Pour cette balade, juste avant la clôture de l'année 2020, le trajet passe, d'abord, par «Les balcons du Lauragais». Il file ensuite à travers les «gorges de la Vernassone». Le bouquet final, avant le retour au bercail, traverse le Cabardès et les chemins forestiers de Saissac.
La journée se place en équilibre, à la recherche du point entre Yin et Yang. Aujourd’hui, le feu vient du ciel. Il m’offre une belle lumière. La terre me donne l’itinéraire. L’eau est largement tombée cette semaine, cette journée n’en a pas besoin, elle coule des sommets aux plaines. Le métal ? Je l’enfourche dès la sortie du garage. Il va rugir, non, plutôt ronfler, ronronner, vu ma conduite et mes allures habituelles, toute cette journée. Les contreforts de la Montagne Noire et les forêts de Saissac fournissent le cinquième élément de ce parfait équilibre de ma journée : le bois.
Que les puristes me pardonnent pour cette interprétation, très hasardeuse, de la théorie des cinq éléments...
9h00, ce matin de décembre, quelques jours avant Noël et la fin de cette année 2020 qu’on m’avait souhaité bonne, il y a quelque 355 jours… Quelle blague mondiale!!
Je prends la direction de ce que j’appelle «Les balcons du Lauragais». J’ai découvert cette petite route il y a quelques mois, plus d'un an même, lors de cette balade avec mon pote David. Elle offre un panorama exceptionnel à travers le Lauragais. C’est un long chemin de crête. D’un côté la vue sur l’Ariège, elle descend des sommets, forme le département éponyme, et inonde les plaines de Haute-Garonne. De l’autre, le canal royal du Languedoc court jusqu’à la «grande bleue», le massif de la Montagne Noire à l'horizon. J'adore cette route. Dans le sens inverse à celui d’aujourd’hui, à moto, elle donne la légèreté, la sensation de liberté... Une impression de voler entre deux mondes.
Je dois, d’abord, rejoindre Lacroix-Falgarde par le chemin des Etroits. Je bifurque, à gauche, sur la D24 en direction d’Aureville. Je suis, maintenant, dans les coteaux toulousains. La campagne est superbe. Je roule sur des petites routes communales. La vitesse est donc réduite. Je profite des paysages, jusqu’à l’allée des platanes, peu avant l'entrée dans Espanes.
Le bitume est parfait. J’ai comme dans l’idée que les habitants de ces coteaux ne sont plus seulement des paysans… Le golf de Vielle Toulouse, si j’en doutais, en est un rappel indéniable. Je poursuis vers Issus, Auragne et les faubourgs de Nailloux. Je ne vais pas faire les soldes au village des marques. Je ne passe pas admirer les berges du lac de la Thézauque. Je me contente de longer la rivière du même nom jusqu'au village, où plutôt le hameau, de Monestrol. Le château, juste sur la droite, attire l’œil au passage. L’impression, dans la visière, impose un arrêt emprunt de curiosité. L'église apparaît ensuite... Juste en face du château.
Il est bientôt 10h00. Il ne fait pas très froid, mais j'ai, tout de même, envie de boire un café. Les bars étant encore fermés, je me débrouille en autonomie. Une aire dégagée, un panorama ouvert, conditionnent la réussite de la pause. La route m'offre l'endroit idéal. Je sors le réchaud et le café soluble. Je n'ai pas poussé l'idée jusqu'à prendre ma cafetière italienne...
Cela manque de convivialité, d'échanges, de sons, de bruits, d’éclat de voix, mais cela reste plaisant de boire ce "petit" café du matin. Je poursuis sur la D43. Elle m'amène à une patte d'oie qui marque la jonction avec la D72, également appelée la route de la Plaine de Lasalle. Je m'y arrête. A l'horizon, je vois un ensemble de bâtiment curieux. Le ciel est particulièrement joli entre bleu azur et quelques stratus (enfin je crois) cotonneux. Je me demande bien ce que c'est que ce bâtiment. Celui à gauche, sur la photo juste en-dessous.
Un coup de zoom sur le téléphone ne m'aide pas beaucoup plus. Sur l’instant, sans mes lunettes sur le pif, cela reste bien trop flou.
C'est assez étonnant quand je regarde cette photo (celle juste après ce texte) sur l'écran de mon ordinateur assis dans mon fauteuil... Là, tout est bien clair. Devrais-je me poser des questions pour conduire? 😀
Mais je reviens sur la route et la patte d'oie, dans les conditions réelles. Je ne vois rien. Je n'ai pas envie de sortir les lunettes. Ma curiosité est à son comble. Je dois aller voir. La carte m'apprend que c'est le village de Beauteville.
Ca y est, je vois : il s'agit d'une église et d'une sorte de château accolé. La tourelle, que je voyais à l'horizon, constitue une sorte de donjon central. Pour ce qui est d'en savoir plus, je dois attendre d'être devant mon ordinateur... Aucune information sur place.
Après la balade, l'écran de mon ordinateur m'apprend que les habitants du village se nomment les beautevillois et beautevilloises. La superficie de cette commune rurale est de 449 Ha. Elle appartient au canton de Revel ou à celui de Villefranche-de-Lauragais. Ce point n'est pas très clair... et mérite des recoupements que je ne ferai pas. En 1793, il y avait 330 habitants. Au dernier recensement de 2017, la population est de 175 personnes. Ah!! L'église est dénommée "St Blaise". Elle date du XVIIIe siècle. Malheureusement, je ne trouve rien sur le château...
Je passe plusieurs fois au même endroit suite à un cafouillage de guidage GPS. Je m'y perds entre la D43, la 43J et la D43D au-dessus d'Avignonet-Lauragais... Ce cafouillage finit par être opportuniste dans le sens où il m'offre de superbes panoramas. En effet, pour rejoindre mon itinéraire, j'emprunte une route minuscule longeant le ruisseau des Brougues. Passer de l'autre côté et rejoindre la D1517 m'obligent à monter une colline. Le sommet de la grimpette me donne ceci :
Vue côté Aude |
Je longe le lac de La Guanguise. La D1517, à cet endroit, délimite à gauche, la Haute-Garonne, et à droite, l'Aude. Je quitte ce que j'appelle les balcons du Lauragais. Je passe sous l'autoroute des deux mers. Je me demande d'ailleurs si je ne vais pas arriver à un cul-de-sac, tellement cette route est improbable. A un moment donné, je bifurque sur le chemin du médecin et j'arrive à l'écluse de la Méditerranée. C'est une écluse à chambre unique. Elle marque le début de la section descendante du canal royal du Languedoc, autrement appelé par les coupeurs de tête de 1789 : le canal du midi.
De nouvelles petites routes me font rejoindre l'ancienne Nationale 113 qui s'appelle maintenant D6113. Cela m'amène à Castelnaudary où je bifurque sur la D103 en direction de St Papoul. Inutile de m'y arrêter, les arrêtés préfectoraux font que je ne peux faire un tour dans le merveilleux cloître de l'Abbaye-Cathedrale. Cette portion de route me fait entrer dans le Cabardès. Outre le vignoble associé, le Cabardès, c'est aussi l'entrée dans le monde Cathare. Il s'étend du Pic-de-Nore jusqu’à Carcassonne. J'arrive à Saissac, au pied des contreforts de la Montagne Noire. Les ruines du château, à droite sur la photo ci-dessous, forment LE site touristique du village. Là, comme cela, cela ne paye pas de mine...
Ces vielles pierres ne m'attirent pas particulièrement. Ce qu'elles représentent vis-à-vis des Cathares et de leurs histoires sont, par contre, digne d'intérêt. Non!! Pour moi, le château de Saissac n'est pas une cible de balade en tant que tel (le site internet référencé pourrait presque me faire changer d'avis...). Par contre, le village surplombe un paysage exceptionnel.
Avant de rejoindre les chemins forestiers, la faim est là. J'avise un panneau indicateur sur la gauche. Il annonce un lieu de pique-nique. Vu la situation actuelle, j'ai apporté de quoi me restaurer. Je m'enfonce dans le cœur de Saissac par l'Allée de la promenade. J'espère bien trouver un bel endroit pour remplacer un repas gastronomique impossible.
J'ai trouvé!! Au pied d'un bois, avec une vue dégagée, les soubresauts d’un ruisseau en contrebas en fond sonore. Il y a des tables. De l'eau grâce à une fontaine. Je m'installe et sort de quoi faire ma tambouille.
Au menu: bœuf stroganoff au paprika, un morceau de comté, des fruits et un café chaud. Exceptionnellement, je m'arrête sur cette boite de conserve Bio, a défaut de faire de la publicité pour un restaurant. Tout y est délicieux, les pommes de terres, le bœuf.
J'allais oublier : divine... la sauce au paprika. Au propre comme au figuré, comme l'indique l'étiquette de la conserve.
Ou alors, peut-être, est-ce simplement le goût de cette liberté de manger ailleurs que chez soi...
Sans doute les deux!
Saissac |
Je reprends la route, rassasié et réchauffé. La D408 m'emmène dans les massifs forestiers alentours. Elle m'ouvre les chemins autorisés à la circulation. Maintenant, je suis entre Aude et Tarn.
Cet espace naturel sensible semble relativement aménagé. Je croise pas mal de départ de randonnées. Aujourd’hui, les chasseurs sont nombreux. C'est encore l'heure du repas pour eux. Ils ne semblent pas concernés par les règles de distanciation.
Mon terrain de jeu pour les 2 heures à suivre sera donc la forêt domaniale de la Montagne Noire et la forêt de la Rouge. Les panneaux sont clairs : route forestière - circulation autorisée, mais priorité aux véhicules forestiers. Je ne devrais pas être très embêté aujourd'hui.
La route, étroite et parfois encombrée, monte régulièrement vers Lacombe. Les portions bitumées s’amenuisent. Les chemins sont très gras. Compte tenu des pneus d’origines toujours en place, je ne m’y aventure pas. J’ai hâte de pouvoir les remplacer. Je n’attendrais, sans doute pas, l’usure complète. Je rejoins la D253 et Font Bruno. Je quitte à nouveau la départementale pour m’enfoncer dans une nouvelle route forestière. J’arrive aux bassins de Roudille. Le ruisseau du Mouscaillou alimente les deux bassins. Un panneau indicateur précise les règles de pêche.
L’endroit est particulièrement bucolique. L’effet miroir des bassins apporte une jolie note artistique loin de la mode urbaine des miroirs d'eau. Le site est très bien aménagé pour un pique-nique, un barbecue. Y passer une journée de pêche, de randonnée serait sans doute très agréable dans la chaleur de l'été.
Il est temps de rentrer. L'extrémité Est de ma balade est atteinte. J'en ai encore pour une heure de roulage en forêt. Je rejoins la D14 et Arfons. Circulez seul, à travers cet enchevêtrement d’arbres dénudés, au milieu de ces feuilles au sol, à entendre les bruits de la forêt est assez fantomatique, voire envoûtant. Je trouve cela très agréable. Les sensations perçues me revigorent. J’aime faire cela à pied. J’aime faire cela en voiture. J’aime aussi le faire à bicyclette. Mais le faire à moto - c’est tout bonnement sublime. Ce que je ressens dans le corps est indescriptible. Ma tête tutoie les anges. Mes synapses s'électrisent. Les neurotransmetteurs s'approchent du "burn-out". Ils bougent au rythme des pistons. Ils sont sensibles aux mouvements de la moto transmis par les mains et les pieds à mon corps. L'échange chimique se combine aux odeurs respirées, aux images imprimées jusqu'à provoqué une certaine ivresse. Oui! C'est cela. Je suis ivre de bonheur.
La fin de l'après-midi arrive doucement. La lumière devient rasante. Je rentre sur Toulouse via les départementales. Je profite de ces derniers instants de balade, seul. La circulation devient bien plus dense avec l'arrivée à Quint-Fonsegrives. J'ai comme l'impression que ma parenthèse de 250 kilomètres se referment. J'ai comme l'impression que le point d'équilibre est parfait.
Passez de bonnes fêtes.
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