L'été indien bat son plein en Occitanie. Après un week-end en amoureux sur la côte basque, un brin perturbé par un meeting aérien dont nous devions être les seuls à ne pas avoir entendu parler, je pars seul à moto aux portes du Larzac et des Cévennes.
Site du Pont du Diable - Gorges de l'Hérault |
La boucle de deux jours trouvera son point d'orgue dans un village au nom bien long en regard de sa taille. Ce village, situé dans le val de Gellone, fut fondé par « Guilhem d'Orange » en l'an 800. Le gazier est petit fils de Charles Martel et cousin germain de Charlemagne... C'est tout dire.
Itinéraire suivi :
Samedi 23 octobre à 8h00, je mets le contact. La nuit, encore balbutiante à cette heure, va bientôt disparaître. Il fait frais, pour ne pas dire froid. J’ai la banane accrochée aux lèvres. Très vite, cette émotion se transmet à tout le corps. Je frétille du plaisir à venir. Les premières lueurs du jour laissent apparaître une petite brume.
J’aime cet instant où les prémices de la journée sont de bons augures. L'instant vécu, représenté par les photos ci-dessous, me mets en joie… Quoi de mieux ?
Alors que je suis toujours en région toulousaine, les Pyrénées se détachent dans la brume à l'approche de Saint-Hilaire et de son clocher. Cette vision m'envoûte un peu plus. Je me sens, presque, hors du temps. Là, arrêté au bord de la route, casque sur la tête, dépassé par deux ou trois voitures, un message trotte dans ma tête: mince alors, c'est beau tout de même... Quelle chance d'avoir ces montagnes!!
En fin d’après-midi, j’atterrirai à Saint-Guilhem-Le-Désert… Mais, pour
l’heure, je file plein sud vers Foix… Cette direction n’a rien à
voir avec l’Hérault, bien sûr… Non! Je ne me trompe pas. Le chemin n’est jamais le plus court. Je succombe à la tentation de la découverte. En effet, aujourd’hui, je
veux découvrir quelques nouvelles routes. Assez peu en fait, mas le jeu
en vaut peut-être la chandelle… Puis, de toute façon, je suis là pour rouler...
Foix et Lavelanet passés, j'arrive à Belesta et grimpe vers Roquefeuil. Le passage dans l'Aude marque l'arrivée du soleil. Il inonde le plateau et réchauffe, un peu, l'air ambiant. Tout de suite, les couleurs éclatent.
Roquefeuil |
J'arrête les poignées chauffantes, mais ne quitte pas la petite doudoune apportant la chaleur nécessaire au corps. La température monte, certes... Mais elle ne fait que passer de cinq à douze degrés.
La route, celle que je veux découvrir, démarre dans quelques minutes, juste après Espezel. C'est la D107 longeant le Rebenty et passant par le défilé du Joucou.
Défilé du Joucou |
Cela valait le détour! A présent, je retrouve cette départementale venant de Quillan et des gorges de la Pierre-Lys. Arrivé à Caudiès-de-Fenouillèdes, cap au Nord en direction du pic de Bugarach. L'atmosphère Pyrénéenne laisse place aux paysages caractéristiques du massif des Corbières. L’heure du déjeuner approche. Je cherche en vain, pour le moment, un restaurant.
C'est seulement en descendant dans la plaine que je trouve quelque chose. Il est déjà 13h30. Lagrasse semble être une petite ville charmante. C'est mon premier passage ici. La ville repose dans une sorte de cirque ou d’amphithéâtre ou coule l'Orbieu. Comme souvent, dans le coin, l’ambiance est médiévale. La ville est bien équipée en restaurants. J'en compte pas moins de cinq ouverts aujourd'hui. C'est, sans aucun doute, la caractérisation d'un lieu plutôt touristique.
Lagrasse |
Un ciel intensément bleu s’affiche pour
l’après-midi. Après le massif et la plaine des Corbières, j'entre dans les vignobles et dans les zones plus arides du Minervois. Avant d'y être tout-à-fait, je dois franchir deux points de repères servant de frontières entre ces paysages: l'autoroute A61 et le canal du midi. Je longe, durant quelques kilomètres, ce dernier à Argens-Minervois. Je passe de l'Aude à l'Hérault en montant vers Minerve. Cela m'offre un splendide panorama sur les Corbières et, au loin, les montagnes où j'étais dans la matinée.
Plaine des Corbières |
Minerve |
Les heures lumineuses et ensoleillées s'étendent dans un plaisir agréable où je roule et profite de l'ivresse d'une belle balade à moto. J'entre dans le Parc Naturel Régional du Haut Languedoc juste après Rieussec. Je passe Olargues et remonte l'Orb jusqu'aux portes de Bédarieux. C'est le dernier tronçon de ma journée. Sur ma gauche, je vois, au loin, le lac du Salagou et ses berges rouges. L'ambiance est quasi estivale... Je frise avec les 25 degrés. Cela fait un moment que j'ai tombé la doudoune, la mentonnière du casque et ouvert quelques aérations de ma veste.
J'arrive à Saint-Jean-de-Fos. Je m'arrête pour une bonne demi-heure. Le temps de me dégourdir les jambes en allant voir le pont du diable (voir photo en tête de cet article) par la passerelle des anges. Le site, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, regroupe autour du vieux pont roman construit entre 1028 et 1031, la maison des grands sites, une grotte à visiter, une plage, quelques sentiers en sus du GR de Saint-Jacques et les départs de balades en canoë. En saison, l'endroit doit être blindé... Aujourd'hui, cela reste peu fréquenté et très agréable.
Passerelle des anges |
Les gorges de l'Hérault |
Encore quatre petits kilomètres pour rejoindre mon étape du soir. Il est 17h30 quand j'arrive. Je m'étais promis de faire une étape dans ce lieu lors de mon dernier passage pour un déjeuner qui date de cinq ou six ans. J'ai déjà visité le village, mais c'était il y a plus de 24 ans. J'aurais mis le temps à revenir pour y dormir...
Je reviens à Guilhem d'Orange... Donc, le gazier découvre l'endroit en 804. Il veut se retirer du monde. Est-ce dû à son passé de guerrier ? à un amour perdu ? Je n'en sais rien, faut pas abuser tout de même. Bref! Le type est guidé par Saint-Benoit qui a fondé le monastère d'Aniane. Il s'installe dans le val de Gellone. Il veut être seul et là, comme c'est un trou perdu dans la montagne héraultaise, c'est gagné. Le village entier arrive quelques temps plus tard. Il prend son nom suivi du suffixe « le désert » au XIIe siècle, soit bien après la mort du fondateur, cela devient donc : Saint-Guilhem-le-Désert.
A 18h30 je pars en visite…
Abbaye de Gellone et place centrale avec son platane planté en 1855 |
La fraîcheur du soir tombe assez vite. Il n'y a pas grand monde. Quelques échoppes, classiques de ce genre de lieux, sont ouvertes. Les ruelles, très pittoresques, invitent à une déambulation calme et encore fleurie.
En dehors de la place du village, mes souvenirs sont vides... L'endroit est indubitablement agréable à visiter. En allant tout au bout des rues, je découvre un parking à flanc des rochers et quelques départs de randonnées dont les circuits des Fenestrettes et celui de Notre-Dame du lieu plaisant.
En redescendant vers mon hôtel, situé à l'entrée du village sur la route principale, je m'arrête au seul bar encore ouvert, une brasserie artisanale dotée d'un superbe patio équipé de fauteuils et de chaises confortables. Passé 19h30, ce 23 octobre, seul un bar et 3 restaurants sont encore ouverts. A mon arrivée, j'avais compté 4 bistrots ouverts. Deux groupes de quatre personnes sont attablés. La nuit est maintenant bien installée. Vers 20h, je pars dîner. Il me faut traverser le village. Je ne croise personne... Il n'y a pas un bruit, pas une lumière. A croire qu'il n'y a aucun habitant. Je dîne fort agréablement au restaurant de mon hôtel.
Dimanche 24 octobre à 8h30, je mets en route. Il fait plus froid qu'hier matin. Quatre petits degrés sont affichés au thermomètre de la moto. Le soleil est déjà au rendez-vous. Je suis obligé de redescendre jusqu'à Montpeyroux avant de remonter vers le nord et les Cévennes en direction du col du vent.
Montpeyroux |
En haut, c'est le plateau du Larzac qui commence. Le cirque de Navacelles est tout près sur ma droite. Au loin, j'aperçois la barrière des Cévennes. Je passe de l’Hérault au département du Gard. Le thermomètre de la moto est passé au bleu et il clignote en affichant 0 degré. L'herbe est d'ailleurs givrée par endroits. Je suis happé par le paysage au-dessus du village de Vissec.
Vissec |
La route est à moi. Je suis seul depuis une bonne heure. Cela dure jusqu'à mon entrée dans les gorges de la Dourbie. Je fais un écart pour aller récupérer une toute petite route à Saint-Jean-de-Bruel au pied de l'Aigoual. Elle m'emmène au-dessus de la rivière, juste au pied du magnifique village de Nant, sur le pont de la Prade. Cela fait quelques minutes que je suis en Aveyron.
Pont de Prade à Nant |
Je m'arrête au village et marche afin de me réchauffer un peu. Je m'installe, quelques minutes, en terrasse au soleil et prend un café. Quel bonheur! Je ne dois pas trop traîner tout de même. En continuant, je me rends compte, qu'ici, les couleurs d'automne explosent littéralement sous le soleil présent. Je n'en finis pas de m'arrêter pour respirer, observer et prendre des photos. Au détour d'un virage, je tombe sur le village de Cantobre.
Quelle claque!
Accroché à son éperon rocheux, sa silhouette se découpe sur le ciel,
comme suspendu dans le vide. Ce village médiéval, témoin du passé
templier, semble perdu au milieu d’une terre encore
sauvage et aride, où se faufilent une centaine de mètres plus bas, la
Dourbie et le Trévezel.
Cantobre |
Je poursuis jusqu'à La-Roque-Sainte-Marguerite. Il doit se passer quelque chose. Le nombre de voitures en stationnement est énorme. Les piétons envahissent la route. Un sens de circulation est même bloqué, en fait. Par chance, c'est le sens inverse du mien. Coup de bol... Toujours est-il que j'avance au pas, car de nombreux chauffeurs cherchent à se garer.
Cela se reproduit dans quasiment tous les villages que je traverse ensuite jusqu'à Millau. Mais qu'est-ce qui se passe en Aveyron ce 24 octobre ?
Viaduc de Millau depuis le village de Peyre |
J'ai la réponse vers midi trente à Saint-Rome-de-Tarn. Je cherche où déjeuner depuis quelques minutes. Le patron de l'auberge de Saint-Rome ne veut pas de moi. Plus de place me dit-il... C'est complet m'sieur. Vous comprenez, c'est le festival des templiers. Il y a plus de 10 000 visiteurs en Aveyron entre le 21 et le 24 octobre.
Et dehors ? C'est vide, puis-je ? Pas possible, pas le personnel pour servir.
Et sur le bar ? Non plus.
Renseignements pris sur Internet, ce festival des templiers est un trail. Alors quoi ? Ils ne vont pas tous au resto les coureurs... Je reste sur la même impression que le meeting aérien de Saint-Jean-de-Luz évoqué au début de ce billet.
Fort heureusement, j'ai, avec moi, une boite de cassoulet au confit d'oie et mon réchaud. Le temps de faire quelques kilomètres, je trouve l'endroit adéquat: belle vue sur le Tarn en contre-bas, une table et de quoi m'asseoir. Je chauffe ma pitance et déjeune.
Bon!! Il y a bien quelques chasseurs, des aboiements et des coups de feux autour de moi.
Brousse le Château |
Quarante-cinq minutes plus tard, je suis toujours vivant. Je repars en longeant maintenant le Tarn. Passé Brousse-le-Château, je remonte légèrement vers Requista pour quitter l'Aveyron et entrer dans le département du Tarn. Là aussi, les couleurs automnales sont bien installées. Quelle merveille!
L'après midi se déroule tranquillement jusqu'à l'autoroute que je prends à Albi. J'arrive au terme de cette grande boucle de 775 kilomètres. Me voilà ressourcé pour quelques jours. Un bien joli week-end automnal, ma foi !!
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