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Le projet Perse - Yazd, la fille du désert (5)

Samedi 19 octobre: Bingo!! Le réseau fonctionne. Nous avons un taxi pour Yazd à un prix correct. Départ ce matin, à 9h00, pour 4 heures de route environ. Yazd, fut désignée par Marco Polo comme étant « la noble cité ». Ses murs se dressent au milieu d’un océan de sable. Bordée par le Dasht-e Kavir au nord et le Kavir-e Lut à l’est, c'est une ville-oasis au milieu du désert. Des maisons de pisé d’un ou deux étages seulement. Un remarquable système naturel de ventilation (badgirs ou tours du vent), témoigne de l’ingéniosité des gens de la région. Ce savoir-faire et cette beauté sont récompensés par l'inscription du centre historique de Yazd au patrimoine mondial de l'humanité par l’Unesco.

Yazd - Fresque de Tristan Ra au Friendly hostel à Yazd


Itinéraire:


Hier, Natacha a passé une soirée, excellente, sur le pont Kadjou. De mon côté, j’ai très bien dormi... Après qu’elle soit rentrée... Au moment de son départ, comme elle avait demandée à ce qu’on vienne la chercher et qu’on la ramène en voiture, je serais bien allé m’entretenir avec ces jeunes hommes, histoire de passer un message simple, mais avec une certaine pression... Natacha me l’ayant interdit, j’ai pu travailler mon lâcher-prise...

Nous quittons Ispahan par une voie rapide immense. Nous sommes aux portes du désert. Très vite, la végétation laisse place à des étendues de sables. Le relief à gauche et à droite se dessine à l’horizon. D’immenses montagnes nous encadrent. 

Route entre Ispahan et Yazd

Nous arrivons à Yazd à 13h. Suite à ma rencontre avec Tristan Ra, il y a quelques mois à Carla Bayle, il m’a conseillé le Guest House où nous venons d’arriver: le Friendly Hostel. Sa fresque trône en bonne place dans le lieu de vie.

Friendly Hostel 

En fin d’après-midi, à la tombée du jour ici, nous partons découvrir cette ville. Qu’il est agréable de se perdre dans ce dédale de rues et ruelles encadrées par ces maisons en terre et paille. L’ensemble regorge de petits hostels, de cafés, de restaurants. Très vite, nous comprenons aussi que la vie reprend (comme partout en Iran d’ailleurs) après la disparition du soleil. Mais, c’est sur les toits qu’elle se manifeste le plus. Chaque endroit a son « roof top ». Les croquis de la peinture de Tristan ont d’ailleurs été réalisés depuis l’un d’eux. 

Art house café 

Roof top de Yazd
Depuis le début de ce voyage, nous trouvons que la vie est très douce et agréable malgré la dureté de l’embargo qui a repris. Cet embargo frappe de plein fouet le peuple vis-à-vis de l’activité économique (plus d’importations, inflation, etc...). Les gens restent incroyablement gentils, courtois et accueillants. A Yazd, la vie est, en plus, paisible. Prendre un verre, dîner sur ces toits, discuter avec ces Iraniennes ou Iraniens, procurent un bien-être incroyable.

Dimanche 20 octobre : la journée est réservée pour visiter les environs. Nous avons trouvé un guide hier après midi. Majid nous récupère à 8h30. Dès la sortie de la ville, nous sommes dans l’ambiance. Nous prenons la direction de Kharanagh.

Route pour Kharanagh 


Au loin Kharanagh

Kharanagh se situe à 70 km au Nord-est de Yazd. Nous visitons l’ancien village inhabité depuis 25 ans. Pour nous y rendre et avoir un meilleur point de vue, Majid emprunte une piste. Celle-ci nous amène, après quelques soubresauts, près d’un pont datant du XIVieme siècle. Et, d’un coup, la vue s’ouvre sur ce magnifique lieu.





Kharanagh 

Nous en avons plein la vue. Quelques minutes plus tard, nous nous rendons à l’intérieur du village, passons les différentes arches, visitons l’intérieur des maisons et profitons de la lumière magnifique et de cet environnement montagneux. 



Maintenant, nous allons à Chak-Chak. Principal lieu de pèlerinage des zoroastriens, nous allons voir le sanctuaire de Pir-E- Sabz. Le village est accroché à la montagne. Il nous faut grimper à pied. Le pèlerinage à lieu tous les ans entre les 14 et 18 juin. Il reste 10 000 zoroastriens en Iran dont 2500 à Yazd. Au sommet, se trouve le dernier temple encore entretenu et en activité en Iran. Le nom du village provient d’un phénomène incroyable. 

Chak-Chak

Intérieur du temple


Le temple est construit à flanc de montagne. Lorsqu’il y a de l’humidité, l’eau ruisselle sur la roche. L’eau tombe sur le carrelage du temple. Pour la recueillir, les gens mettent une ou plusieurs bassines. Les gouttes, en tombant, émettent un bruit régulier : chak, chak, chak, chak. Le temple ayant été construit bien avant le village, il ne pouvait avoir un autre nom.

Il est presque midi. Majid nous a prévu une pastèque pour nous rafraîchir et nous hydrater. Moi, qui habituellement n’aime pas particulièrement ce fruit, je m’en délecte tellement j’ai eu chaud en faisant cette grimpette. 

Nous terminons notre tour par la visite de Meybod. Nous allons y voir les tours du silence zoroastrienne, le caravansérail et l’endroit où était stocké la glace récoltée durant l’hiver jusqu’au début de l’été. Nous passons aussi par un pigeonnier entièrement restauré. Ce n’est pas tant pour les manger, qu’ils les élevaient, mais plus pour le « guano » qui permet de fertiliser leurs terres.  Le final du tour a lieu au château de Meybod.

Pigeonnier



Forteresse de Meybod

Pour le repas du soir, nous trouvons un nouveau restaurant en toiture. Comme j’en ai assez de manger soit du riz, soit la galette qui sert de pain, je prends un plat rappelant nos contrées. Pour autant, deux ingrédients sont spécifiques à l’Iran (il n’est pas impossible que les pays du golfe persique les réalisent aussi). De quoi s’agit-il ? Regardez la photo juste en dessous, les plats concernés sont ceux du bas. A vous de me le dire en commentaire sur l’article.


Lundi 21 octobre : Ce matin nous rencontrons un petit groupe de quatre français avec qui nous partageons nos impressions. Ils ont le même sentiment que nous. Un pays incroyable avec des gens charmants et d’une gentillesse extrême. Depuis notre arrivée, nous avons rencontrés des voyageurs venant d’Allemagne, d’Angleterre, de Hollande, de Roumanie, de Russie, d’Espagne, de Chine, d’Equateur, d’Australie. Nous avons, également, croisés des groupes assez volumineux de plusieurs de ces pays, en essayant de les éviter. Les tranches d’âges, pour les voyageurs individuels, sont assez larges. La plus représentée est celle des 30-40 ans. Nous avons aussi croisé des familles entières avec de jeunes enfants. 

Il y a une chose dont je voulais parler depuis un moment, mais j’attendais d’avoir l’explication. En Farsi (la langue perse), notre « merci » se dit « merci »  (prononcé merrrrci). Depuis notre arrivée, cela nous étonne. J’ai l’explication depuis quelques jours. Après la révolution de 1978 ou 1979, Khomeini a décidé qu’il fallait remercier la France pour l’avoir accueilli durant son exil. Pour se faire, il a donc fait en sorte que le remerciement soit le même mot que le notre. Par ailleurs, la langue française et le farsi sont étroitement liés depuis plusieurs siècles puisqu’elles font partie des langues indo-européenne. Plus généralement, je vous renvoie à ces deux excellents articles sur l’Iran, son histoire et sa langue(voir ici et ).

Aujourd’hui, nous allons profiter d’une visite de la ville organisée par les hôtels autour de nous. Natacha tient particulièrement à avoir les explications qui vont avec la rencontre des lieux et l’histoire qui les concerne. Deux heures de déambulation accompagnée, dans Yazd. C’est l’occasion de comprendre le système d’irrigation et d’alimentation en eau de la ville. L’eau vient de la montagne, et 45 km de canaux l’acheminent vers la ville où elle est stockée dans d’immense réservoir souterrains. On nous explique le fonctionnement des tours du vent (les « bagdir »), sorte de climatisation naturelle. Quelques éléments sur la transformation des temples zoroastriens en mosquées sont abordés ainsi que les différences de cultes entre sunnites et chiites. 






Après cela, nous continuons de notre côté. Nous passons par la place de la mosquée Jameh, poursuivons dans le bazar, arpentons les ruelles de la vielle ville avant de basculer dans la ville plus récente. Nous nous posons quelques minutes sur un banc, histoire de choper quelques portraits. Puis nous allons déjeuner.












Nous avons nos tickets de bus pour demain. La journée commencera tôt. 8 heures de transport pour aller encore plus au sud. 

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