Nous partons pour la visite de la ville. Le besoin de marcher est le plus grand après ces 8 heures de bus d’hier. Notre guest house se situe au centre du parcours. Nous démarrons par le mausolée du poète Hafez. Le prix de l’entrée est nettement plus élevé que les tarifs habituels. Ce jardin parfumé, entre orangers et roseraies, permet de se promener au milieu des fusains et des sarv, les cyprès de Chiraz. Les Iraniens viennent ici se recueillir sur le tombeau de l’un des plus grands poètes Persans: Hafez (1324-1389). Il y a déjà du monde alors qu’il n’est que 9h15. Ils effleurent religieusement sa pierre tombale de la main en récitant un verset du Coran. Le respect de l’ensemble d’un peuple pour cet homme de lettres est immense. Un rituel existe : debout, les yeux clos devant la pierre tombale, ils émettent un vœu en disant : Hafez, aide-moi à savoir. Ils ouvrent l’un de ses livres au hasard et s’imprègnent du premier vers trouvé. Originaire de Chiraz, Hafez est, en effet, considéré comme le maître du ghazal (poème d’amour). Le diwan, son œuvre monumentale, constitue d’ailleurs après le Coran, le second livre sacré en Iran. Chaque famille, quelle que soit sa condition, en possède un exemplaire. Tristan m’en ayant longuement parlé, je m’efforce de le réaliser dans les mêmes conditions. Je vous laisse, la connexion avec Murielle est établie...
Connexion terminée. Je reviens. Nous déambulons dans ce lieu particulier quelques dizaines de minutes afin de profiter de son ambiance si particulière. Nous allons maintenant vers le jardin d’Eram (« Jardin du Paradis »). Les portes s’ouvrent sur un joli jardin botanique, aux bosquets de roses et d’églantines encadrés d’orangers, aux allées bordées de majestueux palmiers et de hauts cyprès d’Orient. A l’époque du dernier shah d’Iran, le palais abritait les Pahlavis lors de leur passage à Chiraz. Le pavement de l’allée centrale est décoré de quelques carreaux de carrelage anciens de toute beauté. Alors, certes il est joli, mais il ne vaut pas le jardin « fin » de Kashan.
Nous poursuivons vers la porte du Coran afin d’aller au plus loin du centre de notre balade pédestre. La première porte fut édifiée au Xe siècle. Elle a été reconstruite au XVIIIe siècle puis restaurée récemment. Au-dessus il y a un jardin suspendu. Plusieurs terrasses le composent. Nous voyons une cascade descendant de la montagne. Cette cascade est, malheureusement, artificielle. Nous l’apprenons à l’entrée du jardin par un panneau l’indiquant. Cela nous refroidit pour payer l’entrée et nous renonçons.
Il nous faut maintenant revenir sur nos pas afin de rejoindre le mausolée de Shah Cheragh. Il date du milieu du XIVe siècle. C’est l’un des sites de pèlerinage les plus célèbres de la ville. Il abrite les reliques du frère de l’Imam Reza, Seyyed Mir Ahmad, mort à Chiraz en 835. A l’intérieur, les grandes salles sont couvertes de milliers d’éclats de miroir avec une coupole décorée de motifs en nid d’abeilles. Il y a beaucoup de monde. L’entrée est libre. C’est toutefois un peu complexe pour y entrer. Il faut déposer les sacs dans une consigne. Les occidentaux non-musulmans doivent attendre un guide. L’entrée se fait selon le genre, car fouille au corps obligatoire. Notre guide, pour la première fois, une femme, accompagne Natacha. On se retrouve de l’autre côté dans la cour intérieure.
Il est temps d’aller déjeuner. Nous avons parcouru 15 km, notre moyenne habituelle hors des journées réservée au déplacement.. Nous rejoignons une petite place abritée du bruit environnant en passant à travers le bazar du Vakil. Pas moins de quatre grands bazars couverts sous des voûtes de brique sont regroupés. Il a été construit sous Karim Khan Zand et il est conçu de façon à faire de Chiraz l’un des grands centres commerciaux du pays. Considéré comme l’un des plus beaux, il est célèbre pour ses tapis, ses tissus nomades et ses épices. Des panneaux indicateurs permettent de s’y retrouver aisément. Nous déjeunons de pâtes délicieuses.
Shiraz ne nous fait pas un grand effet. L’ambiance ne nous convient pas, pour des raisons différentes. Pour moi, il y a trop de pression touristique. Pour Natacha, c’est un peu différent. Personne ne lui parle en direct, c’est un peu lourd et gonflant. Nous décidons de partir demain pour Persepolis et de retourner à Ispahan avec une voiture privée. Nous passons l’après-midi à rechercher un guide pouvant réaliser notre demande. Notre hôte nous aide dans les démarches de recherche. Au milieu de l’après-midi c’est chose faite. Vers 18h00, nous flânons dans le bazar et prenons notre dernier dîner à Shiraz. Pour la première fois, nous voyons un poète déclamé ses textes sur une place publique.
Jeudi 24 octobre: Notre guide nous récupère à 8h30. Sa voiture est particulièrement confortable, pour une fois. Nous partons pour visiter Persepolis, à 60 km de Shiraz. Persépolis est le site historique le plus connu et donc le plus visité du pays. Les vestiges de cette ville témoignent d'un pan majeur de l'histoire de la civilisation perse. Nous sommes avec Darius 1er (522-486 avant JC.). Cette ville devient la Capitale d’apparat du roi Darius. Il n’y séjourne qu’une quinzaine de jour par an, en été. Persepolis sert à entreposer les richesses collectées sous forme de taxes et impôts divers auprès de tout les peuples dépendant de Darius (de l’Ukraine actuel à la Turquie). Les scribes consignent les dépôts avant d’entreposer le tout dans les salles de la Trésorerie. Les métaux précieux y sont fondus et versés dans des jarres de terre. C’est là qu’entre en jeu un dénommé « Alexandre » dit « le grand »... Pour venger le sac d’Athènes par Xerxès, il incendie la ville. Persépolis et ses merveilles se consument alors dans un immense brasier. En une heure, cet incendie balaye 80 ans de travaux. Seuls les éléments en pierre résistent. C’est ce qu’on voit aujourd’hui plus ce qui est entreposé dans les musées de Paris et de New-York suite aux travaux des Français et des Américains en 1931.
Je dois dire que je craignais un peu de m’ennuyer avec cette visite d’un tas de pierre... C’est tout autre. Notre guide est particulièrement érudit. Il est détenteur d’un diplôme universitaire en histoire de l’Iran. Il agrémente la visite par tout un tas d’éléments complémentaires visuels permettant d’appréhender le sujet. En fait, c’est passionnant à suivre.
Après 2h30 de visite, nous partons vers le site de NAQSH-E ROSTAMB a 6 km à peine. Ce site abrite les plus anciennes sépultures achéménides. C’est ici que sont creusés dans les falaises, les tombeaux de Darius et de trois de ses successeurs. Le nom du site se réfère à Rostam, héros légendaire de la Perse antique. Naqsh-e Rostam compte aujourd’hui quatre caveaux antiques taillés par les Achéménides en forme de croix, à mi-hauteur dans la falaise, et dominant cinq superbes bas-reliefs sassanides réalisés un millénaire plus tard.
Il est presque 14h00. La route vers Ispahan nous attend. Nous traversons de larges montagnes. On se rend, d’ailleurs, compte de l’altitude de la route lorsqu’on sort de la voiture pour un arrêt carburant. La fraîcheur est bien présente. Nous sommes à environ 2000 m d’altitude. A 18h30 nous arrivons, heureux de retrouver cette délicieuse ambiance et les sourires accueillants.
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