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Mon épisode cévenol

La littérature nous dit que les épisodes cévenols se produisent principalement en début d'automne, quand la mer Méditerranée encore suffisamment chaude pour que l'eau s'évapore et qu'un centre dépressionnaire se trouve sur le proche Atlantique. Un courant de sud s'installe alors (les vents tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre autour des dépressions) et de grandes masses d'air humide remontent de la mer Méditerranée et rencontrent, sur leur chemin, les montagnes des Cévennes plus froides. Il en résulte des phénomènes de condensation et une grande instabilité du fait des différences de température. Toutes les conditions sont alors réunies pour que des pluies torrentielles se produisent, en particulier sur le relief des Cévennes, mais aussi sur le piémont. 
 
Bref ! C'est la «cata» en général comme le 20 septembre dernier… «Mon»  épisode cévenol ne devrait pas être cela. Il devrait se contenter d'un peu de pluie, d'un peu de froid. Il devrait surtout y avoir une explosion des odeurs de sous-bois, de châtaignes, de champignons. La végétation devrait avoir revêtu ses couleurs automnales dans un torrent de nuance d'ocre. 
 
 
 
Mais çà, c'est mon espoir à ce stade. J'y reviendrai dans quelques lignes...
 

 
Itinéraire suivi :
 
Aller en rouge - Retour en bleu
 
 

A défaut (fort heureusement d’ailleurs) de parler d’un véritable épisode cévenol parlons plutôt de mon week-end dans les Cévennes. Il démarre ce samedi 10 octobre à 8h00 pétante. Une fine pluie accueille le tour de clef faisant rugir ma moto. Elle est prête. Moi aussi. Je dois d’abord rejoindre mes équipiers. 

 


Je passe acheter quelques croissants et chocolatines. A 9h00 je suis chez eux. Thierry et Patricia m'accompagnent. Un pilote, sa K1600 GT et son sac de sable, comme on dit dans les milieux autorisés.
 
Nous prenons d’abord la direction de Castres par de belles départementales. La traversée de la montagne noire est évidemment humide et fraîche. Les chasseurs/cueilleurs de notre époque sont bien en place. La forêt respire les cèpes. Les routes sont envahies des bogues de châtaignes. Je n'entends pas les cochons sauvages (Quoi que!! En tendant bien l'oreille...). Les nombreuses battues croisées sont le signe de leurs présences, sans doute malheureuses pour quelques spécimens.
 



 
La pluie s'arrête à l'entrée du département de l'Hérault. La végétation change. La symphonie que nous suivions depuis Castres élaborée à partir du Sidobre et des denses forêts laisse place à une mélodie emprunte de légèreté. Elle mélange douceur ensoleillée et garrigue. Elle est aussi plus minérale. Les causses apparaissent doucement. Nous passons La-Salvetat-sur-Agout. Trente minutes plus tard,  le questionnement de l'endroit pour déjeuner arrive naturellement. Nous sommes justes après Fraisse-sur-Agout. Patricia connaît une bonne adresse à Olargues. Un coup de fil plus tard, la table pour trois est confirmée. Olargues impose un déroutement. Qu'a cela ne tienne, l'itinéraire envisagé ne résiste pas à l’opportunité d'une bonne table. Qui plus est, sûr d'être disponible en ces temps de Covid. Il nous faut une demi-heure pour rejoindre le village. Nous passons le col de Fontfroide et la merveilleuse descente de la D14. 
 

 
 
Vue panoramique de Fontfroide

Les fleurs d'Olargues nous reçoivent comme prévu (voir les coins du Babaz). La terrasse, superbe, fait face au village accroché à la colline. Le soleil est présent. Vingt-et-un petits degrés nous réchauffent depuis quelques dizaines de minutes... Alors, on profite du moment, du délicieux repas, et de tout ce qui va avec une journée et un instant pareils... 
 


 
Notre cible du jour est encore loin. Pour rejoindre l'itinéraire initial, une route rapide pour Lodève s'impose. Thierry s'en occupe. Il passe devant avec son GPS. A Lodève, je reprends la tête avec le circuit prévu. La longueur de la pause méridienne implique de raccourcir, légèrement, notre route. Nous sommes au-dessus de Navacelles, au «belvédère de la Baume»  vers 16h00. J'en avais entendu parler. Je l'avais vu en photo. J'étais passé tout prêt en rentrant de mon voyage à l'Est. Cette fois, j'y suis: Le cirque de Navacelles, spectacle s'il en est grandiose, s'ouvre devant nous.
 
 



 
Une bonne demi-heure après s'être empli les yeux, nous descendons jusqu'au village situé à l'intérieur du cirque. Nous garons les motos et flânons dans Navacelles, plutôt désert à cette époque de l'année. Nous pensions trouver un bar pour nous réchauffer, car malgré le soleil, le vent est glacial. C'est un échec dans cette première partie du village. Seule une chambre d'hôte semble ouverte.
 

 

 
 
 
Revenus au parking, nous poussons, toujours à pied, vers la rivière et la deuxième partie du village - En fait, pour être tout à fait honnête, nous découvrirons qu'il s'agit de la deuxième partie du village uniquement lorsque nous remonterons par l'autre versant. Pour le moment, nous pensons qu'il s'agit juste d'un bâtiment. La végétation nous cache les autres maisons - Cette fois, la recherche est couronnée de succès. Un bar/hôtel/restaurant est ouvert. Sa terrasse sous la glycine nous accueille, qui plus est, à l'abri du vent. 
 
L'endroit est superbe. C'est indéniable. Mais pour rien au monde, je ne voudrais passer, ne serait-ce qu'une nuit dans un endroit aussi clos. Ces parois rocheuses, abruptes, encerclant le village, me donnent une terrible sensation d'enfermement. Quelque chose comme si j'étais pris dans un piège... S'il pleuvait, ce serait encore pire.


 
 
 
Nous remontons par l'autre versant. La vue est tout aussi majestueuse et vertigineuse. Nous nous attardons, un peu, au dernier point de vue, le «Travers de Navacelles». C'est là que nous découvrons les deux parties du village évoquées quelques lignes plus haut. 
 
Nous partons rejoindre le département du Gard, les Cévennes et notre étape pour la nuit. L'auberge de Cocagne à Aveze (voir les coins du Babaz). Il est 18h passées de quelques minutes. Le temps de prendre une douche nous nous retrouvons au pied de l'hotel pour faire un rapide tour du village. Pour la première fois de ma vie, j'ai oublié de prendre des chaussures pour l'étape. Me voilà affublé de bottes de moto en guise d’escarpins pour la soirée. Quelle allure!!
 
 

 
 
Dimanche 12 octobre : Nous mettons les moteurs en marche à 10h00. Pas mal de kilomètres sont prévus aujourd'hui. Je me demande si nous allons pouvoir faire ce que j'ai imaginé. La température est très fraîche à l'altitude où nous sommes : 10 degrés pour le moment. Plus haut, ce sera certainement pire. L'équipement de Patricia me laisse perplexe... Et m'inquiète un peu. Pour le moment, je ne dis rien. Les prévisions météo sont bonnes et le soleil est annoncé pour, au moins, les 3 heures suivantes. 
 
La découverte des Cévennes nous amène au pied du Mont-Aigoual : à la station de l'Espérou.  Pour y arriver, nous montons par la D48. Le spectacle, tout au long de la route, est superbe. Thierry et Patricia sont, comme hier, ravis.
 
 
La température chute de plus en plus. Lors de notre dernier arrêt photo le thermomètre affiche zéro degré. Patricia a de plus en plus froid. Le vent, assez fort, y contribue. La selle chauffante de la GT de Thierry, bien que réglée au maximum de la puissance calorifique,  ne suffit pas. Les expressions de son visage sont sans équivoque, même si elle continue de sourire, un peu.  Elle a des gants d'été, donc aérés, cela n'aide pas. Je lui prête une paire de gants mi-saison. Ca ira mieux, mais cela ne va pas tout faire non plus. 
 
Au passage de l'Espérou, la route à gauche va au Mont Aigoual, celle de droite le contourne et descend en Lozère vers la Barre des Cévennes avant d'y revenir. C'est celle de l'itinéraire que j'ai préparé. Celle de gauche est, normalement, la suivante de mon trajet quand nous repartons vers Millau et Toulouse après notre passage au sommet. Compte tenu de l'état de Patricia, je sais qu'on va oublier le Mont Aigoual pour aujourd'hui. Nous ne repasserons pas ici tout à l'heure. Je vais devoir trouver une autre route. La prochaine heure doit me permettre d'y réfléchir. La descente vers la Lozère commence. 
 
Point de vue de l'observatoire du mouflon
 
En bas, la température redevient supportable pour Patricia. Pour Thierry et moi aussi bien sûr, même si nous ne souffrons pas du froid. A Valleraugue, nous bifurquons sur la D10 et longeons la rivière "Le Clarou". Les ponts de pierre sont quasiment tous amputés d'une arche, d'un pilier, du tablier, voir tout à la fois... Ils sont tous détruits ou fragilisés. Les arbres, au bord de la rive, sont couchés, déracinés. Les débris ont, par contre, déjà été en grande partie déblayés. L'épisode cévenol du 20 septembre dernier à fait de considérables dégâts. Pour autant, cette route offre d'admirables paysages bucoliques et champêtres. Notre allure est plutôt faible. La route est très étroite et par endroit totalement défoncée par les inondations récentes.
 
 
Près de la chambre d'hôtes du Clarou
 
Notre contournement de l'Aigoual longe le ruisseau de Borgne. Il remonte légèrement jusqu'au col du Pas (ou col des Traverses) où s'érige un monument dédié à la résistance du maquis de l'Aigoual et des Cévennes. Nous stoppons quelques instants et profitons du panorama. Ensuite, la D193 nous amène au village des Plantiers. Ici aussi, l'état des ponts et des berges, ne laisse planer aucun doute sur la furie de la crue passée. Le ruisseau qui coule devant nous, aujourd'hui, devait être un torrent énorme... Les stigmates de la hauteur d'eau sont visibles presque cinq mètres au-dessus du niveau actuel.
 
Panorama du col des Traverses
 
Monument à la gloire des résistants du maquis de l'Aigoual

 
 
Village Les Plantiers
 
Il est midi. Nous partons sur la D9 et la Corniche des Cévennes, entre Gard et Lozère. A midi trente nous sommes au village de "St Roman De Tousque". Le restaurant "La Patache" nous tend les bras. Satané Covid!! Plus de places possibles. Tout est déjà réservé. Un rapide coup d’œil sur Internet et quelques appels infructueux nous confirme que ça va être compliqué pour déjeuner. Nous sommes en plein désert gastronomique... 
 
Hors de question de prendre de toutes petites routes si on veut trouver quelque chose. Notre allure a été très très lente. Le kilométrage effectué depuis 10h ce matin totalise, à peine, 130 km. Pour trouver de quoi déjeuner, nous partons vers Florac la seule ville, un peu conséquente, dans le coin. Cela allonge considérablement le temps de route du retour. 
 
Nous y sommes à 13h30. Trois restaurants semblent ouverts. Avec l'un d'eux, Thierry négocie une table en deuxième service à 14h. Cet endroit, ce jour-là, est le rendez-vous de tous les motards de la région. Patricia est gelée. La pause lui permet de se réparer un peu. Notre repas est délicieux (voir les coins du Babaz). La viande d'Aubrac fait son effet et nous ragaillardis. Il est 15 heures quand nous sortons. 
 
280 km sont à faire. La météo est de plus en plus mauvaise. Nous décidons de faire route par les axes les plus rapides. Le retour est glacial, venteux et humide. Nous rencontrons, parfois, de fortes averses. Nous sommes Dimanche après-midi et, en France, plus aucun bar n'est ouvert. Patricia ne peut donc pas se réchauffer. C'est de plus en plus dur pour elle. Miracle, à 17h00, nous trouvons une grande boulangerie servant des boissons chaudes. Elle revit, un peu. 
 
Pour moi, la balade se termine à 19h15 lorsque je range ma moto. Je suis ravi de ce week-end. Il a été à la hauteur de mes espérances sur le plan de l'odorat, de la vision, des sensations et des émotions. Depuis, je sais que Patricia a pris un bain chaud et un repas au coin du feu... Je crois que malgré tout, elle a apprécié son épisode Cévenol.
 

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