Le Blog

Au coeur de la forêt Landaise

Dernier week-end de février. Je ne suis pas parti, plus d’une journée, depuis plus de quatre mois maintenant. Comment trouver un endroit où tu dors, et surtout où tu dînes, sans avoir à faire la cuisine? Ben! Ce n'est vraiment pas si simple dans le contexte actuel. Je ne suis, encore, pas autorisé à aller en altitude (voir cet article). En conséquence, ma recherche, forcément, se limite… Après plusieurs tentatives infructueuses, je trouve la perle rare. Une chambre faisant table d’hôte au coeur de la forêt Landaise.
 
 
Quelques jours avant le 27 février, j'informe le groupe "WhatsApp" de mes collègues de mon départ en week-end. Mon ami Thierry, le propriétaire de la K1600 vu en ma compagnie dans d'autres articles, appartient aussi à ce groupe. Je reçois un message sibyllin, mais clair, de sa part: 
 
"- Si ça ne t'ennuie pas, je vais assurer ta sécurité... 😊❗
- C'est quoi l'hôtel du samedi soir ? 
- Le circuit gpx ? " 
 
Que puis-je répondre ? 
 
Itinéraire suivi: 

En rouge, le trajet aller. En bleu, le trajet retour. 
 
 
Je donne le site internet de la chambre d'hôte. J'envoie les fichiers de l'itinéraire. Je donne rendez-vous, chez moi, le samedi 27 février, pour un départ à 8h30. Par chance, une chambre est encore disponible. J'ai donc un compagnon de virée pour ce week-end landais. Compte tenu de mon contexte médical, mon épouse est ravie que je ne sois pas seul. 
 
Samedi 27 février - 8h30: C'est l'heure. J'ai fait le plein de carburant quelques minutes avant l'arrivée de Thierry. Direction Nord-Ouest vers Cadours. Nous trouvons un bistrot, abrité dans la forêt, peu avant Lévignac : «Le Bouconnois». L'endroit idéal (et ouvert... Très, très ouvert!) pour le thé et les chocolatines apportés par mon pote.
 
Bistrot "Le Bouconnois" 
 
La température de cinq degrés finit de nous réveiller. Cadours, derrière nous, nous nous dirigeons vers Lectoure. Les villages gersois sont déserts. Le soleil grimpe sur l’horizon. Il illumine la nature et l'environnement. Comme à l’accoutumée, avec mes itinéraires, nous évitons les routes principales afin de profiter pleinement du calme champêtre. Le Gers a une particularité.  Il offre de superbes villages au détour de routes sinueuses et étroites, quelle que soit la saison. Le Causé, que nous traversons à l’instant, nous offre sa place centrale, quelques arcades et des maisons à colombage. Certes, il n'est pas aussi «claquant» qu’un «Fourcès», un «Larresingle», un «Lavardens», un «Montreal-du-Gers» ou même un «Sarrant» que j’adore. On peut dire, sans hésiter, que ces cinq là… C’est le «Big Five» du Gers. Ces petits villages perdus font leur effet «WAOUH!!» quand tu découvres, au détour d’une route, d’un virage ou d’un pâté de maison, leurs placettes, leurs églises, leurs vieux murs.  
 
Place du village Le Causé
 
C’est au tour d’Estramiac de nous faire cet effet. Nous tombons, littéralement, sur l’église "Notre Dame de l’Assomption". En cherchant quelques informations sur les villages cités précédemment, j’en découvre un nouveau qu’il faudra que j’aille voir : La Romieu. Oui! Le Pays Gascon, outre sa nature, le foie gras et ses Armagnacs, qu’il soit «Bas, Haut ou Ténarèze» a bien d’autres trésors à offrir. 
 
Notre dame de l'Assomption à Estramiac
 
Lectoure est en vue. Nous bifurquons de la D23 sur la N21. Nous avons besoin d'une escale dite technique. Sur la droite, une aire d'arrêt nous en donne la possibilité. Elle nous offre également un joli panorama sur le Lectourois. La flèche de la cathédrale «Saint Gervais-Saint Protais» se détache parfaitement sur l'horizon azur. 
 
Au fond sur la droite Lectoure
 
Nous arrivons à Castéra-Lectourois. 
Ce petit village est considéré comme une réplique, en modèle réduit, de Lectoure. Les informations du site Internet de la mairie nous apprennent :
«Ayant la même structuration que Lectoure, le village offre une rue centrale délimitant deux îlots de constructions, des remparts épousant les contours de la corniche calcaire, ainsi que deux châteaux (un à chaque extrémité) dont il ne reste, aujourd'hui que quelques vestiges. Le terme de "Castéra" est une variante de "Castelnau" liée à son rôle de défense avancée du château des comtes d’Armagnac.» 
 
Le soleil matinal magnifie l’église et son environnement. La petite route faisant le tour du village, comme un chemin de ronde, offre, depuis le cimetière, un superbe panorama sur la frontière des départements du Gers et du Lot-et-Garonne. Cette église, dont la restauration s'est terminée en 2016, est maintenant réouverte au public et au culte.
 
Castéra Lectourois
 
Au loin, frontière du Gers et du Lot-et-Garonne
 
Voyez les photos du site officiel du tourisme dans le Gers. Elles sont superbes et donnent une bonne vision de la splendeur de Castéra-Lectourois. Nous traversons le Lot-et-Garonne en longeant sa limite avec le département des Landes. Pour le moment, nous avons en point de mire Bazas, en Gironde. Nous changeons de département à Lartigue. Arrivés à Bazas, nous bifurquons vers Uzeste et tombons, avec surprise, sur le château de Villandraut. Ce château est connu pour être le château du pape Clément, terre natale de Clément de Goth qui devint, en 1305, le premier pape en Avignon. La construction du château de Villandraut démarre en 1307 et s'achève en 1314. Juste sept années!! Incroyable, pour le moyen-âge... Plus d'informations ici.  
 
Château de Villandraut 
 
C'est bientôt l'heure du déjeuner, nous voilà vigilant pour trouver un endroit adéquat. Depuis le milieu de la matinée, nous croisons de nombreux groupes, de taille plus ou moins importantes, de chasseurs. Ils sont souvent à l'affût, en rang d'oignons, face à des pâtures, des prés, des champs ou des bois. Nous les voyons, donc, la plupart de temps de dos. Le groupe sur lequel nous tombons, au détour d'un virage, à l’instant, nous embarrasse un brin... En effet, ils sont une trentaine, non pas tournés vers la forêt, mais dirigés vers la route, armes au bras... Nous circulons à une allure réduite. Un léger malaise nous envahit... Je vois dans mon rétro, Thierry qui lâche son guidon, et lève les deux bras en l'air avec le sourire...  Je souris - Eux-aussi...
Ouf!! Nous passons sans encombre... 
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à Hostens où nous trouvons plusieurs lacs et des aires de pique-nique. Il est midi trente. Le soleil est au rendez-vous. C'est bien l'endroit parfaitement adéquat pour déjeuner. 
 
Lacs près d'Hostens
 
Nous sommes encore en Gironde, mais déjà dans le parc naturel des Landes de Gascogne. L'origine marécageuse des Landes nous apparaît clairement. Les abords des routes sont presque tous inondés. Les fossés débordent. Les sous-bois sont particulièrement humides et spongieux. L'impression de voir un tapis de miroir en sous-bois est surprenante. A croire que les plantations de pins maritimes, décrétées par Napoleon III pour assécher le marais, ne sont pas renouvellées. Dame nature reprend-elle possession du lieu ? Quitter la route serait une très mauvaise idée. 
 
L’autre moment privilégié de cette journée concerne les jaillissements de jaune et vert bordant les routes dans les jardins campagnards et urbains. Les fleurs exubérantes des mimosas sont épanouies. Ces jardins d’hiver font resplendir la campagne. C'est ravissant. Les nuances de jaune accompagnent les effluves enivrants pouvant parfois amener quelques éternuements. Un jour comme celui-ci, avec ce ciel bleu, avec ces petites boules rondes et jaunes, il est bien difficile de croire que nous sommes encore en février et en hiver… Ce mimosa nous offre un goût d’été avant l’heure. C’est délicieux. 
 
 
A Sanguinet, nous quittons la Gironde pour le département des Landes. Notre itinéraire prévoit de partir vers le bassin d'Arcachon pour redescendre par la dune du Pilat. Vu l'heure avancée, et comme nous aimons prendre notre temps, rouler tranquillement, nous supprimons cette boucle Arcachonaise pour pouvoir nous arrêter quand bon nous semble. Nous passerons plus de temps près du lac de Biscarosses. 
 
 
Celui-ci est particulièrement rempli. L'eau déborde partout. J'envisage de m'arrêter faire une photo. Mon regard part dans les sous-bois et revient sur la route. Soudain, je vois quelque chose à un mètre de ma roue avant. C’est trop tard. Je ne peux pas l’éviter. La moto fait quelques soubresauts en passant dessus. Le son, entendu, me laisse penser que cet objet est métallique. Fort heureusement, la moto ne bronche pas. Un instant, je crois que j’ai crevé, mais non. Tout va bien. Thierry me dit, un peu plus tard, que c’est, à priori, un morceau de bride d’échapement de voiture. Le pneu laisse apparaître une belle balafre. Bon, j’ai de la chance sur le coup, puisque je les change après cette virée landaise.
 
Lac de Biscarosse
 
 
Impossible de repartir vers l'intérieur des terres, sans nous arrêter un moment devant l'Atlantique. Nous partons donc vers l'océan. Biscarosse plage ne nous laisse pas un grand souvenir… Il faut dire que l’endroit ressemble plus à une terre abandonnée qu’à un village. Tout est fermé. C’est assez sinistre. De nombreuses portions de dunes sont fermées aux promeneurs en raison des risques d’effondrements. 
 
Biscarosse plage
 
Il est bientôt 15h30. Notre lieu de séjour est à 80 kilomètres. Passage à Parentis-en-Born, puis Lue, Labouheyre et Sabres où nous faisons le plein de carburant pour être sereins demain. Sabres, tiens! Justement, parlons-en... L’hôtel des pins, à Sabres, précédemment contacté, ne m' a jamais rappelé pour dire «oui ou non» concernant le service d’un repas en chambre. C’est dommage. Tombé par hasard sur cet établissement, quelques années auparavant, je l’avais trouvé superbe. Je m’étais promis d’y faire un séjour pour essayer le restaurant et l'hôtel. Je n’y mettrai donc jamais les pieds. 
Encore quelques kilomètres et nous arrivons à Arengosse, notre destination du jour. Nous avons 400 kilomètres dans les bras. Il est 17h00. C'est le moment de passer à la découverte de cette rencontre inattendue dans le contexte restrictif actuel. Nous sommes au Baccara Lodge (voir les coins du Babaz - visualiser Arengosse). 
 
Baccara Lodge
 
 
Audrey, la baroudeuse, et Micha, le carrossier de l'école hôtelière, nous reçoivent dans leur établissement, le Baccara Lodge. 

Le Baccara Lodge c'est une chambre d'hôte ET une table d'hôte. C'est assez surprenant de parler et de dîner avec des inconnus dans le contexte que nous connaissons depuis quatre mois. Nous sommes six à table avec les distances adéquates. Outre Audrey, Micha, Thierry et moi, Johanna et Julien sont arrivés de Capbreton. GinTO-Mojito préparés avec soin par Audrey pour l'apéritif. Nous passons la soirée à déguster les plats concoctés par nos hôtes, tout en discutant comme dans le monde d'avant... La sensation de bien-être est incommensurable. Audrey et Micha nous parlent de leurs rencontres, de l'aventure de leur établissement, des Landes... Thierry est déchaîné, le moulin à paroles tourne à plein régime pour le bonheur de tous, semble t'il. C'est un retour à la vie. Bref, vous avez compris ? Un gros, gros, gros coup de coeur pour l'endroit et surtout pour les gens : Audrey et Micha, sans oublier la boule de poil de 40 Kg : Bacchus. 
 
Le lendemain, à 8h00 je sors prendre l'air. Audrey est en cuisine, elle prépare le petit-déjeuner. Tout le reste de la maisonnée dort encore. Le soleil darde ses rayons sur le parc givré. Il fait 1 degré.  
 
 
A 9h00 nous sommes prêts. Direction plein Ouest, vers l'océan. La route d'accès à la plage du Contis est superbe. La végétation landaise est bien plus belle ici que dans les lieux traversés hier. J’ai envie de faire une photo un peu spéciale avec nos deux motos. Une photo permettant d’ouvrir mon futur article de blog. Quelque chose qui reflète l’immensité de cette forêt. Quelque chose qui fait que du premier coup d’oeil, on sait où on se trouve et ce qu’on y fait. Trouver l’endroit n’est pas chose aisée. En effet, vu le poids de nos engins, de l’état des chemins forestiers inondés, de nos pneus pas adaptés à la boue et, la moto de Thierry pas faite pour cela, je dois d’abord essayer et reconnaître le terrain avant de lui dire de venir me rejoindre. J’ai trouvé. 
 
 
 
L’océan Atlantique gronde aujourd'hui. Une légère brume voile l'horizon. Comme la veille à Biscarrosse Plage, tout est fermé bien sûr.  L'environnement est, toutefois, bien plus agréable à l'oeil. 
 
Contis Plage
 
 
Nous repartons par la route côtière.  Elle passe par Lit-et-Mixe. Cette bourgade de 1600 habitants semble accueillante. Les maisons landaises y sont superbes. L'endroit est surnommé "La grande Dame du Marensin". La commune naît de la fusion des paroisses de Lit et de Mixe en 1825. Entre la petite ville et l'océan ? 11300 hectares de forêt domaniale.  De quoi s'y perdre avec bonheur, à priori. 
 
Eglise Notre Dame de Lit (à Lit et Mixe)
 
Nous continuons la descente de la D652 qui borde la côte landaise. Nous passons Vielle-Saint-Girons puis Moliet-et-Maa. C'est le moment de bifurquer vers Leon et la réserve naturelle du courant d'Huchet. Le courant d'Huchet est un véritable cordon ombilical entre l'étang de Leon et l'océan Atlantique via la plage de Moliet. Nous n'avons, bien sûr, pas le temps de faire la balade à pied. Nous pouvons, juste, nous poser quelques instants près de l'étang de Leon. Quel calme! Quelle douceur! Nous adorons. 
 
 
 
Vers 11h00, nous remontons l'Adour et rentrons par les petites routes. Le ciel tire progressivement sur le gris. Les nuages plus ou moins nombreux s'installent. Il fait plus frais qu'hier. Nous déjeunons à Aire-sur-l'Adour au bord de la rivière en compagnie d'une foule innombrable venu également prendre l'air. Vers 13h30, nous prenons la direction du Gers juste à côté. Il reste 153 kilomètres à parcourir. Nous décidons de rentrer tranquillement par la N124 afin d'être chez nous avant 17h00. L'occasion d'une pause peu-après Saint-Jean-Poutge permet à Thierry de tester le comportement de sa K1600 hors bitume, mais sur sol stabilisé...
 
 
 
 
A 16h30, nous arrivons. 390 kilomètres pour aujourd'hui. Un joli week-end qui aura amené ma moto à 10174 km, à la fin de vie de ce premier jeu de pneus et à la prochaine révision. Je vais, enfin, lui faire chausser des pneus qui ressemblent à quelque chose... 

Logo carnet de voyage
Merci pour votre lecture. Des questions ? Envie de réagir ?
N'hésitez pas!! Votez sur le contenu de cet article et/ou commentez-le. Vous pouvez aussi le partager.
Via le système de vote et/ou la zone "commentaires" (juste un peu plus bas) ou via le formulaire de contact (page principale du blog).

1 commentaire:

  1. Toujours un plaisir de suivre ces balades...un peu d'évasion dans ce monde confiné ! Merci :)

    RépondreSupprimer

Carnet de voyages Designed by Sylvain BAZIN and inspired by Templateism | Blogger Templates Copyright © 2019