moto dans les Bardenas à Pâques 2013
Voyage d'exception ou exception du voyage qu'il soit extérieur et/ou intérieur. Comme le dit Gérard Manset : "il voyage en solitaire, et nul ne l'oblige à se taire, il chante la terre, il chante la terre..." Et cette terre je l'ai vue dans toutes ses splendeurs. Ainsi que la nature nous la sert... à nous, juste observateurs humains que nous sommes...
L'itinéraire suivi :
C'est lors de recherches internet (à la fin de l'automne 2012) pour choisir ma future moto que je suis tombé sur plusieurs contributions décrivant le désert des Bardenas Reales. Un désert situé de l’autre côté des Pyrénées, au sud-est de la Navarre, pas si loin de Toulouse. Intrigué par cette découverte, j'en parle autour de moi. Personne ne connait. Ma curiosité et mes recherches créent ce petit "truc" qu'un voyageur ressent, l'envie de se mettre en mouvement pour quelque chose d'inconnu.
La décision d'aller étrenner ma toute dernière acquisition à deux roues dès que les beaux jours seront de retours est prise. Le passage de l'envie au désir impatient monte encore d'un cran après une virée du côté de Pau, cet hiver, pour terminer le rodage de ma Stelvio. En effet, la rencontre d'un couple charmant, propriétaire d'une chambre d'hôtes, et connaissant très bien la région des Bardenas, m'a donné, s'il en était encore besoin, le coup de grâce...Mon itinéraire évite soigneusement toutes les autoroutes et démarre de Toulouse. Le départ, ce 28 Mars, se fait sous la pluie et pour toute la durée de cette première étape. Arrêt à Roncevalles. Le lendemain, un beau soleil est présent (il sera de courte durée). Le col de Ronceveau derrière moi, je bifurque à gauche sur la NA140 puis emprunte les lacets de la NA178 jusqu'à Navascuès. Montagnes et forêts laissent place doucement à une végétation de plus en plus aride malgré une quantité d'eau impressionnante dans les champs et chemins bordant les routes..
Roncevalles |
J'arrive à Carcastillo. Je longe La Blanca (voir encadré sur le désert des bardenas un peu plus loin) par la route pour aujourd'hui. Quand je vois l'état des pistes je crains pour ma journée tout terrain de demain. J'arrive à Tudela par le pont enjambant l'Ebre, sans doute le meilleur point de vue sur la ville qui s'offre aux yeux des voyageurs dans ses plus beaux atours....
Entrée du parc des Bardenas |
Tudela |
Parc naturel des Bardenas reales
Le parc naturel des Bardenas Reales se situe en plein cœur de la dépression de l'Ebre. D'une superficie de 41845 hectares, le parc couvre 45 km en direction nord/sud et 24 km d'Est en Ouest. Le climat est de type méditerranéen avec de faibles précipitations (pics au printemps et à l'automne). Les températures peuvent monter jusqu'à 44° en été (Juillet). La légende indique que le désert s'est formé en raison de la conjonction de deux éléments : d'une part, le fait que tous les arbres de la région aient été sacrifiés pour construire l'Invincible Armada et, d'autre part, les conditions climatiques particulières de la région. Il existe de nombreux sentiers de randonnées pédestres ou VTT et quelques pistes autorisées aux véhicules à moteur. Ces chemins permettent d'aller au nord dans les parties appelées El plano (territoire à vocation agricole) et La Blanca (la partie la plus désertique ou l'érosion a créé des formes particulières) et au sud, La Negra (ou une forêt méditerranéenne s'est créée). Son accès est réglementé (le parc est ouvert de 8h du matin jusqu'à une heure avant le coucher du soleil) et un comportement responsable est attendu. La faune et la flore y sont protégées.
plus d'infos sur le site officiel: www.bardenasreales.es et sur les sites non officiels: www.bardenas-reales.net/ ou desertbardenasreales.free.fr
Suite du récit :
Ce 30 mars, après un petit déjeuner gargantuesque pour tenir toute la journée, visite de Tudela et cérémonie de Volàtin (voir encadré sur Tudela) sont au programme. Il est bientôt 10h, la foule commence à envahir la ville et se dirige vers la plaza de Los Fueros pour assister à la mise à mort de la représentation de Juda.
Suite au discours du maire et la dislocation de Volàtin, de tous les balcons surplombant la place, des dizaines de ballons sont lâchés. La clameur de la foule, la musique traditionnelle et les cris des enfants qui s'échinent à les récupérer se mélangent. Il est, maintenant, temps pour moi d'aller a Arguedas prendre les renseignements sur l'état des pistes de la Blanca et de la Negra.
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Tudela :
Tudela, située sur les rives de l'Ebre, est en apparence moderne mais la ville possède un cœur historique très bien conservé. Partir de la plaza de los Fueros pour parcourir toutes les ruelles alentours et profiter d'une plongée dans l'âge médiéval. Pendant la semaine sainte il y a plusieurs cérémonies (mais pas de magasins ouverts...). Deux ont retenu mon attention. Tout d’abord, le Volàtin qui se déroule le samedi saint à 10h00. Sur la place des Fueros cette manifestation symbolise la mort dans les tourments du traitre, Judas Iscariote qui livra le Seigneur à ses ennemis pour quelques pièces de monnaie. La deuxième, la descente de l'ange, depuis la Casa del Reloj dans un nuage de coton a lieu le dimanche de Pâques à 9h00 à l'arrivée de la procession. L'ange doit enlever le voile de deuil à la vierge. Ces cérémonies traditionnelles sont vieilles de plusieurs siècles (début au XIV ieme siècle) et puisent leurs origines dans la confrérie du saint-sacrement.
Voir http://www.tudela.es
Suite du récit : Arrivé au « centro de Information » du parc je trouve une employée parlant un peu le français. Elle me donne la carte du parc et m'explique que les pistes sont en très mauvais état en raison de la boue due aux récentes pluies abondantes.
L'accès aux véhicules à 4 roues est déconseillé, mais, ma moto et moi, devrions pouvoir passer en restant prudent. Une des pistes est par contre totalement impraticable, elle me la note sur la carte. Après les quelques kilomètres de la route d'approche je file sur la piste de droite...
J'y suis !! L'accès à cette partie est interdit à pied car il y a des nidifications, d'espèces protégées, en cours et bien visibles aux jumelles. Moment sympa, remplit de rires par nos incompréhensions respectives. Je repars. J'arrive à un passage complètement submergé. Le sol semble être en béton, le ruisseau déborde. Je m'arrête et observe. Il y a bien 25 cm d'eau. A cet instant, en face de moi, un motard. Le premier et le seul rencontré dans ce voyage. Je ne le quitte pas des yeux... Il contourne largement le gué puis s'arrête à ma hauteur. Hans, qui arrive d’Allemagne, roule avec une F800 GS équipée de pneus à tétines. Il se régale. Après quelques minutes de discussions en anglais nous nous séparons. Je ne peux prendre le même chemin que lui avec mes pneus mixtes. Après avoir vu passer un 4x4 je décide d'aller tout droit. Les semelles de mes bottes sont lavées. C’est mon premier gué avec cet engin de 290 Kg. J'ai le sourire...
Au fil des kilomètres les curiosités géologiques s'enchaînent. C'est vraiment étrange...Un zeste de monument valley ? J'emprunte la piste devant m'amener à El Paso et Carcastillo. Plusieurs fois, je croise la route de bardoneros surveillant leurs troupeaux de moutons. La boue est de plus en plus présente. Soudain, face à moi, la piste ressemble à une patinoire dans toute sa largeur, ce, sur une dizaine de mètres de longueur. Je reste un moment circonspect et dubitatif... Mon regard va de mes pneus mixtes à la piste devant moi... Je finis par me lancer. La roue avant s'enfonce, idem à l'arrière, ça dérape de tous les côtés et le guidonnage commence malgré la faible allure. J'essaie de récupérer tant bien que mal, mes jambes s’enfoncent à mi mollet. Impossible de trouver un point d'adhérence quelque part. C'est la chute. Sans gravité vu l'allure. Je soulève la moto sans difficulté mais le terrain gras et la glissade m'ont fait aller dans le sens inverse. Heureusement, un bon samaritain, garé à quelques mètres, accoure et, m'aide à déplacer la moto. Cela nous demande des efforts.
Mon samaritain est français, de l'Aveyron et possesseur d'une 1200 RT. L’échange sera chaleureux et plein de remerciements de ma part. Je sors de la Blanca, 3 heures sont passées...
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Je file vers Valareña et m'y arrête boire un verre dans le seul bar que j'aurai vu ouvert aujourd'hui. La route du retour passe dans la Negra ou un vent impossible souffle. Arrivé à Tudela je trouve un endroit où laver la moto et le pilote, couverts de boues. Le dimanche de Pâques commence par la cérémonie de l'ange à Tudela. Si particulière, pour un français, peu habitué à voir un prêtre haranguer la foule depuis le balcon d'une mairie ou, alléluia, est inscrit sur le fronton....
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Ma remontée vers Toulouse traverse l'Aragon après avoir quitté la Navarre (voir encadré sur Navarre et Aragon plus loin) et les Bardenas par le village d'Ejea de Los Caballeros. Au passage, j'aperçois des rapaces de bonnes tailles sans savoir qui ils sont...L'un d'eux a bien failli me percuter d'ailleurs. M'aurait-il pris pour un possible repas ? Je prends la direction d'Ayerbe pour quitter la route nationale et plonger dans des paysages totalement différents. La végétation aride laisse place à des forêts de pins et quelques oliviers. Au loin les Pyrénées enneigées apparaissent au détour d'un lacet.
Navarra et Aragõn
Vivre à l’heure espagnole est déjà un dépaysement. Horaires des repas, tapas après 19h… Ils sont tous dehors passé cette heure, mais où sont-ils avant ? J’ai eu les routes pour moi. Des gens plutôt sympathiques et accueillants mais parlant quasi-exclusivement l’espagnol dans ces régions. Casa rural le premier jour trouvée au détour d’une route isolée. Tarif d’exception pour son côté rustique aussi bien qu’exceptionnelle pas son côté ressourçant. Hotel de luxe à Tudela grâce à un tarif d’exception via internet. Gastronomie moyenne jusqu’au soir du changement d’heure. Là, à Tudela, le restaurant « Trinquette » pour sa carte incompréhensible pour un ignare en espagnol et le raffinement des mets tentés à l’aveugle (spécialité : l’accommodement des légumes). Spa et tout le toutim à Boltaña parce que je le vaux bien. Autrement, la semaine sainte en Espagne est riche en événements jusqu’aux processions qui, sans ressembler à celles vues dans « Astérix en Hispanie », sont nombreuses dans les quelques villes que j’ai traversées.
Je tiens à remercier les membres du forum gsfr (http://gsfr.forumactif.com/) sans qui ce voyage n'aurait pas eu lieu puisque le désir est né par leurs contributions.
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