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La Transpy du Babaz - De Sieste à Espelette (3)

Cet article relate les deux dernières étapes m'amenant à toucher le point le plus à l'Ouest de cette transpyrénéenne. Allons-y pour deux randonnées, deux étapes à moto, et une belle rencontre avec la « Belgitude »… 
 
 
Il est vrai que cela change le point de vue sur le monde et, pour ainsi dire, que la carte n’est pas le territoire. Après l’étrange « bravitude » de Ségolène qui me laissa de marbre auquel j’ajoute, la récente habitude, des quadra français qui se croient tout permis dans le monde professionnel, sous un terme que je qualifie, sans vergogne, de « macronitude ».  Cette satanée « macronitude » me fait montrer, assez rapidement, les crocs maintenant. La « magnifique belgitude », de mes compères de rencontre, me laisse dans une joie légère et me ramène aux parfums, très agréables, des voyages. Qui, il faut bien le dire, était un peu perdu depuis l’arrivée de ce virus en 2020.  

La dernière fois, j'arrivais à Sieste et perdais quelques artifices humains, sur le toit, après une lessive...  
Je me réveille donc le samedi 6 mai, sous les toits de l’Abadia de Sieste.
  
Itinéraire Suivi:
 
 
Itinéraire depuis le début du voyage : 
 
 
Samedi 6 mai, c'est donc mon jour de repos à Sieste. Comme Philippe Léotard qui, dans son hamac à Macao trouvait qu'il fait chaud ou qu'avec son imper à Quimper, y a un marin à terre. Et bien de mon côté, je fais la sieste à Sieste au bord du Rio Sieste. Mais, avant de me reposer, je pars en randonnée pour faire travailler mes guibolles. 
 
Mon choix se porte sur l'unique randonnée trouvée. La boucle des « Pozas de San Martin ». Il s'agit de marcher dans le Canyon du Rio Sieste, de découvrir les piscines naturelles et monter à Morcat, tout en haut, pour le panorama sur la magnifique vallée d’Ordesa et du Mont Perdu. Les informations glanées sur Internet m'indiquent une randonnée « facile » d'une durée de 3h pour 10 km, auxquelles j'ajoute les 4 km allé/retour depuis l'hôtel, donc presque 4 heures pour moi. Je ne veux pas prendre la moto. 
 
 
Je profite du soleil matinal pour faire quelques vues du village. Comme dit plus haut, pour rejoindre le départ de la randonnée, je dois faire 2 kilomètres depuis l'hôtel. Ils se font sur la route malheureusement. Là, c'est en descente, tout va bien. Le retour sera plus fatigant... 
 
 
Vais-je voir de l'eau dans ces piscines naturelles ? Vu le manque cruel d'eau en Espagne cette année. Arrivé au point de départ, cela devient plus agréable. Le sentier longe la rivière. Pour l'heure, c'est plat. Dans la rivière coule un mince filet d'eau.
 
Il faut gravir quelques rochers pour accéder aux piscines naturelles. S'il y a plus d'eau, je me demande où passe le sentier…  Là, comme ça… Je ne vois pas. 
 
 
Bon là forcément, avec le manque d'eau ce n'est pas très spectaculaire. Je traverse la cascade, sans grandes difficultés, compte tenu de l’absence de flots rugissants, et rejoins les rochers de l'autre côté. C'est un peu casse-gueule, tout de même. Une fois le sentier retrouvé, je pars sur la gauche et monte vers le lieu-dit « Morcat ». Je m'aperçois que les courbes de niveau sont nombreuses et que le sentier les coupe jusqu'à l'arrivée... C'est donc que la montée va être raide. 
 
C'est bien le cas. Je m'y reprends à plusieurs fois pour retrouver mon souffle. J'arrive en haut, après une bonne heure de montée. 
 
 
Je reste peu de temps au sommet, cette montée m’a, un peu, brisé. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi dure. Cette randonnée n'est pas facile. D'une part, cela grimpe fort plusieurs fois, et il faut gravir un terrain rocailleux et glissant qui plus est. De mon point de vue, elle devrait être indiquée de difficulté « moyenne ». 
 
Le sentier de descente fait une boucle sur la rivière et reviens vers les piscines naturelles. Là aussi, elle est très raide. Il est 11h15 lorsque j'amorce cette pente. Depuis le matin, je n'ai croisé personne. Cela commence à changer, j'entends des voix, en dessous de moi. Tiens! Ca alors! Un type grimpe par là, avec son VTT, à côté de lui. Je trouve ça incroyable et incongru. Un peu plus loin, je croise de plus en plus de monde. Il y a même des Français. Il est vrai que ce sont encore les vacances, je crois. 
 
 
Je suis de retour à l’hôtel vers 13h30. J'aurais bien aimé trouver une voiture, pour me faire remonter au village, car les 3 derniers kilomètres ont été durs, sous le soleil et encore en montée. Pas de bol, une seule est passée devant moi, et elle ne s'est pas arrêtée, malgré mes signes... Peut-être que je fais peur ? Pas rasé, en sueur, et fatigué... 
 
Le repas de midi est encore délicieux. Cet endroit est vraiment une belle adresse, tant sur le plan du confort de l'hôtel que de la qualité des produits et de la cuisine réalisée. Le prix, aussi, est très raisonnable. 
 
Je consacre mon après-midi à la sieste vraiment utile vu mon état d'épuisement, puis je finalise les deux parcours moto à venir et commence à ranger mon fourbi. Ensuite, je me pose sur le banc de la place du village, face à la montagne et le Mont Perdu, pour lire quelques heures, sous la protection de l’ombre de grands arbres. 
 
Dimanche 7 mai, les stigmates de l’orage de la nuit sont visibles dans le village. Je continue d’aller vers l’Ouest, aujourd’hui. Je me rapproche de l’océan. 
 
Je connais bien ce secteur. J’ai quasiment fait toutes les routes. 
 
Pour l’heure, je souhaite rejoindre une piste de 20 kilomètres environ, du côté d'Isin. Malheureusement, la route est coupée. Impossible de rejoindre le terrain de jeu imaginé depuis plusieurs mois. Du coup, je modifie ma stratégie. J'utilise le système de routage tout-terrain pour les gros trails, disponible avec l’application Osmand et le travail de cricri, dont j’ai déjà parlé précédemment. 
 
 
Je suis stoppé à la sortie du village de Larres. Je programme le GPS pour qu’il m’emmène à Castillo-de-Jaca, puis à Aisa, où je reprendrai l’itinéraire prévu. Au gré de la route, Osmand me fait passer par quelques pistes et les plus petites routes possibles. Bien sûr, le choix définitif est à faire par moi. Sois j'y vais, à mes risques et périls, sois je fais l’impasse sur la proposition. 
 
 
 
Sur cette portion de parcours modifié, d’une longueur d’environ 50 kilomètres, j’accepte toutes les propositions faites par l'application. Les pistes routées sont des chemins agricoles, la plupart du temps. Ils sont, largement, carrossables et constitués de pierres ou graviers. 
 
 
Je me retrouve même à longer la nationale, sur un chemin contiguë qui me fait passer sous la nationale, et à côté d'une voie ferrée. Je me demande bien où cela va même mener. 
 
 
J’arrive, sans encombre à Castillo-de-Jaca puis ensuite à Aisa. Là, je retourne à mon trajet initial. La route conduisant au superbe village et dans la vallée d’Hecho est toujours aussi défoncée. Je ne la compte pas en piste, mais vu son état, je pourrai la considérer, presque comme telle, dans mes statistiques. 
 
Le village d’Hecho 
 
La suite du trajet est identique à ce que j’ai fait, lors de ma balade aragonaise l’année passée, et déjà évoquée dans les articles précédents de ce voyage. Car oui, je suis toujours en Aragon. Je passe la fosse de Biniès. 
 
 
J’arrive au village de Sos-Del-Rey-Catholico, mon étape du jour, vers 16h00. Ainsi, après la douche, j'ai le temps d’en faire le tour. Cela fait plusieurs fois que j’y passe sans avoir pu y consacrer un peu de temps. 
 
L'hôtel est aux portes de la ville médiévale. Je m’y promène une heure, pas besoin d’y passer plus de temps. En-tout-cas, pour ce qui me concerne, bien sûr. 
 
 
 
 
 
Je trouve l’ambiance particulière. Quelque chose ne me plaît pas… Je ne sais pas encore dire de quoi il s’agit. D’abord, c’est très enfermé, battu par le vent. Puis, il y a peu de choix en restauration. A ce propos, les prix pratiqués me semblent particulièrement élevés, par rapport à tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent. C’est équivalent aux prix de Cadaques, or Sos-DEl-Rey-Catholico ne joue pas dans la même catégorie, tout de même. Le choix du repas du soir s’avère goûteux, mais également, coûteux pour le porte-monnaie… Trop, bien trop, pour ce que j’avais dans l’assiette. En fait, je crois bien que mon problème de digestion de « Sos-Del-Rey-Catholico » se trouve là… 
 
Le bilan des pistes du jour s'avère très moyen du fait de l'impossibilité d'accéder à celle imaginée. Si j'ai fait 20 kilomètres de chemins, c'est le bout du monde. Sois environ 7,5 % du kilométrage total. 
 
Je me réveille ce lundi 8 mai avec mon problème de digestion. Cette journée doit, impérativement, me le faire passer, que diable! Le soleil est radieux. A 9h00, je mets en route. 
 
L'itinéraire passe par le parc éolien de Sofuentés. En effet, avant de remonter vers le nord, je descends vers  le sud, dans l'unique but de faire cette charmante route qui se déroule sous un bitume parfaitement lisse. J'y croise plusieurs champs de coquelicots qui me mettent dans une bien belle humeur, que je qualifie de poétique et d'amoureuse.  
 
 
Cela me pousse à faire quelques clichés pour un message amoureux, de bon-matin, vers mon épouse. Les premières pistes en terre arrivent également. Elles sont larges et très praticables, joueuses mêmes. Je suis en Navarre, à présent. 
 
 
Cette fois, je remonte vers le nord. L'itinéraire me conduit sur un « Camino » que je vais considérer comme une piste, vu son état désastreux en termes de bitumes. Il longe le canal d'alimentation en eau des Bardenas. En effet, j'en suis tout proche. 
 
Canal d'alimentation en eau des Bardenas
 
L'alternance de routes et de chemins, agricoles la plupart du temps, me conduit toujours plus haut, vers le Nord. Le chemin, qui sera le dernier chemin espagnol, est une piste en terre particulièrement défoncée. Vu mon état d'esprit du jour, je m'y aventure, tout en sachant que le demi-tour est possible, en cas de passage trop « délicat ». Fort heureusement, la pluie de la veille n'a pas suffisamment humidifié le terrain. Je ne rencontre pas de bourbiers. Les pentes ne sont pas fortes et il n'y a pas d'épingles à passer. 
 
 
C'est drôle, la moto saute de bosses en bosses, passe dans les ornières, glisse sur les caillasses... Ca fait clong, ding, poc, tchoum, twiiii, et je m'amuse, mais je m'amuse... Jusqu'à ce que je tombe nez-à-nez avec un gros, un très gros, tracteur et son jeune chauffeur. Là, je ne fais pas le poids. 
 
On se fait un signe amical. Il m'indique qu'il va monter sur le talus, pour que je puisse passer. Je suis impressionné par la vélocité de l'engin. Il embrasse le talus sans broncher, son inclinaison est incroyablement forte et le type me dit de passer. 
 
A la sortie, je retrouve la route et le bitume que je ne vais plus quitter, jusqu'à mon arrivée, ce soir. L'océan se rapproche. Je sens son influence sur le climat avec la baisse de la température. Le thermomètre de la moto ne monte pas au-dessus de 18°, alors qu'il est presque midi. 
 
Après Eugi, je prends la route du merveilleux col d'Artesiaga amenant au village d'Irurita. Cette partie est une belle découverte. J'approche d'Elizondo, mais je ne bascule pas encore vers la France. Non! Je dois, d'abord, passer par le col du Puerto-de-Otsondo  et basculer dans la vallée du Batzan. Mon dernier passage ici date de quelques années, et je l'avais fait, totalement plongé dans la brume.  Aujourd'hui, le ciel est bien dégagé. 


 
J'entre en France, un peu plus loin, par un col que j'affectionne particulièrement. C'est le col d'Ibardin. Je profite, avant de quitter l'Espagne, de faire le plein d'essence puisque le tarif est nettement plus avantageux, ici. La circulation est digne d'une période de vacances. Diable!! Que se passe-t-il! Mais oui, bien sûr... Nous sommes le 8 mai, le week-end est prolongé. 
 
J'enchaîne vers Olhette, Ascain et Sare. Je passe Cherchebruit et arrive à Espelette, mon étape pour les deux jours à venir. 

Espelette

Et voilà, je suis de retour en France. Mon hôtel est plus cher qu'en Espagne, la chambre est plus petite, j'étouffe. Nous sommes lundi, et bien que ce soit un jour-férié, la plupart des restaurants sont fermés. Et par-dessus le marché, le village est coupé en deux par une palissade, tel le mur de Berlin, en son temps. Incroyable... 
 
Je vais donc dans le seul lieu ouvert pour se restaurer en ce lundi 8 mai, un brin chafouin. C'est là, après quelques minutes et avoir commencé mon repas, que je prends une leçon de vie. 
 
Entre, une dame, d'un âge certain, à la figure plutôt stricte, pour ne pas dire revêche. Elle demande la table que son mari a réservée, un peu plus tôt dans la journée. On lui propose de s'installer à une table située juste à côté de moi. Elle s'installe presque face à moi. Elle me lance un bonjour auquel je réponds, bien évidemment. La politesse est le seul art gratuit, et c'est elle, qui fait que la vie est bien plus douce, entre les humains. 
 
Son mari arrive. Je vois son dos et l'arrière de son crâne et donc sa chevelure argentée. Très vite, je comprends qu'ils sont belges. Tous, dans les comportements, l'indiquent. La fameuse « Belgitude ». Celle qui fait que nos cousins sont bien plus enclins à rencontrer la vie, telle qu'elle est, avec légèreté et bienveillance, tout en ayant la possibilité d’en rire le plus vite possible. 
 
Le festival commence avec le jeune serveur qui s'occupe d'eux. Les deux compères, complices, amoureux, l'entreprennent sur le menu. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire en les entendant. La Dame me regarde et comprend que j'ai compris. Elle a le rire accroché aux lèvres. Je vois son mari faire plein de soubresauts, pris qu'il est, d'un fou-rire. Nous échangeons quelques mots et arrivé au dessert, je leur offre un Patxaran. 
 
Ils m'invitent à leur table et la discussion se poursuit jusqu'à une heure plus avancée, sachant qu'ils sont plus « poire William » que « Patxaran ». Les deux complices s'appellent, pour le bien de leur anonymat, Hubert et Marie-Lou, mais maintenant que je suis intime, je dois dire Milou. Milou à un peu plus de 80 ans et Hubert y arrive. Ils sont partis de Belgique, près de Waterloo, il y a quelques jours, sur un coup de tête, dans l'idée de rejoindre Bordeaux d'ici 3 jours, pour un rendez-vous et le départ d'une croisière fluviale. Hubert collectionne les guides Michelin, dont l'édition de 1904, et il avait besoin de s’arrêter à Clermont-Ferrand. Ensuite, cela a été Béziers, Carcassonne et Toulouse, où ils étaient hier. Ô Toulouse, comme le dit Claude Nougaro. Ô Toulouse… Mais c’était mort hier. Hubert et Milou se sont fait chier, il faut le dire!
 
Je n'en dirais pas plus sur nos conversations, mais je suis invité à m'arrêter (avec mon épouse aussi, si je veux…) près de Waterloo, quand j'y passe à moto ou pas (hors de question de laisser garer la moto dans Bruxelles dans la rue, dixit Milou). 
 
Bref, quel bonheur d'avoir échangé avec ces personnes, pleines d'entrain et de légèreté. Et la « Belgitude » y est pour beaucoup. La seule personne à sortir son téléphone fut moi, pour l’envoi d’un message à mon épouse, afin de lui demander le nom du restaurant que tenait son père à Arlon. Hubert voulait savoir. 
 
Mardi 9 mai, le temps est maussade ce matin. La pluie est prévue forte à partir de 11h00. J'abandonne l'idée de la grosse randonnée et la remplace par la « randonnée des familles ». 2h30 pour 7 kilomètres, autour d'Espelette. Et cela, d'autant plus que les « poires » d'hier soir  (car il y en eut plusieurs…) me font, encore un peu, mal au crâne... 
 
 
Cette balade démarre dans le village, aux portes de mon hôtel. Il est 8h30, avec un peu de chance, je serais de retour avant la pluie. 
 
 
Après le circuit urbain, le sentier avance dans les collines alentour. Je croise quelques animaux en pâturage et quelques humains dans la partie, urbaine, de cette balade. C'est plutôt champêtre et agréable. Je rejoins les bords de la Nive. 
 
 

La pluie participe à la randonnée avant mon arrivée au bout, mais j'ai tout prévu. Je sors le dernier équipement à la mode pour ce genre de circonstance. J'espère juste que le vent ne va pas être de la partie, sinon je ne suis pas sûr que l'équipement tienne le coup...  
 
 
En remontant vers le village, je passe près des champs de piments, le fameux qui pend aux murs des maisons d'ici. Vu le nombre d'ouvriers à la tâche, c'est la bonne période de plantation visiblement. 
 
 
De retour au village, je ne peux que faire le même constat qu'un enfant, dont j'ai entendu la réflexion hier, à la découverte du bourg: 
 
    -« Ben on dirait qu'ils aiment le rouge ici! »  
 

Vu la météo, je trafique à l'hôtel et en profite pour me reposer et finir cet avant-dernier article consacré à cette « Grande Traversée ». 
 

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1 commentaire:

  1. Bravo Babaz pour ce CR, je prendrai bien un peu de ciel bleu pour mettre au-dessus de ma route 😉. Stéphane

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